Crèche et école
Confier son enfant avant ou après l’école à un·e accueillant·e extra-scolaire, l’inscrire à une première activité ou au premier stage, ce n’est pas toujours évident. Comment poser de bons choix ? On vous donne des pistes à explorer avec nos expert·es.
L’avant et après école, le mercredi après-midi, le week-end, les congés scolaires, tous ces temps font partie de ce qu’on appelle l’accueil temps libre (ATL). Olivier Geerkens, directeur de Coala asbl, et Cécile Van Honsté, directrice de la File (Fédération des initiatives locales pour l’enfance), expliquent la spécificité de ces temps de vie et listent les critères auxquels il faut penser au moment de chercher des activités encadrées pour les 3-6 ans.
Les parents entendent souvent parler de l’accueil temps libre (ATL), mais ils ne savent pas toujours ce qu’est ce secteur. Qu’est-ce qui le caractérise ?
Olivier Geerkens : « Son importance dans la vie de l’enfant. On parle d’un troisième temps éducatif avec ceux passés en famille et à l’école. Les parents font appel à l’accueil temps libre parce qu’ils en ont besoin pour concilier leur vie professionnelle et les horaires scolaires. Nous défendons aussi le besoin de l’enfant de disposer d’un sas pour prendre son temps et souffler. On a été très agréablement surpris de découvrir avec la dernière enquête PISA que les Belges sont de très bons élèves en ce qui concerne la pensée créative. J’aime à croire que notre accueil fait la part belle à cette compétence. »
Cécile Van Honsté : « Dans l’accueil temps libre, on propose des activités aux enfants, on leur propose aussi de ne rien faire, de jouer, de se reposer… Ce temps libre permet de développer des compétences sociales et émotionnelles et de rejouer des scènes vécues à l’école. Notre approche, c’est de prendre le contrepied du côté performance et compétition. »
Activité en dehors de l’école, stage, plaine, camp… à quel âge un enfant peut-il être inscrit ?
O. G. : « Dès 2 ans et demi, l’enfant est en âge d’être scolarisé, il est de ce fait aussi en âge d’accéder à l’accueil temps libre. C’est le cas pour la majorité des enfants qui arrivent plus tôt à l’école ou restent plus tard pendant ce qu’on appelle le temps extrascolaire. Nous n’aimons pas le terme garderie qui est accolé à ces moments de vie où l’enfant peut goûter à l’accueil collectif sans être contraint dans des apprentissages. En dehors de l’extrascolaire, je penserais plutôt en termes d’accueil que d’activité, avec la priorité d’être là pour s’amuser. Même chose pour les stages. »
Quels sont les critères pour bien choisir un stage ou une activité ?
O. G. : « Les premiers critères sont d’abord pragmatiques. Lieu, horaire, tarif, sont des éléments importants qui entrent en ligne de compte dans le choix des parents. Autre critère : le projet d’accueil. Tous les lieux qui accueillent des enfants de moins de 12 ans sont tenus de respecter un code de qualité ; chaque opérateur précise son projet dans un document validé par l’ONE lorsqu’il reçoit l’agrément. Le projet d’accueil permet aux parents de se faire une idée de ce que l’enfant va vivre et de la qualité de l’encadrement proposé. Il y a souvent un amalgame entre prix et qualité du service, ce critère n’est pas un indicateur pertinent, car il y a des opérateurs agréés qui sont juste mieux subventionnés que d’autres. »
C. V. H. : « Le bouche-à-oreille est souvent une bonne piste à suivre, mais ce qui est bon pour un enfant ne l’est pas forcément pour un autre. J’invite les parents à se renseigner sur la qualité de l’encadrement pour savoir comment les enfants sont pris en charge et si le personnel est qualifié. C’est difficile pour un parent d’évaluer la qualité, car ce sont bien souvent des moments où il n’est pas là. Un critère objectif, c’est de vérifier si le lieu d’accueil dispose d’un agrément ONE, qui garantit que l’opérateur souscrit au code qualité et que son personnel est formé. Les parents sont aussi les experts de leur enfant et savent généralement décoder si l’enfant se sent bien dans ce lieu. »
« Les premiers critères sont d’abord pragmatiques. Lieu, horaire, tarif, sont des éléments importants qui entrent en ligne de compte dans le choix des parents »
Existe-t-il des sites référents à renseigner aux parents ?
O. G. : « À Bruxelles, le site bruxellestempslibre.be centralise énormément d’offres extrascolaires. À partir de la page d’accueil, le parent peut effectuer une recherche en activant des filtres : âge, lieu, activité, période. L’ONE (my.one.be) a aussi répertorié l’offre de milieux d’accueil et commence à élargir le répertoire aux camps, plaines et stages. Autre ressource clé : les coordinations ATL, dont quasiment toutes les communes disposent. C’est un point contact clé avec un regard complet sur tout ce qui existe dans chaque commune. »
C. V. H. : « Il y a aussi la Ligue des familles et Parentia qui ont développé un répertoire avec tous les lieux de stage : stagevacances.be. »
Qu’en est-il des enfants à besoins spécifiques : disposent-ils d’une offre taillée sur mesure par des opérateurs particuliers ou tous les opérateurs ATL ont-ils un volet inclusion ?
O. G. : « Tous les opérateurs doivent veiller à l’accessibilité de leurs activités à tous les enfants, quels que soient leurs besoins, mais on sait bien que, dans les faits, ce n’est pas le cas de tous. Il y a effectivement des opérateurs spécialisés dans certains besoins spécifiques comme le CREE (creeasbl.be) qui travaille exclusivement avec le public des sourds et malentendants. Les animateurs de l’ATL ont aussi la possibilité de participer à des formations pour pouvoir accueillir des enfants à besoins spécifiques. Si l’ONE sensibilise à cet enjeux et met à disposition des outils, c’est à chaque opérateur de se positionner et mettre en œuvre cet accueil inclusif. »
C. V. H. : « Les opérateurs agréés par l’ONE sont ouverts à tous les enfants. Il y a également des dispositifs qui aident les opérateurs à accueillir des enfants à besoins spécifiques. Dans certaines communes, des opérateurs plus spécialisés se démarquent, je pense par exemple à la Ville de Charleroi, l’intercommunale sociale du Brabant wallon (ISBW) ou les CEMEA (Mouvement d’éducation nouvelle). »
EN PRATIQUE
Un budget conséquent qu’il est possible de raboter
► Réduction d’impôts
« Vous avez droit à une réduction d’impôt de 45% sur les frais de garde de vos enfants (crèche, stage, garderie scolaire, …) avec un maximum de 15,70€ par jour et par enfant de moins de 14 ans (ou de moins de 21 ans en cas de handicap lourd) pour l’année des revenus 2023. Dorénavant, les opérateurs sont tenus d’envoyer les montants de frais électroniquement au SPF Finances, mais tous ne le font pas. Comme cet envoi n’est pas obligatoire, les parents doivent être doublement vigilants et vérifier, d’une part, que le modèle de l’attestation utilisé par l’opérateur est bien le bon (attestation n°281.86) et, d’autre part, que les montants préenregistrés sur leur déclaration fiscale électronique sont les bons, explique Jennifer Sevrin, chargée d’étude à la Ligue des familles.
► Remboursement mutuelles
Les mutuelles remboursent aussi des frais relatifs aux séjours, camps ou plaines, renseignez-vous aussi de ce côté pour récupérer une partie de vos frais de garde.
BONS PLANS PARENTS
« Je recommande vivement les plaines organisées par les mutuelles. Le personnel est qualifié et respectueux des rythmes des tout-petits, avec la possibilité de change et de sieste en fonction des besoins de l’enfant. Les deux miens sont passés par là et c’était une belle manière de commencer en douceur. »
Jeanne, maman de deux enfants de 8 et 10 ans
« Ma fille voulait absolument faire du foot. En fait, si elle aime taper dans le ballon en cours de récréation, ça s’est avéré tout différent à l’entraînement. Au bout de deux semaines, elle ne voulait plus mettre les pieds au club. Un vrai bon plan, c’est de demander s’il y a possibilité de tester avant de payer. »
Florian, papa d’une fille de 6 ans
« Mon conseil : ne chargez pas trop la barque. Si l’après-4 heures se transforme en une course permanente pour conduire les enfants à des horaires et dans des lieux différents, ça devient vite casse-tête. On a décidé de fixer comme critère principal le côté pratique des navettes et choisi des activités organisées dans le même lieu et aux mêmes horaires. »
Leïla, maman de trois enfants de 4, 6 et 8 ans
« Nous avons opté pour un cours de natation pour qu’ils soient suffisamment à l’aise dans l’eau et s’enlever ce stress sur nos lieux de vacances. On a priorisé l’utile par rapport à l’agréable et on assume. Plus tard, quand ils seront plus autonomes dans leur déplacement, ils pourront choisir leur activité. À leur âge, ils ne sont pas très exigeants et ne viennent pas avec des demandes particulières. »
Vlad, papa de deux enfants de 4 et 6 ans
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