Société

Où sont passés les nouveaux pères ?

Nous entendons régulièrement autour de nous parler des nouveaux pères, plus impliqués dans l’éducation et les soins aux enfants, qui font les lessives, préparent les repas, changent les couches, trient les vêtements, assistent aux réunions de parents… Mais, en réalité, cette expression est utilisée depuis plus de quarante ans et masque un statu quo dans les statistiques de répartition de l’emploi du temps entre les femmes et les hommes et dans la prise des congés parentaux par les pères.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes concernant la répartition inégalitaire des tâches ménagères et des soins aux enfants. Les hommes effectuent davantage de travail rémunéré et disposent de plus de temps libre, tandis que les femmes prennent en charge davantage de tâches ménagères et s’occupent plus des enfants.
Les mères qui ont de jeunes enfants (moins de 7 ans) consacrent en moyenne deux fois plus de temps que les pères à la garde et à l'éducation des enfants (16h06 par semaine pour les mères contre 8h34 pour les pères).
Pour les femmes, le nombre moyen d’heures de travail rémunéré diminue considérablement lorsqu’elles ont des enfants. Les tâches ménagères augmentent beaucoup et restent très présentes, même lorsque les enfants grandissent. Les tâches domestiques représentent 20h32 par semaine pour les mères, 12h25 pour les pères.
En moyenne, par semaine, les mères consacrent 13h35 de moins au travail rémunéré que les pères, 15h39 de plus à la garde des enfants et aux tâches domestiques (chiffres Institut pour l’Égalité des Femmes et des Hommes). Des chiffres qui ont tendance à très peu évoluer dans le temps. Récemment encore, la crise du coronavirus a mis en évidence la persistance de différences dans la répartition des tâches entre les hommes et les femmes.
Avec les pères et les mères confiné·es à la maison, on aurait pu espérer une révolution en la matière, mais, au contraire, le confinement a renforcé l'inégalité entre les genres. Bien que les hommes aient été à la maison en moyenne 4 heures de plus chaque jour pendant le lockdown, ils n'ont fait que six minutes de plus de travaux ménagers.

Les congés parentaux sont en grande majorité utilisés par les femmes

Les chiffres en matière de prise de congés familiaux ou de réduction du temps de travail montrent que lors de la naissance des enfants, ce sont les femmes qui supportent les changements nécessaires pour rendre possible la conciliation vie de travail-vie de famille.

En moyenne, par semaine, les mères consacrent 13h35 de moins au travail rémunéré que les pères, 15h39 de plus à la garde des enfants et aux tâches domestiques

En 2022, à peine 5 000 pères ont pris un congé parental à temps plein ou à mi-temps alors que les mères étaient quatre fois plus nombreuses. 4 travailleurs à temps partiel sur 5 sont par ailleurs des femmes. Les femmes qui travaillent à temps partiel sont 45% à expliquer le faire pour concilier travail et vie de famille, contre 28% des hommes.

Comment faire des nouveaux pères une réalité ?

Les compétences parentales s’apprennent. Lors de la naissance de l’enfant, ni le père ni la mère n’est plus compétentꞏe que l’autre pour en prendre soin. Mais en passant dix semaines de plus que le père à s’occuper de l’enfant, la mère développe des compétences et un savoir autour de l’enfant. Le père, quant à lui, n’a pas ce temps puisqu’il bénéficie de vingt jours seulement de congé de paternité. Plus le temps avance, plus le différentiel est important… et plus les inégalités s’installent.
La Ligue des familles appelle à allonger le congé de paternité/coparentalité à quinze semaines. Objectif : le rendre identique à celui de la mère et instaurer ainsi une réelle coresponsabilité parentale entre les femmes et les hommes dès les premières semaines de vie de l’enfant. Elle plaide également pour le rendre obligatoire (dans ses vingt jours actuels, puis progressivement les neuf premières semaines, comme le congé de maternité) et permettre ainsi à tous les pères/coparents d’y recourir sans craindre des conséquences professionnelles négatives.
Ces seules mesures ne sont pas suffisantes pour rétablir complètement les déséquilibres actuels, mais on sait que ces inégalités se cristallisent lors de la naissance des enfants. Il est dès lors nécessaire d’agir dans les premières semaines de vie de l’enfant car, après, les habitudes sont difficiles à changer. Ces mesures ambitieuses sont possibles, l’Espagne l’a fait en augmentant le congé de paternité à seize semaines et en rendant les six premières semaines obligatoires. À quand en Belgique ?

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