Crèche et école

Les stages d’été, poste à raboter dans un budget familial serré ?

Les stages d’été, poste à raboter dans un budget familial serré ?

Pendant l’été, l’extrascolaire se pare de nouvelles couleurs et fait la part belle aux camps, stages, plaines et autres séjours. Si l’offre des vacances d’été est sur les rails, qu’en est-il de la demande, notamment par rapport à la crise que nous traversons ?

La vie coûte de plus en plus cher, ce n’est un secret pour personne. Statbel, l’office belge de la statistique, objective en chiffres l’inflation : en ce mois de juin, par exemple, elle est estimée à près de 9%.
Prenons trois postes clés dans les dépenses des familles : l’alimentation, l’énergie et l’essence. Pour vous nourrir, vous payez 6,6% plus cher cette année que l’an dernier. Pour vous déplacer, c’est 31,7% de plus aussi à votre compteur. Sans surprise, l’énergie bat tous les records avec une augmentation de 82% si l’on fait la moyenne des coûts d’électricité, de mazout et de gaz.
En réponse à ces surcoûts, les parents doivent trouver des solutions rapidement. Renoncent-ils à un stage de leur enfant pour honorer la facture d’électricité ? Quid du séjour à la mer en balance avec les courses alimentaires de la semaine ? Et le camp d’été de votre aîné, passera-t-il à la trappe, la faute à des déplacements qui ne vous ont jamais coûté aussi cher ?

Ajustements extrascolaires pour rééquilibrer balance budgétaire

« Vu le coût des stages, je ne vais pas pouvoir leur proposer grand-chose cet été. C’est juste pas possible niveau budget », explique Clémentine, maman de deux enfants de 5 et 7 ans, habitante de Manage. Clémentine est aide-soignante à mi-temps, tandis que son compagnon travaille dans l’Horeca. Depuis des semaines, cette maman cogite pour savoir comment combler et occuper les huit semaines de vacances d’été de ses deux enfants.
Du côté de Bouge, même topo pour Ludivine. Maman solo de deux enfants de 13 et 14 ans, Ludivine, enseignante à mi-temps, s’estime assez épargnée par les problèmes financiers. Pour autant, elle n’est pas à l’abri d’une mauvaise surprise. Une facture de régularisation de chauffage de 900€, des frais d’orthodontie pour l’un et des nouvelles lunettes à acheter pour l’autre… des dépenses qui passent en priorité et qui obligent Ludivine à revoir son budget consacré aux extras comme les vacances ou les stages.
Cette année, la famille ne partira pas en vacances et les plans de l’été ont aussi pris un sacré coup dans l’aile. « Le stage de violon à 390€ la semaine pour ma fille sera réduit à une semaine. Mon fils qui avait profité d’une semaine de néerlandais en résidentiel l’an dernier ne pourra pas réitérer l’expérience cet été, regrette Ludivine. Cela revenait à 500€ la semaine, on a d’emblée éliminé le plan langue ».
Clémentine et Ludivine se voient contraintes de couper dans le budget extrascolaire pour honorer d’autres dépenses prioritaires. Ces témoignages sont-ils représentatifs d’une tendance plus générale dans le chef des parents ? Nous avons posé la question aux principaux pourvoyeurs de stages pour prendre la température au niveau de la demande estivale. Pour comparer des pommes avec des pommes, il faut revenir à l’été 2019, nous préviennent d’emblée nos interlocuteurs.
« Les deux années covid étaient exceptionnelles en termes de participation, explique Denis Detinne, fondateur de l’asbl Promosport. Les familles ont renoncé aux vacances, elles ont aussi fait moins appel à l’aide des grands-parents. Par rapport à 2019, on constate une baisse de 20% sur la période de l’été. On espère que les parents sont dans une optique de réserver en dernière minute, ce qui nous permettra de rattraper notre retard d’inscriptions, mais je mise quand même sur une diminution d’au moins 15%. C’est d’ailleurs ce que nous avons déjà pu observer à Pâques. »

Le coût comme premier critère

Même son de cloche du côté d’Ocarina (anciennement Jeunesse & Santé). « Que ce soit pour nos séjours ou nos plaines, on constate une nette diminution, confie Aude Scieur, responsable communication. Je dirais que le taux de remplissage des séjours tourne autour de 75% cette année contre 95% les années précédentes. Côté plaine, alors qu’elles sont toujours très prisées, toutes ne sont pas complètes pour cet été ».
Une chute dans les inscriptions que Promosport et Ocarina interprètent de manière assez similaire. « Les gens font attention à leur budget, explique Denis Detinne. Vu les deux années qu’on vient d’avoir, je pense qu’ils mettent plutôt la priorité sur le budget vacances en famille. Du coup, on va avoir des stratégies d’inscription différentes où le parent ira plus vite vers une plaine à 40€ que vers un stage à 100€ ».
Chez Cesam Nature, implanté en Brabant wallon et dans le Hainaut, les inscriptions sont équivalentes. « En 2019, 7 700 places de stages ont été vendues et j’en suis au même chiffre pour cet été », avance Didier Leser, fondateur de l’asbl. Une explication à ce statut quo ? « Nous n’avons pas augmenté nos prix, peut-être que ça joue dans la balance par rapport à d’autres organismes ».

Après deux années de restrictions, les familles préfèrent mettre de l'argent dans la budget vacances familiales

Une supposition plausible d’après Denis Detinne. « De notre côté, nous avons dû légèrement augmenter nos prix pour faire face à nos coûts de fonctionnement. Ils ont nettement augmenté avec les sauts d’index, des frais de déplacements à la hausse et des charges aussi beaucoup plus importantes ».
Du côté de l’Adeps, pas de baisse des inscriptions constatée non plus. « Nous comptabilisons 17 750 stagiaires inscrit·es, ce qui équivaut à 2019. Cette stabilité est probablement due au fait que l’on a maintenu un niveau de prix assez bas. En tant qu’administration publique, le rôle de l’Adeps est d’accueillir un maximum de personnes. Les augmentations de coûts de fonctionnement n’ont donc pas été répercutées pour conserver cet objectif d’accessibilité à toutes les familles. Il faut compter 60€ le stage d’apprentissage vélo ou de motricité, ce qui est assez bon marché en comparaison d’autres prix », explique Yves Polomé, le directeur général adjoint.
CAP Sciences non plus n’a pas observé une baisse des inscriptions. L’association constate même une augmentation de 10%. « On a beaucoup investi dans la publicité cette année, il y a de fortes chances que nos efforts aient été payants », suppose Jean-Benoît Martens, responsable administratif. L’association a aussi multiplié les partenariats, ce qui implique une augmentation de son offre de stages, autre raison qui explique l’augmentation constatée de la demande.

Vos bons plans pour cet été

Si la situation diffère d’un organisme de stage à l’autre, tous s’accordent pour dire que le prix est un élément crucial dans le choix des parents. Ce prix, c’est clairement l’indicateur qui a guidé les choix de Clémentine et Ludivine pour cet été.
Clémentine a inscrit ses enfants à la plaine communale de Manage pour les deux premières semaines de juillet. Ce qui lui revient à 20€ par enfant. La maman a déniché un autre bon plan pour compléter le mois de juillet : les services de l’asbl Les joyeux turlutins, mis en place à La Louvière. Il lui faudra compter environ 50€ la semaine pour chaque enfant. Un budget plus onéreux que la plaine, mais moindre par rapport à un stage. « En août, on prend nos congés ensemble les quinze premiers jours. Puis, on alternera entre mon mari, mes parents et moi les quinze jours restants », explique Clémentine. Si la maman est satisfaite de ces choix, elle regrette de ne pouvoir accéder plus largement aux plaines communales. « L’accès à certaines plaines est réservé aux enfants scolarisés dans la commune ou à ceux dont les parents y sont domiciliés ou y travaillent ».
Chez Ludivine aussi, l’organisation de l’été est bouclée. En alternative au séjour linguistique, Ludivine a inscrit son fils au camp scout et à un stage de foot. « C’est tout aussi chouette que le néerlandais, mais, surtout, le foot est en externat donc beaucoup moins cher ».
D’autres parents ont fait des choix différents. Yolande se souvient aussi avoir galéré l’été lorsque ses enfants étaient encore petits. Son astuce pour ne pas se ruiner ? Prendre ses congés en différé avec son mari.
Élisabeth, maman de trois enfants de 3 à 8 ans, a un autre plan : miser sur les papys et mamys et échanger des jours avec sa cousine. « Comme nos enfants ont le même âge, on s’échange des jours pour ne pas trop puiser dans nos jours de congé. Je lui prends ses enfants telle semaine et elle accueille les miens telle autre semaine. Comptez une semaine aussi chez les papys et mamys de chaque côté, ça fait déjà trois semaines comblées. Et avec la famille, c’est toujours gratuit ! ».