Vie pratique

Vous prendrez bien une servante italienne !

L’ARCHIVE DU LIGUEUR

Au début des années 50, il n’est pas rare de tomber sur un constat dans les pages du Ligueur : il manque d’aide-ménagères permanentes, comprenez de « bonnes ». Ainsi cette info apparaît dans un article consacré aux mamans fatiguées qui peuvent se rendre dans des maisons de repos spécialement prévues pour elles. À l’origine de ce surmenage, notamment, Yvonne Dujaquier pointe que « même dans les familles aisées, il est souvent impossible de trouver une bonne (l’oiseau rare) qui veuille entrer en service dans un ménage nombreux ». Épinglées aussi, les femmes célibataires qui désormais travaillent et ne peuvent plus donner un coup de main.
Face à cette situation, un membre de la Ligue des familles envoie un courrier au Ligueur. Dans le numéro du 18 avril 1954, il attire l’attention sur les jeunes filles qui, en Italie, « ne demandent pas mieux que de venir se placer en Belgique ». Et ce membre attentionné de faire un portrait élogieux de ces jeunes femmes « en général très travailleuses, honnêtes et d’un caractère agréable ».
Mais ce courrier ne se limite pas à révéler l’existence de cette main-d’œuvre transalpine, il décrit aussi, par le menu, toute la procédure à suivre pour recruter ces jeunes filles. C’est que « les formalités à remplir sont assez longues. (…) Il faut compter de 3 mois à 3 mois et demi entre la première démarche et l’arrivée de la jeune fille ».
Cette immigration italienne n’est pas forcément très connue, à l’opposé des « accords charbon » qui ont drainé en Belgique des dizaines de milliers de mineurs italiens. Contactée par nos soins, Anne Morelli, spécialiste de la question, confirme cette importation de « servantes italiennes ». « Même au plus fort du chômage, dit-elle, la ‘crise de la domesticité’ en Belgique a toujours permis ces mouvements. La filière était très clairement catholique ». Elle passait notamment par les syndicats chrétiens et l’Onarmo (citée dans l’article), « l’œuvre du Vatican pour les émigrants ». Anne Morelli ajoute que de « nombreux mineurs italiens, lorsqu’ils ont eu terminé leurs cinq ans obligatoires de mines en Belgique, se sont aussi placés avec leur femme comme domestiques chez des bourgeois », notamment à Bruxelles.
Ces servantes italiennes seront « suivies par les Espagnoles, puis les Marocaines, les Sud-américaines ». Avec parfois des répercussions inattendues. Ainsi, relève Anne Morelli, lorsque les « servantes » ibériques font leur apparition, « toute la bourgeoisie mange alors de la paella ! ». Une anecdote qui ne doit pas faire oublier que cette main-d’œuvre bon marché était parfois exploitée par des patron·nes pas toujours très respectueux et respectueuses.

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