Développement de l'enfant

« Ma mère fait l’inverse de ce que je fais avec mon fils… »

Des points de tension peuvent exister entre grands-parents et parents

Oui, les grands-parents d’aujourd’hui s’impliquent beaucoup dans la vie de leurs petits-enfants. Ce n’est plus à démontrer. Ils sont très dispos pour eux. Et oui, des points de tension peuvent néanmoins exister entre les grands-parents et vous, les parents.

Car, comme le dit Cécile, la maman d’Oscar, 28 mois, au positif se mêle souvent du compliqué : « Mes parents s’occupent beaucoup d’Oscar. C’est une aide indispensable pour avoir une vie à côté de notre vie de parents… Ils en tirent plus de plaisir maintenant qu’Oscar communique mieux. Et lui les réclame plus. Mais ma mère fait totalement l’inverse de ce que je fais. Ça crée des tensions. Des deux côtés, il faut mettre de l’eau dans son vin. Chez Mamou et Papou, c’est "no limit". Nous, on met des limites. Je pense qu’Oscar peut faire la différence entre ce qui se passe à la maison et ce qui se passe chez eux. Mais, quand on le récupère, il lui faut une heure ou deux pour se remettre dans le bain. L’autre jour, ma mère a ajouté de l’Ovomaltine dans le lait d’Oscar… bêtement parce qu’il en avait envie, et elle aussi. C’est n’importe quoi ! En fait, les vrais enfants, ce sont les grands-parents, pas l’enfant ! On redécouvre ses parents à travers son enfant, on découvre leur côté enfantin, espiègle, transgressif. Ma mère a parfois l’excitation d’un môme : elle a carrément donné à Oscar une petite voiture de sa collection, alors que moi, je n’ai jamais eu le droit de toucher une seule de ses petites autos ! »

Le bon dosage

« Je suis toujours en train de me demander si je n’en demande pas trop aux grands-parents, témoigne une autre maman. Avec mes parents, j’ai toujours peur qu’ils ne me disent pas vraiment s’ils veulent s’occuper ou pas de leurs petits-enfants, même s’ils le font toujours de bon cœur. Mes beaux-parents m’ont un jour raconté que cela leur faisait du bien… de ne pas les avoir : ça veut donc dire que c’est parfois lourd pour eux quand ils les ont ! » Pas évident, pour vous, de savoir jusqu’où vous faites plaisir aux grands-parents en leur confiant vos petits et quand vous commencez à les charger trop lourdement avec une telle mission ! D’autant que si vous faites appel à eux, c’est d’abord parce que cela vous arrange vachement… Pas évident, pour les grands-parents, de mettre dans la balance leur plaisir de s’occuper de leurs petits-enfants et la fatigue (physique ou psychique) que ça crée ! C’est vrai que si, dans l’absolu, cela leur fait plaisir, il y a des jours où ils n’ont pas l’énergie, voudraient faire autre chose, saturent. Ils n’appartiennent pas à la génération des chic-ouf (chic, les petits-enfants arrivent, ouf, ils s’en vont) pour rien ! Alors ? « Comme grand-parent, être toujours prêt à dépanner tout en soupirant de fatigue n’est pas une solution. Car à trop se forcer, on perd le plaisir. Comme parent, se rendre compte que les grands-parents n’ont pas toujours la même disponibilité est une piste. En tout cas, c’est plus facile si les choses peuvent se dire clairement : ça évite de baigner non-stop dans un malaise qui empêche de garder de la fluidité et du plaisir dans la relation », observe Reine Vander Linden, psychologue clinicienne.

Les grands-parents : « trop » gentils !?

« Mes parents ont une super relation avec notre fils. Parfois, ils sont trop dans leurs rôles de papy et mamy. Je dis "trop" parce qu’ils sont trop gentils. Alors, nous, on passe pour les méchants ! », s’enflamme un papa. « Les grands-parents cèdent plus facilement aux caprices de l’enfant car ils ne portent pas la casquette d’éducateur », renchérit une maman. « Parfois, j’ai l’impression d’être jugée par mes parents sur ma manière d’être parent. Nos fondamentaux sont respectés. Après, il y a des choses pour lesquelles ils prennent des libertés », dit une autre. « Ce que vit l’enfant avec ses grands-parents peut être vu comme un espace d’expériences supplémentaire qui lui est offert, commente, pour sa part, Reine Vander Linden. Pour les parents, c’est plus tolérable de se dire "Mon enfant fait d’autres expériences ailleurs et il sait se débrouiller avec cela" que de se dire "Les grands-parents imposent leur loi, c’est un manque de cohérence pour mon enfant". » Qu’importe, finalement, s’il y a des différences de fonctionnement entre les grands-parents et vous, tant qu’il y a du respect mutuel ! La complicité vient aussi de là…

L’AVIS DE L’EXPERTE

Total respect !

Reine Vander Linden, psychologue clinicienne

Ce qui compte, c’est le respect mutuel entre parents et grands-parents : « Comme parent, j’accepte que mes parents puissent faire différemment de ce que je fais ou de ce qu’ils ont fait avec moi », « Pour moi, grand-parent, la façon de faire de ma fille, de mon fils a de la valeur », « Il n’y a pas de compétition entre nous »… Dès qu’il y a une perte de respect ou une disqualification de ce qu’on fait comme parent ou comme grand-parent, ça ne peut plus fonctionner, et il y a de la souffrance.

LES PARENTS EN PARLENT…

Moins de mal à le laisser…
« J’ai l’impression que quand je laisse mon Pierrot chez ses grands-parents, il n’a plus besoin d’un temps d’adaptation comme avant. De mon côté, depuis qu’il se fait mieux comprendre et parle, j’ai moins de mal à le laisser chez d’autres. Je lui fais confiance pour qu’il exprime ses besoins. Et je fais confiance dans les proches pour les détecter. »
Laura, maman de Pierrot, 2 ans