Société

Ramassage scolaire, transports ou bêtes déplacements pour des courses, des activités sportives et culturelles… autant d’obstacles pour les personnes en situation de handicap et leur famille. Petit tour d’horizon du champ des possibles avec des acteurs de terrain et des parents.
Accessibilité, déplacement, autonomie. Autant de termes qui peuvent faire blêmir plus d’un parent. Pour corser le tout, ajoutez-y un handicap, vous obtiendrez souvent un tas de complications. Jean*, papa d’une petite fille en situation de handicap et citoyen actif, a gagné déjà quelques belles batailles.
« Que vos lecteurs réalisent bien que la situation politique n’a pas évolué sur ce sujet. Les seuls progrès se font par le biais des parents qui trouvent leurs propres solutions et des acteurs de terrain ». Pourquoi ce problème de transport fait-il du surplace ?
Il faut se bouger !
Jean résume la situation. « Prenez l’enseignement ordinaire. Ramassage scolaire ? Pas de problème. Pour l’enseignement spécialisé, il n’existe pas grand-chose. On pourrait considérer qu’une partie des élèves du spécialisé est apte à monter dans le bus scolaire des élèves de l’ordinaire, non ? ». Quant à l’enjeu PMR (personne à mobilité réduite), il est loin d’être gagné. Il existe des solutions, mais que l’on sent comme inabouties.
Par exemple, à Bruxelles, la Cocof a mis en place un réseau étendu de transport spécifique, mais qui souffre d’une pénurie d’accompagnateurs. Gros problème, car pour des raisons de sécurité, un chauffeur ne peut se lever de son siège et donc, cela limite les possibilités en cas de handicap spécifique.
La Stib et son service de TaxiBus pour les personnes à mobilité réduite et les efforts pour le PMR de la SNCB - salués (du bout des lèvres) par les intervenants de cet article - sont hélas insuffisants. Même constat côté wallon. L’AViQ rapporte que les questions de mobilité et de transport sont assurées par un service de bus organisé, afin de pallier les lacunes de l’offre existante.
Lise*, maman d’un ado PMR dans l’enseignement ordinaire, nous explique qu’avant de devenir bénéficiaire de l’offre AViQ (voir encadré), son fils et elle partaient le matin à 6h pour rentrer parfois à 20h. « Je crois que l’on considère que c’est tout à fait normal qu’un gamin handicapé en bave d’avantage qu’un gamin valide. Comme s’il devait payer sa différence. »
Même observation pour Nadia El Kabbaj responsable de l’asbl Transport et vie, située à Bruxelles et membre du rassemblement ratrap. « Une partie de la population aujourd’hui ne peut pas bénéficier des transports en commun. Et c’est impossible pour certains parents de se rendre à l’autre bout de la ville - faute de temps - pour conduire leur gamin. Nous, on les accompagne jusqu’à ce qu’il y ait relais. Ça soulage tellement les parents. »
Une société 100 % mobile
Le mot qui revient dans la bouche de cette passionnée, le mot « vie ». Se déplacer de façon autonome, c’est vivre libre. Pour elle, la problématique du handicap et de la mobilité ne se limite pas qu’à la question du trajet de l’école. Elle nous donne l’exemple d’une jeune femme de 20 ans qui bosse dans un établissement de travail adapté (E.T.A.) et qui, comme tout le monde, a besoin de se défouler après le boulot. Son truc à elle ? Le ping-pong. Elle est en fauteuil. Ce n’est pas un frein, elle s’est organisée avec Transport et Vie pour être prise tous les mardis à la sortie du boulot.
« Une société 100 % mobile, c’est ça l’objectif à atteindre. On a accompagné à des concerts des ados qui veulent s’amuser comme tous les gosses de leur âge, sans papa-maman. Seuls. Comme des grands. Tout le monde est d’accord avec cette idée. Mais que fait-on concrètement ? »
Selon Jean, il y a un mieux dans l’offre de transport, mais il reste beaucoup à faire. Comment ? Il nous rappelle que rien ne peut bouger sans la mobilisation parentale. « Il est important de soutenir le Collectif Accessibilité Wallonie-Bruxelles qui travaille dans le but d’améliorer l’offre inclusive dans le réseau de transports en commun. Vous pouvez aussi rejoindre des associations de parents type Fapeo ou Ufapec et faire remonter tous les problèmes que vous rencontrez. »
Il expose qu’une autre façon de faire avancer les choses, c’est de favoriser l’inclusion à l’école. « Il existe en Flandre le M-decreet. Le principe ? Votre enfant a tel type de handicap, alors l’établissement scolaire doit mettre en place des aménagements pour l’intégrer. Ça n’existe pas ici. Le rapport avec la problématique des transports ? C’est que si un gamin peut intégrer une école à côté de chez lui, on règle une grosse partie des embrouilles ». Pas faux.
Pour Nabila, se saisir de cette question, c’est aussi permettre aux parents de jouer leur rôle. « Plus de souplesse au boulot, moins de problèmes avec l’employeur qui s’en fout que le centre de jour ferme à 16h. On n’a pas à être sanctionné parce qu’on a un enfant handicapé. Chacun a le droit de choisir la vie qui lui convient ». Allez hop, tout le monde embarque !
*Les témoins souhaitent rester anonymes.
Yves-Marie Vilain-Lepage
Bon à savoir
Pour les enfants en situation de handicap qui suivent des cours dans l’enseignement ordinaire, l’AViQ intervient dans les frais de déplacement entre l’école et le domicile si l’enfant est scolarisé dans l’enseignement ordinaire. L’intervention consiste en une indemnité kilométrique établie notamment en fonction du moyen de transport utilisé (individuel, taxi, transport en commun). Plus d’infos sur www.aviq.be