Société

Les femmes et probablement plus encore les mères restent sous-représentées en politique. Pourtant, avoir des conseils communaux et des parlements représentant correctement les parents est important pour relayer au mieux les besoins des familles.
Adapter les horaires de réunion, prévoir des remplaçant·es ou un système de procuration... il y a des solutions à imaginer pour favoriser l’engagement politique des femmes... et pour que les hommes politiques prennent leur part dans les tâches familiales.
Quand vous lirez ces lignes, vous connaîtrez les résultats des élections communales. Lors des dernières, en 2018, si la proportion de femmes parmi les conseillers communaux était proche de la parité à Bruxelles (47%) et atteignait 38% en Wallonie, elle restait extrêmement basse au plus haut niveau de la commune : 18% à peine de femmes bourgmestres en Wallonie (aucune dans les sept plus grandes villes) et... 5% à Bruxelles (chiffres rassemblés par l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes).

« Il faut mettre en place des aménagements pour que les femmes se sentent plus à l’aise pour défendre leurs idées et leurs valeurs »
Une réunion à 18h, un horaire critique pour les parents
« Un mandat communal, c’est six ans pendant lesquels votre vie évolue, votre vie familiale évolue, relevait Sophie Rohonyi, présidente de Défi, sur la chaîne de télévision LN24 en août dernier. Il y a une responsabilité collective de notre société, qui incombe aussi à l’ensemble des partis, de rendre la politique plus attractive et surtout plus bienveillante à l’égard de tous. Et singulièrement à l’égard des jeunes et des femmes, en faisant en sorte que les réunions ne se fassent plus systématiquement entre 18h et 20h, ce qui correspond tout à fait au créneau horaire critique pour les jeunes mamans. Donc il faut mettre en place des aménagements pour que les femmes se sentent plus à l’aise pour défendre leurs idées et leurs valeurs. »
Adapter les horaires des réunions fait partie des mesures qui peuvent permettre aux femmes de s’investir davantage dans la politique locale (et régionale ou nationale d’ailleurs), et aux hommes engagés en politique de prendre leur juste part dans leur vie de famille.

Une meilleure représentation de la population
La question de la représentativité des parents en politique est importante. Devenir parent est un événement majeur qui influence tous les aspects de la vie d’une personne (qu’il s’agisse de la vie professionnelle, du logement, de la mobilité, du budget du ménage, et puis bien sûr des aspects qui y sont directement liés comme la conciliation des temps, les crèches, l’enseignement, etc.). Il est dès lors indispensable que les conseils communaux comme les parlements aient conscience des difficultés et besoins spécifiques des parents pour mener des politiques adaptées.
Bien sûr, des élu·es peuvent se soucier des enjeux des familles sans être parents eux-mêmes. Toutefois, on prend différemment la mesure des choses quand on les vit soi-même, on organise aussi différemment ses priorités politiques. Il est important à cet égard d’avoir des assemblées dont la composition est la plus proche possible de celle de la population, notamment en ce qui concerne les parents (pères ET mères) ayant encore des enfants à charge, mais aussi des enfants de tous âges, les enjeux étant fort différents selon que l’on a un bébé ou un enfant aux études supérieures. Cela implique qu’on réorganise la vie politique pour permettre aux parents – particulièrement de jeunes enfants, et y compris les parents solos – de s’y investir.
« Être ou devenir parent, y compris de très jeunes enfants, ne devrait pas être un frein à l’engagement ni à l’accession aux plus hautes fonctions »
L’impératif d’initier une réflexion profonde
Pendant très longtemps, la politique était une affaire d’hommes, qui pouvaient se réunir jusqu’à tard le soir en laissant leur femme s’occuper des enfants. Ce temps n’est malheureusement pas tout à fait révolu. Il y a certes aujourd’hui davantage de femmes en politique, quoique toujours insuffisamment (et il serait intéressant d’examiner quelle est la proportion de mères de jeunes enfants), et davantage d’hommes impliqués dans leur vie de famille. Mais concilier vie politique et vie familiale reste difficile ; la politique est faite de réunions tardives à nocturnes, d’urgences à gérer. Les élu·es n’ont pas de congés de maternité ou de paternité, encore moins de congé parental.
Il en va de la politique comme de toute autre fonction à responsabilités : être ou devenir parent, y compris de très jeunes enfants, ne devrait pas être un frein à l’engagement ni à l’accession aux plus hautes fonctions. Il existe certes des contraintes inhérentes à la vie politique. Mais en 2024, il est indispensable d’au moins initier une réflexion profonde sur la question, d’envisager des adaptations des horaires de réunion et des systèmes de binômes, de remplaçant·es ou de procurations, permettant de mener à bien le travail indispensable en soirée ou le week-end en cas d’urgence, et de prendre congé lors de la naissance d’un enfant.
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