Développement de l'enfant

Les jours passant, vous commencez à bien connaître votre bébé. Vous reconnaissez ses signes de faim, vous sentez plus vite quand il est trop stimulé, vous savez mieux ce qui le rassure. Pas étonnant : vous vous adonnez à un entraînement intensif, non-stop ! Reste cette fatigue que vous accumulez depuis sa naissance… Et côté sommeil de votre bébé, comment cela se passe-t-il ?
Aucun bébé ne ressemble à un autre bébé, aucune maman ne ressemble à une autre maman. Les débuts avec un tout-petit varient fort d’une famille à l’autre. Voici quelques éléments bons à savoir que nous rappelle Micheline Cleeremans, sage-femme à domicile. Saisissez-les, dès lors, à partir de votre réalité. L’essentiel est de trouver le bon fonctionnement avec VOTRE bébé, de vous sentir une maman adéquate en fonction de ses besoins à lui qui, par définition, sont particuliers, temporaires et évolutifs.
Il dort plusieurs heures d’affilée
Bonne nouvelle, d’abord : le bébé commence à « installer » une petite nuit, en dormant de temps en temps quatre, voire cinq heures d’affilée la nuit. À la naissance, il ne différenciait pas le jour de la nuit, ses périodes d’éveil et de sommeil survenaient n’importe quand. La différenciation jour-nuit apparaît, spontanément, vers 6 semaines, avec une petite nuit de six heures et des éveils diurnes qui s’allongent. Votre bébé fait aussi des siestes un peu plus longues en journée.
Les cycles de sommeil du bébé sont constitués d’une phase de sommeil agité et d’une phase de sommeil calme. Quand il se trouve dans une phase de sommeil agité, il pleure, fait des mimiques, bouge. Si agités soient-ils, ces moments sont des moments de sommeil. Si vous vous précipitez pour prendre votre bébé dans les bras et le consoler, vous le réveillez, vous le dérangez et ces réveils intempestifs gênent son repos normal. Il pleure, il est perdu, fatigué… Ne pas intervenir est indispensable pour son équilibre. Et pour le vôtre.
Certains bébés pleurent quelques minutes avant de s’endormir. Ils n’ont pas nécessairement besoin d’une aide à ce moment-là. Ils apprennent à trouver leur sommeil seuls.
Où le faire dormir ?
Il y a de la confusion autour du mot « cododo ». Pour certains, il signifie que bébé et maman dorment dans le même lit ; pour d’autres, il veut dire qu’ils dorment dans la même chambre, le berceau du bébé étant attaché au lit parental. La langue anglaise est plus claire à ce sujet, avec deux termes distincts : le bed-sharing et le rooming-in.
L’idéal, c’est le rooming-in (dans de petits apparts, la question ne se pose pas !). Le bébé est dans la chambre des parents, séparé d’eux, mais tout proche aussi. Les premières semaines (et ce, jusqu’à 6 mois environ), le berceau ou le couffin est collé au lit de la maman, à sa hauteur, pour permettre à l’enfant de percevoir sa présence et pour que, sans se lever, elle puisse le rassurer et le prendre près d’elle pour le nourrir. Certains petits lits peuvent être accrochés au lit des parents, façon side-car. Le rooming-in est une des mesures de prévention de la mort subite du nourrisson (on utilise ce terme pour parler du décès inopiné de bébés apparemment en bonne santé et âgés de moins de 1 an). Le bébé perçoit la proximité de sa maman, il l’entend respirer, remuer, ce qui le rend plus alerte, et celle-ci, « en état de vigilance permanent » comme dit l’une d’elles, peut répondre au mieux aux besoins de son tout-petit.
Les contre-indications absolues au bed-sharing (ou partage du même lit par le bébé et la maman) sont les matelas mous, le tabagisme, l’obésité extrême, la prise de somnifères, de calmants, d’alcool, de drogue et une très grande fatigue, ainsi que les bébés fiévreux, malades, prématurés.
Comment le faire dormir ?
Votre bébé dort dans une pièce chauffée à 20 °C avant ses 2 mois et à 18 °C ensuite. Il est couché sur le dos, sur un matelas ferme, et n’est pas trop couvert (vive les gigoteuses, et non aux draps, couvertures et couettes !). Son lit est vide de tout objet qui risquerait d’entraver sa respiration (doudous, oreiller, tour de lit…). Et, bien sûr, pas d’animal dans la chambre ! Ni de fumée de tabac ! Ces quelques gestes simples permettent de prévenir la mort subite du nourrisson.
S’il faut faire dormir le bébé sur le dos, il est aussi important qu’il passe du temps sur le ventre quand il est éveillé. C’est bon pour son développement psychomoteur et cela évite l’aplatissement excessif de l’arrière de sa tête.
Certains bébés ont spécialement besoin de proximité, de chaleur, de contact corps à corps pour s’endormir. Pour eux et pour les mamans, l’écharpe de portage se révèle une alternative géniale… qui libère les mains de l’adulte. Certains enfants préfèrent le bercement de la poussette pour s’endormir. Certaines mamans la privilégient aussi, car, pour souffler, elles veulent un peu de distance entre leur bébé et elles.
Et le papa dans tout ça ?
Si vous allaitez votre bébé, le papa est-il préservé des nuits blanches ? Attentif un temps, s’est-il mis en off ? Culpabilise-t-il (un peu) de dormir plus ou moins cool ? Tout cela est-il frustrant ou énervant pour vous ? Vous pouvez en parler ensemble. Son rôle est d’être le protecteur, voire le facilitateur, de votre sommeil. Et donc, de ne pas laisser traîner la vaisselle sale de la veille ou de ne pas inviter trop de copains à la maison, tellement il est fier de montrer votre bébé…
Avant que la fatigue ne vous dévaste, activez les relais possibles : le papa, donc, et les grands-parents. Pensez aide familiale et aide ménagère. Parlez avec le pédiatre, une sage-femme ou lors de la consultation de l’ONE.
ZOOM
Des siestes pour vous aussi !
« Il faut arrêter de nous conseiller de faire une sieste quand notre bébé dort, c’est impossible », clament des mamans… exaspérées.
Réaction de Micheline Cleeremans, sage-femme, en forme de plaidoyer pour des siestes pour vous aussi. « Mais le meilleur moyen de passer le cap des premières semaines avec votre bébé est de vivre à son rythme en dormant le plus possible en même temps que lui. Même si vous avez mille choses à faire. Autorisez-vous à lâcher prise. Oui, il y a la cuisine à ranger, le linge à laver, les chambres à nettoyer… Mais si vous acquérez ce lâcher prise, vous pourrez, une fois par jour, profiter d’une période de sommeil de votre bébé pour vous reposer vous aussi. Si c’est une heure de sieste, c’est bien ; si c’est deux heures, c’est mieux. C’est un cadeau que vous vous faites : vous serez moins tendue, de meilleure humeur, plus disponible. Tout bénéfice pour votre bébé.
Autre avantage de la sieste : si vous allaitez votre bébé, sachez que dormir fait augmenter le taux de prolactine, l’hormone qui stimule la production de lait maternel. Ici aussi, le bénéfice est immédiat. Sommeil du bébé et sommeil de la maman sont liés. Une maman allaitante trop fatiguée a moins de lait. Un bon moyen pour elle de restaurer la lactation ou de l’entretenir, c’est de faire une sieste de deux heures les après-midi. Et le bébé bien nourri dort mieux (même si, bien sûr, son sommeil ne dépend pas exclusivement de ses repas !). »
Les mamans qui font des siestes disent que cela les sauve : « Cela a changé ma vie… »
LES PARENTS EN PARLENT…
Le plan « calme contagieux »
« Méline a 5 semaines. Elle est adorable… sauf le soir ! Impossible de la mettre au lit. Elle semble très fatiguée mais elle lutte contre le sommeil et hurle dès que je la dépose. Moi aussi, je suis très fatiguée. Depuis quelque temps, briefés par une sage-femme, nous tentons un plan "calme contagieux". Après une longue promenade (on adore, elle et moi), je crée une ambiance douce à la maison : sons atténués, lumière tamisée… Je ne joue plus avec la petite, lui donne un bain paisible et m’éloigne de la télé pour qu’elle mange tranquillement dans notre chambre. Une berceuse, un câlin, et je la dépose dans son lit. Elle pleure un peu, s’apaise en suçant mon petit doigt. Elle finit par s’endormir. Et je rejoins le papa… Si Méline repleure quelques minutes, ce n’est pas un drame : elle va se rendormir seule. Si elle pleure fort et longtemps, je la reprends dans les bras, l’apaise et la redépose avec mon petit doigt à sucer quelques minutes, puis je quitte la chambre. Ces petits rites nous calment aussi. Méline le sent, je pense que ça la rassure. »
Romane, maman de Méline
Les mains libres… grâce à l’écharpe
« Émile n’est pas un bébé qui pleure beaucoup. Mais c’est un bébé qui a besoin de contact. Au début, aux moments où il devait dormir en journée, je le portais dans une écharpe. Avec lui collé contre moi, je récupérais mes mains et je pouvais faire un tas de choses. Il nous arrivait aussi de nous promener dans l’appartement : cela nous faisait du bien à tous les deux. On me disait : "Si tu continues comme ça, il n’arrivera jamais à s’endormir tout seul…" Faux ! Petit à petit, il a acquis de l’autonomie pour s’endormir sans moi et sans l’écharpe. »
Clarisse, maman d’Émile
Manquer de sommeil : une torture
« Ton bébé pleure, tu ne le comprends pas. Ton manque de sommeil, tu le vis comme une torture. Le décalage est trop grand entre ce que j’imaginais de la vie avec un bébé et la réalité. Tout devient noir. Je me dis : "Je suis nulle. Je suis la seule à ne pas pouvoir gérer." Heureusement, j’ai la chance d’avoir un compagnon qui est un ange gardien pour moi. »
Caroline, maman de Timothée
EN SAVOIR +
Un livre éclairant (pour aujourd’hui et pour les mois à venir) : Le sommeil, le rêve et l’enfant des pédiatres Marie Thirion et Marie-Josèphe Challamel (Éditions Albin Michel).
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