Développement de l'enfant

Ils sont craquants, ces bambins un peu perdus devant le miroir. Intrigués, ils se découvrent à travers ce qu’ils croyaient être un compagnon de jeu. Une scène mignonne, certes, mais aussi importante dans l’évolution de bébé.
Vous savez ce que c’est. On commence à parcourir son fil d’actualité Facebook et on tombe sur une vidéo mimi où un enfant réalise une cabriole, fait « nez-nez » à son chat ou se barbouille la frimousse de purée de carottes.
Là, en l’occurrence, le bambin est dans un magasin, planté devant un grand miroir. Il s’observe. Enfin, plus précisément, il scrute un enfant qui lui ressemble et pose les même gestes. Pour finalement, regarder derrière le miroir afin d’élucider ce mystère.
« L’enfant prend conscience de son reflet vers 1 ans et demi », nous souffle Liliane Gilbert, pédiatre. Cette prise de conscience se construit jusqu’à l’âge de deux ans. Elle s’inscrit dans un apprentissage qui permettra à l’enfant de se voir dans son entièreté, de considérer toutes les parties de son corps. Cette évolution passe par différentes étapes, l’observation, le toucher de miroir et puis, image d’Épinal, le bisou sur la surface vitrée.
De l’influence du smartphone
« Cette prise de conscience, elle peut survenir plus ou moins vite en fonction de l’expérience de l’enfant ». Pour Liliane Gilbert, le rôle des parents est évidemment essentiel : « Si une maman a pris l’habitude de se placer devant le miroir avec son enfant en lui disant ‘Regarde, c’est toi dans le miroir’, cet enfant-là aura plus vite conscience de son reflet qu’en enfant qui n’est pas confronté à cette habitude. »
Et la pédiatre de prendre l’image du chat qui lui aussi doit se favoriser à son reflet. « Au début, un chat qui est confronté à son reflet va commencer à souffler comme s’il était face à un autre animal. Il finira par comprendre qu'il n'y a pas de danger ». En même temps, qui n’a jamais sursauté devant son propre reflet dans un miroir, l’effet de surprise peut toujours jouer.
Lors de notre entretien, Liliane Gilbert fait un constat interpellant. « Ce qui se passe, c’est qu’aujourd’hui les enfants ont beaucoup plus vite conscience de leur propre image. C’est dû à l’utilisation des smartphones. On les prend en photo, on leur montre tout de suite le cliché. Ils se rendent plus vite compte que c’est eux qu’ils voient sur le smartphone ». Cela dit, ne faites pas dire à Eliane Gilbert ce qu’elle n’a pas dit. Ne tombez pas dans le panneau de la sur-stimulation par le smartphone. Le miroir, c’est déjà très bien. Et sans doute plus sain.