Vie pratique
L’ARCHIVE DU LIGUEUR
En ce joli mois de mai millésimé sixties, un docteur est interrogé dans les pages du Ligueur. Objet de la discussion : l’examen prénuptial. L’homme a été choisi avec soin puisqu’il est présenté comme « un des praticiens les plus avertis en matière de conjugalité ». Mais qu’est-ce que l’examen prénuptial ?
À l’époque, le concept est plus connu en France qu’en Belgique. C’est qu’outre-Quiévrain, en 1964, cet examen est obligatoire. Avant le mariage civil, les jeunes tourtereaux devaient en effet produire un « certificat médical prénuptial ». La mesure avait été prise en 1942, sous le régime de Vichy, il s’agissait d’amener une « dimension médicale » au mariage, l’argument étant qu’il fallait prévenir la propagation de maladies infectieuses et génétiques.
En France, le document en question a été retiré du package administratif des jeunes mariés en 2008. Son caractère obligatoire n’avait plus beaucoup de pertinence au regard de l’évolution de la société, entre cohabitation avant le mariage et augmentation du nombre de couples non mariés, etc. En Belgique, l’obligation n’a jamais été de mise. Celle-ci n’est pas réclamée par le médecin qui est néanmoins en faveur de plus de publicité autour de cet examen : « Les jeunes convaincus de sa nécessité ne sont encore qu’une minorité. Il faut en parler aux jeunes. Les mouvements de jeunesse ont ici une mission ».
Au fil de la discussion, on se rend compte que le médecin entend combler un vide : « Le médecin peut susciter les questions non résolues concernant l’anatomie, la physiologie, l’accouchement, etc. Il faut que les fiancés sachent à quoi s’en tenir sur l’idée de chacun d’eux à propos de questions vitales pour leur future harmonie ». Le mariage est assimilé à un grand bond dans l’inconnu plein de questions et de craintes. Il plaide pour « L’école du mariage » où sont abordées non seulement les questions médicales, mais surtout l’aspect psychologique. « Est-il normal, renchérit l’auteur de l’article, que l’on prépare sa vie professionnelle pendant 15, 20 ou 25 ans et de se lancer dans une vie conjugale sans une information, une préparation adéquate et quelque peu approfondie ? ».
Là aussi, les temps ont changé, dans les années 70, les séances d’éducation à la vie relationnelle affective et sexuelle se multiplient offrant les possibilités d’aborder, par exemple, « les aspects psychologiques et biologiques de la relation humaine entre deux êtres » épinglés par notre médecin. Rendant encore plus obsolète ce fameux « certificat prénuptial » français qui coûtait, dans sa dernière année, 14 millions d’euros à la Sécurité sociale française. Un argument économique qui a sans aucun doute participé à sa disparition.
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