Développement de l'enfant

Souvent, les jeunes parents bénéficient de nombreux conseils, tantôt comiques, tantôt pragmatiques, de la part de leurs aînés ou même d’inconnus à qui ils n’ont rien demandé. Entre curiosité, intérêt et envie parfois qu’on nous laisse simplement en paix, comment réagir ?
De tout. On trouve vraiment de tout parmi les conseils donnés aux jeunes parents. Maud, maman depuis bientôt un an, n’en peut tout simplement plus. « Parfois, c’est trop drôle. Quand ma pote Aline, qui est aussi maman, me conseille de zapper les panades à la cuillère pour que nos loulous puissent choisir ce qu’ils mangent et qu’ils travaillent leur dextérité, ça me fait sourire. J’imagine des bouts de courgettes envoyés dans tout l’appartement. Puis, il y a ma mère qui ne cesse de vanter les bienfaits des petits pots de panade prêts à l’emploi. Ce sont deux exemples mais j’en ai plein d’autres. J’en ai marre de tous ces conseils rarement pertinents. Mon entourage ne se prive pas de m’en donner et même les anonymes que je croise en rue s’y mettent ! La pire, c’était cette petite vieille qui promenait son chien en poussette alors que je portais ma fille, Thalia, en porte-bébé sur le dos un jour de pluie. Elle m’a suivie en me traitant de mauvaise mère parce que mon bébé était plus mouillé que son chien. O.-K., je suis une jeune maman et c’est mon premier enfant, mais j’ai le droit de faire mes choix, non ? »
Malgré ses coups de gueule, Maud ne reçoit pas moins de conseils. À croire que les bébés sont une source d’inspiration pour beaucoup. Et comme, en matière d’éducation, il n’y a pas de science exacte, les jeunes parents entendent de tout ! Les pleurs des bébés suscitent des causettes. L’alimentation aussi est une source de débats et de recommandations diverses : « Il peut boire dans un verre maintenant, tu n’es plus obligée de lui donner un biberon », « Prends une tétine anti-reflux, ça va te changer la vie », « Donne-lui un morceau de carotte crue et froide à mâchouiller s’il a mal aux dents, c’est magique », vantent des mamans rencontrées çà et là. Sans compter les conseils autour du portage, des poussettes, des doudous, des langes et patati et patata.
Écouter les autres ou s’écouter soi ?
Pour certains parents, c’en est trop. Maud l’explique bien dans son témoignage : elle a besoin de vivre ses propres expériences, de faire ses propres choix et même de se tromper, sans devoir toujours être guidée, prévenue ou jugée.
Les conseils peuvent être utiles, mais ils ne sont pas applicables à tous les enfants. Ceux-ci sont tellement différents… et heureusement !
La règle d’or pour tout parent débordé par mille conseils, c’est de s’écouter soi. Certains parlent d’instinct, d’autres de feeling ou d’amour… les parents ont énormément de ressources en eux. Et, in fine, ce sont eux qui connaissent le mieux leur bébé. Les conseils peuvent être utiles, mais ils ne sont pas applicables à tous les enfants. Ceux-ci sont tellement différents… et heureusement !
Trop de conseils, c’est lourd
Évidemment, ce n’est pas simple d’arrêter son entourage qui, plein de bonnes intentions, est souvent ravi de partager ses propres souvenirs et ses bonnes recommandations. Combien de personnes ne craquent-elles pas devant la bouille trop mignonne d’un bébé ? Comme si ce mini-humain exerçait une attraction magique sur les personnes qu’il rencontre. Les passants fondent, sourient, tirent la langue des fois… et papotent avec les parents d’autres fois. Colin raconte : « Je n’ai jamais autant discuté avec des inconnus de tous âges que depuis que je promène mon bébé. J’ai l’impression que tout le monde veut savoir si c’est un garçon ou une fille, quel est son prénom, quel âge il a… C’est sympa mais, parfois, ça devient gênant. Surtout, quand les gens veulent toucher Jules avec leurs grosses paluches. » « Pour éviter les papouilles d’inconnus, l’écharpe de portage ou le porte-bébé sont vraiment top, lui répond une amie du tac au tac. Avec un bébé entre les nichons, personne n’ose l’approcher de trop près. » Même entre jeunes parents, on ne peut pas s’empêcher d’échanger des trucs et astuces. Et ce n’est peut-être pas si mal, en fait.
La solitude, c’est lourd aussi
L’échange est souvent intéressant et permet de voir les choses sous un nouvel angle. Tout dépend de la manière dont les conseils sont amenés. Et du caractère ou de l’humeur du parent qui les entend. Car, contrairement à Maud, certains adorent entendre les expériences, anecdotes et recommandations d’autres parents. Surtout s’ils ont un sentiment de solitude. Tout est question d’équilibre.
Ramona est en Belgique depuis peu et maman d’une fillette de quelques mois. On l’a rencontrée dans un parc lors d’un pique-nique un mercredi midi. Elle était vraiment en recherche d’échanges et de conseils sur la parentalité. « C’est dur d’être maman ici, nous dit-elle. Les journées sont longues quand mon mari travaille. Je ne sais pas où aller pour que ma fille rencontre d’autres enfants. Je "nous" sens seules. Je préférerais des conseils, même stupides, à cette solitude ! » Caroline, expatriée à Bruxelles, connaît elle aussi ce sentiment d’isolement : « Heureusement que j’ai une gentille voisine qui me demande des nouvelles et m’a chouchoutée pendant ma grossesse car, à part elle, je n’ai pas vraiment de femme ni de maman de référence ici. »
Pour échanger avec d’autres parents, pensez par exemple aux bébés-rencontres de la Ligue des familles. La crèche de votre petit offre aussi des occasions (soupers organisés…) de faire connaissance avec des parents qui vivent un peu au même rythme que vous et – pourquoi pas ? – de nouer de belles amitiés.
UNE PISTE
Écouter, puis faire sa popote
Le Ligueur et mon bébé a l’habitude de donner la parole à des professionnels dans ses pages. Des jeunes parents pleins de bon sens peuvent, eux aussi, livrer de précieux conseils. Comme Céline et Benjamin, parents de la petite Jeanne.
Céline : « Je n’hésite pas à demander des conseils aux gens, à les écouter, et puis j’en fais ma popote. J’aime bien avoir leur avis mais ça ne veut pas dire que je suis d’accord avec eux. Je peux me tromper, je ne sais pas tout et je peux parfois louper quelque chose. Par exemple, pour partir en vacances en voiture à l’étranger, j’avais oublié qu’il fallait une carte d’identité pour notre louloute de quelques mois. C’est en discutant des préparatifs avec d’autres parents qu’on m’a rappelé cette formalité nécessaire (juste à temps pour que je file au photomaton et à la maison communale, ouf !). Je pense qu’on ne naît pas parents, on apprend à devenir parents… avec notre enfant ! »
Benjamin : « Oui, on prend chacun les conseils de nos amis, puis on en discute en couple. Pour certains sujets, on a d’emblée notre avis. On a la chance d’être dans un environnement avec d’autres bébés, chez nos frères et sœurs : ça peut nous donner des pistes. On voit aussi des parents qui se sentent plus démunis et qui lisent beaucoup de livres sur la petite enfance pour compenser. Ce que ma femme ne dit pas, c’est qu’elle a cette capacité d’être très à l’aise dans son rôle de maman. C’est très naturel pour elle d’être avec notre fille, de l’allaiter… et de poser des questions quand elle en a. On dirait que c’est un rôle taillé pour elle. »
LES PARENTS EN PARLENT…
Comme un phare…
« Moi, dès que j’ai une question concernant Théodore, j’appelle ma cousine, déjà maman de deux enfants. Si j’étais un bateau, elle serait mon phare. Elle sait toujours me rassurer ou m’orienter vers la bonne solution. Franchement, je ne me passerais de ses conseils pour rien au monde. Même si je ne les suis pas toujours. Elle me dit comment elle réagirait à ma place, et puis, elle me donne les infos que je n’ai pas. Souvent, ses solutions m’aident et, si pas, juste l’entendre me rassure. Quand je raccroche, je suis plus zen pour m’occuper de mon bébé. »
Magali, maman de Théodore
EN PRATIQUE
Bienvenue dans un bébés-rencontre
Pour discuter librement avec d’autres parents, la Ligue des familles organise des bébés-rencontres en Wallonie et à Bruxelles. Ces espaces sont ouverts aux parents, voire aux grands-parents, accompagnés d’un enfant (jusqu’à ses 3 ans). Là, ils peuvent partager leurs expériences et leurs trucs et astuces, recharger leurs batteries, créer des liens, construire des solidarités…
Si vous désirez créer un tel espace près de chez vous, n’hésitez pas à contacter l’association via volontariat@liguedesfamilles.be.
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