Santé et bien-être

Novembre 1973 : Eddy  s’enrhume

L’ARCHIVE DU LIGUEUR

Un « cannibale » dans les pages du Ligueur. Et pas n’importe lequel ! Eddy Merckx, baptisé de la sorte en 1970 parce qu’il avait cet appétit de victoires hors du commun, gonflant son palmarès de Tours d’Italie et de France, surclassant ses adversaires au point de devenir un héros national. « Quand Merckx a mal au genou, c’est toute la Belgique qui boîte ! », peut-on lire dans le Ligueur. En 1973, l’homme est en pleine forme et en pleine gloire. L’année suivante, il s’offrira d’ailleurs le fameux triplé Giro/Tour de France/Championnat du monde avant que le déclin ne s’amorce en 1976.
Mais restons en 1973. S’il est question de Merckx dans le Ligueur, c’est pour une histoire de dopage. Le coureur belge vient d’être rayé du palmarès du Tour de Lombardie qu’il avait gagné quelques jours plus tôt. Motif ? Il a été contrôlé positif à l’éphédrine. La nouvelle a fait « l’effet d’une bombe », écrit Jean Corhumel. Au point que le Ligueur s’en mêle ? Oui, et le magazine, à l’époque, prend fait et cause pour le sportif malmené.
Dopé, Merckx ? « Impensable », lit-on, « comment imaginer qu’il aurait pu avoir la stupidité de ‘se charger’ dans une course qu’il tenait à gagner, alors qu’il savait parfaitement que ce succès lui vaudrait automatiquement de subir un contrôle ? ». En fait, on se rendra compte que Merckx n’était pas vraiment le coupable. C’est plutôt le médecin de son équipe, le docteur Cavalli, qui a merdoyé. Lors du Grand Prix des Nations qui précédait le Tour de Lombardie, Eddy Merckx s’est enrhumé. Le médecin lui a donc prescrit un sirop, du Mucantil. Tellement inoffensif « qu’il n’est même pas contre-indiqué pour les enfants », plaide le Ligueur.
Petit problème, le médicament contient bien un dérivé de l’éphédrine, « produit qui figure sur la liste noire des médicaments interdits ». Merckx clame son innocence. Le médecin, sa propre incompétence. Mais rien n’y fait, la décision est ferme. Et aujourd’hui, le nom de Merckx est toujours absent du palmarès du Tour de Lombardie 1973.
En conclusion, le Ligueur ne nie pas qu’il faille « mener un combat sans merci contre les tricheurs – car le dopage, on ne le répétera jamais assez, n’est pas seulement un danger mais encore une tricherie », mais là, le champion ne peut être que « lavé de tout soupçon malveillant ». Le magazine appelle donc à revoir dans son ensemble le problème de la lutte contre ce fléau qu’est le dopage parce que, fondamentalement, « il ne faudrait pas que l’on en arrive, et l’on en est là, à empêcher un individu de se soigner sous prétexte qu’il est sportif de compétition ». En 1977, Eddy Merckx sera aussi contrôlé positif lors de la Flèche wallonne. Cette fois au Stimul. À l’époque, le Cannibale affirmait ne pas manger de ce pain-là. Il dira néanmoins plus tard dans les années 80 : « Attention, le produit en lui-même n'avait rien de la potion miracle. Il ne t'aurait pas permis de gagner Paris-Roubaix, même si tu en avais avalé deux tubes. Tout au plus, aurais-tu passé une nuit blanche. Mais tout le monde, je le répète, en prenait, alors tu faisais comme les autres ». Chaque légende a ses parts d’ombre.

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