Vie pratique

Paroles de grands-parents : ils sont devenus ados

des idées pour les grands-mères et grands-pères pour se rapprocher des petits-enfants devenus ados

Un beau jour, vos petits-enfants n’ont plus été aussi petits que cela : ils sont devenus ados et même jeunes adultes. Un virage que, comme grands-parents, vous avez dû aussi amorcer. Certains, la larme à l’œil. D’autres, avec enthousiasme et riches d’un paquet de découvertes. De l’expérience de ces derniers, le Ligueur a tiré pour les grands-mères et grands-pères que l’adolescence déboussole des idées pour se rapprocher de cet âge qu’on dit ingrat et qui ne l’est pas tant que ça. 

Frédérique, 68 ans… à l’arrière-plan
Une distance s’est créée, hélas aussi, entre mes petits-enfants et moi. Ils mènent leur vie, ont l’amour en tête, font la fête avec les copains et même… étudient parfois ! Ils n’ont plus besoin de me voir aussi souvent. C’est normal, je sais, mais j’aimerais bien recevoir un petit coup de fil de temps en temps. Ça ne leur prend pas trop de temps, un coup de fil, surtout avec leur GSM qui semble leur coller aux doigts.

Martine, 69 ans, grand-maman solo…
Moi aussi, j’attends la visite de mes petites-filles en vain. Avant, les parents venaient tous les dimanches avec toute la famille… Ces relations qui se font plus rares m’éloignent de la vie, je me sens plus seule qu’avant.

Carlos, 70 ans, dépassé
Ce qui me chagrine le plus, c’est qu’à leurs yeux, je ne suis plus celui qui sait plein de choses. Aujourd’hui, il y a des domaines qu’ils maîtrisent mieux que moi, l’informatique notamment.

Godefroid, 72 ans, à la page
Hé, faites comme moi : j’ai ma page Facebook et j’y rencontre certains de mes petits-enfants. C’est eux qui m’ont d’ailleurs initié à la chose. L’autre jour, j’ai répondu à l’un ou l’autre message et l’un d’entre eux m’a dit : « C’est cool d’avoir un papy qui se débrouille bien avec Facebook ».

Odette, 65 ans - null
« Mon dernier petit-fils a 11 ans et est assez grand pour se garder tout seul. Depuis, je suis passé du statut de mamy utile à celui de grand-mère inutile ! »
Odette, 65 ans

Francine, 71 ans, résolument optimiste
Il faut vivre avec son temps et on ne peut pas exiger des gosses d’aujourd’hui qu’ils adoptent des comportements d’hier. Avant, on était obligé d’obéir, d’aller contre sa nature. On devait tout refouler à l’adolescence et le résultat n’était pas toujours brillant ! Tant mieux si nos petits-enfants ont la liberté de dire qu’ils n’ont pas le temps ou même l’envie de nous voir. Bien sûr, ça fait une pincette au niveau du cœur, mais, au fond, on sait qu’ils n’ont rien contre nous, qu’ils ont d’autres choses à faire. Trop de choses à faire !

Colette, 73 ans, Mauriac, le retour !
Vous allez rire mais grâce à Thérèse Desqueyroux de Mauriac, j’ai eu une formidable discussion avec ma petite-fille de 17 ans. Elle devait faire un travail sur ce livre que je n’imaginais pas encore présent, aujourd’hui, dans les écoles. Je me suis alors souvenue que j’avais gardé toutes mes dissertations dont une sur l’épopée de cette femme. Ce fut une belle rencontre entre elle, ma petite-fille et moi.

Claire, 67 ans, ça passe par l’école
Avec ma petite-fille aînée qui a 16 ans, c’est systématique : je lis tous les livres qu’elle est obligée de lire à l’école. Puis, on se rencontre, on échange. Certains sont plus durs à finir que d’autres, alors je l’encourage, je planifie la lecture chapitre par chapitre. C’est une manière pour nous de mieux se connaître, d’établir des ponts. Elle a ses valeurs, ses symboles, moi les miens et tant mieux s’ils se rejoignent souvent. Je transmets à travers ces échanges mon expérience de vie, mais elle aussi a une expérience de vie, aussi courte soit-elle.

Jules, 76 ans, grandit encore
Les tout petits-enfants, c’est le bonheur simple, l’émerveillement à l’état brut. Les ados me poussent à m’intéresser à la société. Ils pensent autrement et, pour moi, cette source d’interrogation est précieuse. Elle me permet de vieillir moins vite…

Serge, 69 ans, curieux
Et leurs histories d’amour, ils vous en parlent ? Mon petit-fils de 20 ans avait une sortie entre amis, le week-end passé, tout près de chez moi. Il m’a demandé s’il pouvait dormir à la maison avec un copain. J’ai dit oui. Le lendemain matin, j’ai trouvé des chaussures féminines près du paillasson. Je n’ai rien dit et je suis allé promener le chien, comme d’habitude. Mieux vaut être discret dans ces moments-là…

Julien, 79 ans, inquiet
Ma petite-fille, 16 ans, a un petit copain depuis quelques mois. Je le reconnais, je suis mal à l’aise quand je les vois passer la nuit librement l’un chez l’autre. Je ne m’en mêle pas, mais je trouve que c’est un peu trop tôt. Ma femme a posé la question à notre fille qui lui a répondu du tac au tac : « Tu préférerais qu’elle fasse ça sous les ponts ? »

Anne-Marie, 66 ans, dubitative
Aucun de mes petits-enfants ne m’a jamais vraiment parlé de ses histoires d’amour. L’un d’entre eux a une histoire que je trouve déjà très établie. À 17 ans, c’est jeune pour ce type de couple. Ils ne m’ont jamais demandé de dormir ensemble sous mon toit : si cela devait un jour arriver, je ne sais pas très bien ce que je leur répondrais.

Dorian, 14 ans
Ce qui est cool avec papy, c’est qu’il plaque le choco sur la tartine même si maman rouspète parce que c’est trop !

Anne-Solenn Le Bihan, psychologue :​​​​​​​ « Trouver sa place exacte, un défi pour les grands-parents »

Moins ringards que jadis ?

Les seniors, aujourd’hui, accordent beaucoup plus d’attention aux centres d’intérêt de leurs petits-enfants. Ils savent ce qu’est un jeu vidéo, sont plus ou moins familiers de l’internet. D’une façon générale, on peut dire qu’ils parviennent, bien mieux que les générations précédentes, à se maintenir dans le flux de la vie. Parce qu’ils restent actifs plus longtemps, même après la retraite, et sont davantage ouverts sur la société. De plus, la relation qu’ils entretiennent avec leurs petits-enfants qui traversent l’adolescence est moins guindée, moins ritualisée que par le passé. Tout cela va dans le sens d’une grande complicité.

Moins stricts que les parents ?

En général, les grands-parents sont moins stressés par l’urgence du quotidien. Souvent, ils n’ont plus de contraintes professionnelles. Surtout, ils ne sont pas tenus, au jour le jour, de fixer des limites. Cette attitude plus décontractée peut parfois être source de conflits avec les parents. Pour éviter ces tensions, les grands-parents doivent eux aussi, quand c’est possible, respecter les règles édictées par le père et la mère, et elles sont parfois nombreuses. Il arrive fréquemment que des adultes soient un peu amers de voir leurs parents adopter vis-à-vis des petits-enfants une relation faite de proximité et de décontraction, alors qu’eux-mêmes ont reçu une éducation très stricte.

Moins encombrants pour les uns et les autres ?

Être grand-parent, c’est trouver sa place exacte. Autant dire faire de la broderie à petits points ! La règle, c’est que les parents éduquent les enfants. Et que papy et mamy les accompagnent dans cette tâche, en offrant des figures d’adultes bienveillants. Cela peut leur apparaître difficile, surtout s’ils ont l’impression que le petit-fils ou la petite-fille n’est pas éduqué(e) correctement. Ils peuvent offrir à l’enfant une ouverture sur d’autres centres d’intérêt (avec papy, on va au musée, avec papa, on joue au football…), à condition que les parents soient d’accord, à condition aussi de ne pas tenir à leur égard de propos dépréciatifs. En tous cas, ils doivent toujours garder à l’esprit qu’à vouloir se substituer aux parents dans le rôle éducatif, ils s’exposent à des conflits, voire à une rupture des liens.

EN PRATIQUE

Pour être plus proche encore...

  • Laissez traîner des albums photos : l’occasion de raconter l’histoire familiale et toutes les anecdotes possibles qui montrent que les aïeux n’ont pas toujours été sages.
  •  Demandez-leur un coup de main : réparer un vélo, faire des petits travaux de peinture… Vous leur montrez que vous avez confiance dans leur savoir-faire, et ça marche !
  • Soyez un partenaire dans la discussion en leur parlant comme à des adultes. Cherchez aussi à comprendre leur univers : demandez-leur de vous expliquer leurs goûts musicaux, leur langage numérique ou autre.
  • Sur les sujets plus délicats (études, professeurs, copains…), jouez la carte de l’humour. Attention : seul l’amour est une chose sérieuse !
  • Ne soyez pas en attente : privilégiez une relation de qualité à la quantité. Une bonne manière de ne pas donner l’impression de s’accrocher à eux.
  • Pensez aussi que vous incarnez une certaine permanence des choses et que vous leur apportez une continuité de l’enfance qu’ils ont perdue.