Prendre un congé parental ne devrait pas être un luxe

La réforme des congés familiaux - entrée en vigueur en février dernier - commence à faire sentir ses effets. Des parents de 50 ans et plus voient la rémunération de leur congé parental baisser. Notre enquête auprès de 1 600 parents montre pourtant que la rémunération des congés familiaux est la pierre angulaire de leur effectivité. La Ligue des familles appelle, comme première étape, à porter la rémunération du premier mois de congé parental à 1 500€.

En octobre 2022, le gouvernement a décidé de réaliser des économies sur les congés familiaux. Parmi les mesures prises, la baisse de la rémunération de ces congés pour les parents de 50 ans et plus.
À l’époque, la Ligue des familles s’était fortement opposée à cette réforme. Malgré une mobilisation très importante, notamment un visuel partagé plus de 3 600 fois en quelques jours sur les réseaux sociaux, cette réforme est entrée en vigueur le 1^er février dernier.
Quelques mois plus tard, les familles commencent à en ressentir les effets. C’est le cas de Damien (prénom d’emprunt), qui a vu ses allocations de congé parental réduites de plus de 30%. Son cas n’est malheureusement pas isolé puisque on évalue à 2 500 personnes environ les parents de 50 ans et plus qui perdront désormais, chaque année, leur droit à une allocation majorée.
Alors que les parents rencontrent déjà des difficultés à faire face à leurs contraintes professionnelles tout en assumant leurs responsabilités familiales, cette réforme sonne comme une trahison pour celles et ceux qui attendent, au contraire, que les pouvoirs publics les soutiennent davantage.

À l’heure où la faible rémunération du congé parental (896€ net/mois) a pour conséquence de le rendre inaccessible à de nombreux parents et nuit fortement à l’égalité hommes/femmes, il est inacceptable que soient prises des mesures qui réduisent encore cette rémunération. À quelques mois des élections, la Ligue des familles appelle les partis à s’engager au contraire vers un meilleur soutien aux familles.
Les besoins en la matière sont énormes : 70% des parents nous disent que travailler à temps plein tout en ayant des enfants est difficile (Baromètre des parents 2022, sondage Ipsos), ce chiffre grimpe à 81% chez les parents de jeunes enfants (0-3 ans) ! Les congés familiaux existants sont par conséquent essentiels à l’équilibre des parents. Dans leur configuration actuelle, ils restent cependant largement insuffisants puisque pour 57% des parents, la perte de rémunération liée au congé parental a été difficile à vivre.

Lors d’une enquête menée auprès de 1 600 parents, la Ligue des familles a soumis à ceux-ci une hypothèse : un congé parental rémunéré 1 500€ le premier mois (2 000€ pour les familles monoparentales), puis les autres mois au forfait actuel parental (896€ net/mois pour une interruption complète), comme étape vers une meilleure rémunération des congés familiaux. Il ressort de cette étude que 81% des parents qui n’ont pas encore pris de congé parental en prendraient un s’il était rémunéré de cette manière.

33% des répondant·es indiquent que dans ces conditions, leurs conjoint·es y auraient davantage recouru. Parmi eux, on retrouve une écrasante majorité de femmes. Améliorer la rémunération du congé parental est un levier majeur pour accroître le recours des hommes à ce type de congé et améliorer la répartition des tâches familiales entre hommes et femmes.
À l’heure actuelle, et bien que le siècle dernier ait vu leur arrivée massive sur le marché du travail, les femmes sont plus enclines à réduire ou interrompre leur activité professionnelle pour les besoins de la famille. Elles consacrent en outre plus de temps que leur partenaire aux tâches ménagères et de soins. Cette réalité s’explique entre autres par l’écart de salaire dans les couples.

En 2022, à peine 5 000 pères ont pris un congé parental à temps plein ou à mi-temps alors que les mères étaient quatre fois plus nombreuses. L’écart se réduit pour le congé parental à 1/5^e temps et disparaît presque pour celui à 1/10^e temps, qui implique une moindre perte de salaire.
Une rémunération du premier mois de congé parental à 1 500€ net pour chacun des parents, individuellement, encouragerait une répartition plus équitable des responsabilités familiales, favorisant ainsi l’égalité des sexes.