Développement de l'enfant

Votre bébé a les cheveux en pagaille et vous vous dites qu’il est peut-être temps d’aller les lui faire couper. Ce n’est pas un grand événement en soi, mais l’étape n’est pas banale pour le parent qui a le cœur serré en voyant les premières mèches s’envoler. Rencontre avec Véronique Papa (un nom prédestiné !), propriétaire d’un salon au cœur de Bruxelles.
Quand faut-il couper les cheveux de l’enfant ?
Véronique Papa : « Il n'y a pas de règle en la matière, si ce n'est le bon sens. Avant 6 mois, si rien ne gêne le bébé, mieux vaut laisser les cheveux pousser tranquillement et se répartir tout autour de son crâne. Après, cela dépend d’un enfant à l’autre. Certains naissent très chevelus, d’autres n’ont pas de cheveux à 1 an. C’est aux parents de repérer le moment où la coupe devient nécessaire. Les signes qui ne trompent pas : les cheveux tombent dans les yeux, recouvrent les oreilles, tiennent chaud dans le cou ou forment tout simplement un ensemble inesthétique. En général, la première coupe de cheveux doit avoir lieu entre 18 et 24 mois. D’expérience, je sais que les parents retardent le plus possible ce moment. Ils n’ont pas envie que l’enfant perde ses cheveux de tout-petit, si fins et si doux. Pourtant, couper les cheveux du bébé les rendra plus épais et plus denses. Ils seront plus vigoureux et pousseront beaucoup mieux. »
Faut-il aller chez un coiffeur habituel ou un salon spécialisé ?
V. P. : « Pour les tout-petits, c’est vraiment mieux de se rendre dans un salon spécialement dédié aux enfants. Le cadre est très important. Lorsqu’un enfant arrive ici, il ouvre de grands yeux. Il a l’impression d’être dans une plaine de jeux, pas chez le coiffeur. Les couleurs vives, les ballons, les jeux, les autos qui servent de chaises de coiffure… tout cela permet de mobiliser son attention pendant la coupe afin qu’il reste tranquille. De plus, on ne travaille pas de la même manière avec un enfant et avec un adulte. Tout d’abord, il faut que cela aille vite, car un petit bout de 18 mois n’est pas capable de rester assis sans bouger plus de 10 ou 15 minutes. Ensuite, les gestes doivent être précis. Par exemple, je positionne toujours mes mains de façon à ne pas blesser l’enfant s’il tourne soudainement la tête. Il faut aussi beaucoup de patience. Je m’adapte toujours aux souhaits de l’enfant. S’il préfère rester debout ou sur les genoux de sa maman, je fais avec. Idem s’il a besoin de faire une pause et de jouer quelques minutes. »
À la maison... oui, mais
Faut-il préparer son enfant à cet événement ?
V. P. : « Non, ce n’est pas nécessaire et cela risque de l’effrayer plus qu’autre chose. Je vois souvent des mamans qui en ont parlé à leur enfant et arrivent en me disant : ‘Je vous préviens, il va pleurer’. Et l’enfant… pleure. Tandis que si les parents sont cool, l’enfant le sera aussi. Bien sûr, à 18 mois, un enfant a un peu peur de tout ce qu’il ne connaît pas. S’il pleure ou gigote, j’attends un peu. Je le laisse jouer dans le salon, s’acclimater à l’endroit. Et ensuite, tout se passe bien. »
Peut-on couper soi-même les cheveux de son enfant ?
V. P. : « Tout dépend de ce qu’il y a à couper. Si c’est juste une ou deux mèches, les parents peuvent le faire lorsque l’enfant dort. Mais je déconseille de se lancer seul dans une coupe complète. Tout d’abord parce que manipuler des ciseaux près du visage d’un tout-petit quand on n’a pas l’habitude est vraiment dangereux. Ensuite, le résultat n’est souvent pas optimal. Combien de parents ne sont pas arrivés ici tout paniqués car ils avaient raté la coupe et voulaient que je répare les dégâts ! Si vous décidez de vous lancer malgré tout dans cette opération, attachez votre bébé dans sa chaise haute ou dans sa poussette afin de limiter ses mouvements. Demandez à une autre personne de le divertir d’une manière ou d'une autre. Utilisez des ciseaux à bouts ronds et opérez sur des cheveux secs, plus faciles à couper. Vous verrez ainsi mieux l’allure générale de la coupe et cela vous aidera à respecter le mouvement naturel et les épis. Enfin, ne coupez pas trop court. Mieux vaut recommencer que regretter d’en avoir trop enlevé. »
Gaëlle Hoogsteyn
En pratique
- Franchissez la porte du salon décontracté. L’expérience doit être amusante et positive.
- Pour éviter les pleurs inutiles dès le bac à shampoing, lavez vous-même les cheveux de votre enfant avant d’y aller. Cela permet aussi de raccourcir la durée de la séance de coiffure.
- Pour terminer en beauté et lui donner envie de revenir, laissez votre enfant choisir une petite mèche de cheveux que vous collerez ensuite dans son album. Vous pouvez aussi lui proposer d’envoyer une photo avant/après à ses grands-parents en lui disant combien ils seront fiers de lui.
Les parents en parlent...
Sylvie, maman de Lola, 2 ans
« Les premiers mois, j’ai coupé les cheveux de ma fille moi-même. Mais, par la suite, il était vraiment temps d’aller chez le coiffeur. Nous avions bien expliqué à Lola ce qui allait se passer et elle a été toute sage pendant la coupe. Par contre, lorsqu’elle s’est vue dans le miroir, ç’a été le drame : elle a pleuré et répété ‘Remettre cheveux’ pendant dix minutes ! »
Richard, papa de Zoé, 20 mois
« Pour la première coupe de cheveux de Zoé, nous sommes allés dans notre salon habituel, tenu par quelqu’un de la famille. Ce fut l’enfer : la petite, qui était sur mes genoux, se débattait et hurlait. J’étais obligé de la bloquer contre moi. C’était tellement violent qu’après trois mèches, j’ai demandé à la coiffeuse d’arrêter. Quelques semaines plus tard, nous avons retenté l’expérience dans un salon spécial pour enfant et là, tout a été comme sur des roulettes. »