Société

Oser écouter les jeunes militant·es

Le 13 février à Bruxelles, cinq ans après les premières grèves scolaires et quelques mois avant les élections, se tenait la journée « Youth and Climate Future ». L’occasion de recueillir les impressions d’expert·es et de jeunes militant·es sur la manière dont les parents peuvent se montrer soutenants.

► « J’aimerais que mes parents deviennent mes alliés dans cette lutte pour notre futur »

« Par rapport à l’éco-anxiété, je ne me sens pas vraiment soutenue par mes parents. En même temps, je ne leur en parle pas et je ne pense pas qu’ils soient conscients de ce que je ressens. Ils savent que je fais attention à l’environnement et ils font certains ‘efforts’ pour m’aider, par exemple en faisant attention au tri, au chauffage… mais c’est tellement peu par rapport à ce qu’ils pourraient faire avec leurs moyens (acheter moins, mieux, prendre le temps de voyager en train et surtout moins loin…). […] J’aimerais qu’ils deviennent mes alliés dans cette lutte pour notre futur et qu’ils ne baissent pas les bras parce qu’ils partent du principe qu’ils ne seront plus là. Je voudrais qu’ils osent faire évoluer leur quotidien et sortir de la norme. Tant qu’ils ne seront pas conscients de l’urgence actuelle, je me vois mal être capable de leur parler de mon éco-anxiété. »
M., 22 ans (Forum des Jeunes)

► « Mes moindres faux pas sont rapidement pointés du doigt »

« Malgré un changement d’état d’esprit progressif, mes parents restent encore très accrochés à certaines valeurs que je considère comme appartenant à ‘l’Ancien Monde’ (en termes de mobilité, d’alimentation et de consommation, par exemple). Ce qui me met face à la difficulté d’envisager un changement global dans notre société et me rend parfois anxieuse. Ce qui reste également compliqué, c’est cette pression de devoir être 100% cohérente maintenant que j’ai cette étiquette ‘écolo’. Mes moindres faux pas sont rapidement pointés du doigt. Dans ces situations, la clé, c’est le dialogue. »
Marie-Esther, 25 ans (Forum des Jeunes)

LES CONSEILS D’UNE PSY

« Nos jeunes ont besoin d’interlocuteurs qui ne se voilent pas la face »

Martine Capron, psychothérapeute et écopsychologue impliquée dans l’organisation de la journée : « Pour moi, il y a plusieurs choses importantes à conseiller aux parents :

  • D’abord, de ne pas avoir peur de bien s’informer, de ne pas faire la politique de l’autruche. Parce que ces jeunes sont informés et ont besoin d’interlocuteurs qui ne se voilent pas la face.
  • Ensuite, d’apprendre à gérer leurs propres émotions par rapport à la crise écologique. Beaucoup de parents se sentent coupables, honteux, tristes ou en colère, et ne veulent pas en parler.
  • Ce que je propose aussi aux parents, c’est d’apprendre à écouter leurs enfants, sans tout de suite donner leur avis ou être dans la solution, pour les comprendre et qu’ils se sentent compris. Les écouter permet également d’apprendre d’eux. »

LES MOTS D’UN PÈRE ET EXPERT

« Tiens bon, tenons bon »

Interpellé par une jeune fille de 21 ans qui désespère de voir son père changer ses habitudes de vie, Nicolas Van Nuffel, président de la Coalition Climat, répond.
« Tiens bon. Tenons bon. Pour ce qui est de faire changer les choses autour de nous, je pense qu’on s’influence les uns les autres en montrant les chemins vertueux. Je vais donner un exemple macro et un exemple dans ma vie quotidienne. Ça a été montré par des études : plus il y a de gens qui prennent le vélo, plus les pouvoirs publics sont poussés à mettre en place de vraies pistes cyclables sécurisées. Et plus on met en place des pistes cyclables sécurisées, plus il y a de gens qui prennent le vélo. Donc je pense que tenir bon dans tout ce qu’on peut mettre en place soi-même, au niveau individuel, a un impact macro. Ça a aussi un impact micro. J’explique dans toutes mes présentations sur le climat à quel point on doit se poser la question de notre alimentation et diminuer notre consommation de viande. Je le dis, mais j’adore la viande ! Mon fils, qui a 17 ans, est devenu végétarien. Eh bien, par son geste, il nous a tous entrainés avec lui. On a fortement diminué la consommation familiale de viande parce qu’il nous a montré qu’il y avait moyen de faire autrement. »

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