Développement de l'enfant

« À la maison, c’est bien simple : Léo ne prend même plus la peine de descendre un étage pour me parler, il envoie un texto ! Alors oui, je pense que nos enfants ne bougent pas assez », se désole Anne-Sophie, 42 ans. Malgré toutes les mises en garde, les petits Belges seraient parmi les plus sédentaires au monde. Mais la situation est-elle vraiment si catastrophique ?
Les enfants ont perdu de leurs capacités physiques. Les écoliers belges font en moyenne à peine 180 minutes d'activités physiques par jour, selon un rapport réalisé par la KU Leuven, l'Université de Gand et l'Institut scientifique de Santé publique. Parmi les 38 pays étudiés dans ce rapport, la Belgique se range au fond de la classe, aux côtés de la Chine, du Qatar et du Chili.
Seuls 6,5 % des enfants belges âgés de 6 à 9 ans atteignent la norme. Le constat est pire pour les adolescents, qui ne sont que 2,4 % à bouger suffisamment. Alors, on cherche le coupable. Ou plutôt, les coupables. Les écrans, bien sûr : jeux vidéo, films, réseaux sociaux : trop de tablettes et de smartphones.
Selon une étude récente de l'Institut de Santé Publique, les adolescents se retrouvent en moyenne trois heures par jour devant un écran en semaine et quatre heures et demie par jour pendant le week-end.
Plus inquiétant encore pour les filles ?
Face à ce constat inquiétant, le Ligueur a fait réagir Roger Lespagnard, entraîneur de la médaillée olympique belge Nafissatou Thiam et bourgmestre de Fléron. « Il ne faut pas exagérer, s’insurge-t-il. En Fédération Wallonie-Bruxelles, les enfants font suffisamment de sport : trois heures par semaine, c’est déjà ça. De la psychomotricité en maternelle, deux ou trois fois 50 minutes de gymnastique ou de sport en primaire et en secondaire. C’est ce qui est préconisé par les autorités, et ce n’est pas si mal. La question, ce serait plutôt d’améliorer la qualité des cours ».
Sans doute les enfants ont-ils perdu de leurs capacité physique, mais « je suis favorable à ce que les enfants jouent plus, ajoute Roger Lespagnard, je pense que c’est aussi ce qui a changé pour les plus petits. Pour le reste, il ne servirait à rien d’augmenter le volume d’activité physique à l’école sans adapter la méthodologie de travail : il faudrait le faire dans un cadre global, qui respecte les rythmes, les tranches d'âges. Les cours doivent prendre en compte les différences physiologiques entre les 12-13 ans ou les 15-17 ans, la pédagogie et le contenu des cours sont à revoir. Mais ce qui doit être adapté en priorité, ce sont les infrastructures : nous manquons de matériel, il faut impérativement que nous améliorions ce cadre ».
L’exemple vient d’en haut
À lire le rapport, nous voilà bien loin des 10 000 pas par jour recommandés par l’OMS, l’Organisation mondiale de la santé ! Et il se fait plus sévère encore pour les filles. Les résultats seraient plus inquiétants, car elles se dépenseraient sept à huit fois moins que les garçons, tirant la moyenne vers le bas, « se retrouvant moins dans les clubs sportifs et bougeant moins dans les plaines de jeu », selon Jan Seghers (KUL), un des auteurs de l'enquête.
Une affirmation qui laisse Roger Lespagnard perplexe : « Je peux vous dire que dans mon club de Liège, en athlétisme, ils sont près de 400 inscrits. Les filles ne sont pas moins nombreuses et se montrent… plus actives que les garçons ! En Communauté française, nous pouvons nous féliciter de l’encadrement que nous sommes en mesure de fournir aux jeunes. Quant à ce qui se passe dans les plaines de jeux, j’invite les parents à mieux s’impliquer dans les jeux des enfants. »
Nos enfants seuls ne sont pas coupables : les parents aussi ont tendance à se sédentariser. « Mes parents ne bougent pas des masses ! Parfois, ils vont courir, mais ça ne dure pas tellement. La pire, c’est ma maman : tous les mois, elle paie son abonnement au club de sport, mais elle trouve toujours des excuses pour ne pas y aller », s’amuse Malia, 16 ans.
S'ils ne voient pas leurs parents accomplir des activités physiques, il est difficile pour les enfants de s’y mettre. Bouger dès l'enfance permet de se constituer un capital santé. À vous de jouer : pourquoi ne pas réhabiliter les grandes balades du week-end ?
A. K.
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