Loisirs et culture
LIVRE
Viol, inceste, emprise, dans la mouvance de #Metoo, les langues se délient. Début 2024, Judith Chemla, actrice et chanteuse lyrique, prend la plume pour sortir du silence sur les violences intrafamiliales.
Dans Notre silence nous a laissées seules (Robert Laffont), l’autrice remonte aux débuts des relations avec les pères de ses deux enfants pour décrire comment la violence s’est immiscée dans son quotidien. Un récit qui retrace quinze années de sa vie de femme, d’actrice, de mère traversée par les coups, les crises et le harcèlement conjugal. Du lourd. Du tangible aussi, qui ancre la violence intrafamiliale dans une histoire et fait comprendre le mécanisme de déni.
C’est le coup de trop, celui qui la défigure, qui la décide à déposer plainte. Il lui faudra un an de plus pour porter cette parole publiquement, au nom de toutes les autres victimes. « Cet asservissement à la violence m’a valu des années d’aveuglement, de consentement au pire. Les conséquences sur nos enfants semblent parfois les seules capables de nous pousser à sortir de l’ornière, à nous réveiller de ce déni. Dans mon cas, il est question de briser la continuité de l’emprise qui perdure souvent après la séparation et dont les enfants sont les victimes ignorées ». C’est à ces derniers qu’elle dédicace son livre. « Je délivre ici mon histoire. C’est ma traversée, celle qui m’a fait émerger. Ainsi déposée, elle ne doit pas vous peser. Puissiez-vous inventer de nouveaux chemins. Pour demain ».
Au-delà de son histoire personnelle, Judith Chemla partage aussi des chiffres édifiants qui témoignent de l’aveuglement de la société et de son incapacité à protéger les femmes et enfants. « 9,7 milliards d’euros, c’est le prix que notre société est prête à payer pour maintenir ce système de domination où 95% des violences sont commises par des hommes ».
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