Société

Que du bonheur ? Dans les coulisses de l’expo sur le post-partum

Dans les coulisses de l'exposition sur le post-partum créée par la Ligue des familles

On vous en a déjà parlé plus d’une fois dans ces pages : le post-partum a fait l’objet de notre campagne de sensibilisation en 2022, d’une pétition, d’articles, d’animations et de diverses activités. Peut-être même avez-vous retenu que nous étions en train de créer une exposition citoyenne sur ce thème ?

Comment fait-on pour imaginer une exposition, quand on n’a jamais fait cela ? Qu’a- t-elle de citoyenne, cette expo ? À qui s’adresse-t-elle ? On vous emmène dans les coulisses de ce beau projet avec Anne Morin, du collectif post-partum de Mons.

Anne, qui es-tu en quelques mots ?
Anne Morin :
« Je suis une jeune maman ayant eu un premier post-partum que je qualifierais de percutant. Je suis aussi une femme et une sage-femme qui a envie de faire bouger les choses. »

Qu’est-ce qui t’a donné envie de te mobiliser sur le thème du post-partum ?
A. M. :
« J’ai le souvenir de cette première réunion avec la Ligue des familles à Mons où nous étions très nombreuses à être venues témoigner. J’ai été très interpellée de voir le nombre de femmes qui avaient vécu de la détresse. Ça m’a fait du bien de voir que je n’étais pas la seule là-dedans. C’est difficile pour beaucoup de monde. Ça m’a donné envie de m’impliquer, aussi bien à titre privé qu’à titre professionnel. J’ai aussi réalisé qu’avoir traversé cette période du post-partum m’avait changée. La maternité m’a changée, je ne suis plus non plus la même sage-femme. »

En tant que sage-femme, justement, est-ce que participer à ce projet a influencé ta manière d’accompagner les parents ? Et en tant que mère (une nouvelle fois depuis décembre) ?
A. M. :
« Oui. Comme maman, j’ai vécu les choses complètement différemment. Je me suis mieux préparée, surtout au niveau organisationnel. Pour mon premier enfant, je pensais être prête, puisque j’étais sage-femme. Mais, en fait, non. Je crois qu’il faut devenir mère pour comprendre les choses. Sur le plan émotionnel, me rappeler systématiquement que ‘ça passe’, ‘tout passe’, ça m’aide beaucoup. J’en ai fait un mantra, accroché dans ma maison. J’offre aussi des mantras pour les parents que j’accompagne. Comme professionnelle, je pose maintenant la question ‘Comment va ton moral ?’, et je prends le temps d’écouter la réponse. »

Pour revenir à l’expo, qu’as-tu pensé du processus de création ? Avais-tu déjà fait cela avant ?
A. M. :
« Je n’avais jamais participé à ce genre de projet. La méthodologie était très chouette, dynamique et pas rébarbative. À chaque fois les réunions étaient agréables, dans le partage, et les outils utilisés enrichissants. Tu nous as fait lire des articles qui m’ont nourrie, il y a des phrases que je retiens de nos échanges et qui m’ont aidée aussi dans ma pratique professionnelle.
J’ai aussi aimé que le rythme de chacune soit respecté. Je n’aurais pas pu m’investir plus. C’est quand même beaucoup de boulot. Chacune a amené ce qu’elle savait amener. »

Qu’est-ce que tu te dis quand tu penses que l’expo va bientôt voir le jour ?
A. M. :
« J’ai hâte de la découvrir, je suis très curieuse. Je suis triste d’avoir du décrocher ces derniers mois, étant donnée la naissance d’Elsa. Je suis aussi triste que nos rencontres se terminent. Mais, d’un autre côté, cela marque le début d’une autre étape.
Je suis contente que ce thème soit rendu public. Au vu de l’actualité politique, j’ai l’impression que les parents vont être encore plus oppressés. Je souhaite que l’expo ait un impact sur les décisions horribles qui sont en train d’être prises. Je pense au sac à dos pour les congés parentaux. C’était hyper stressant de découvrir cette idée, juste après l’accouchement. On s’est posé plein de questions avec mon mari : comment va-t-on faire ? Mon année consacrée aux enfants va-t-elle compter pour ma pension ? Et toi, ton congé parental, vas-tu pouvoir le prendre ? C’était un vrai stress supplémentaire en post-partum. Être parent, c’est un vrai job, non rémunéré. Et il est temps de s’en rendre compte. Il faut soutenir toutes les formes de parentalités. J’espère que l’exposition participera à cela. »

Un message pour les futur·es visiteurs et visiteuses ?
A. M. :
« L'expo n’est pas destinée seulement aux futurs parents, aux femmes enceintes. Elle s’adresse vraiment à tout l’entourage des parents, aux professionnel·les de la santé et même aux décideurs et décideuses politiques. Il faut ouvrir les yeux sur la maternité actuelle.
Ce sont des parents qui vous transmettent leurs impressions, c’est très immersif. On vous parlera de ce qui se vit aussi bien sur le plan corporel que psychologique ou encore dans votre rapport au monde et sur un plan socio-politique. »

EN PRATIQUE

  • Retrouvez l’expo au B3 à Liège du 9 mai au 7 juin. L’entrée est gratuite. Visites guidées animées sur inscription.
  • Une foule d’autres activités liées à la thématique sont proposées en marge de l’exposition : spectacle d’impro, conférence, partage de vécus, contes, cercle maman-bébé, balade « des bébés dans la ville », atelier autour de la grand-parentalité et d’autres encore.
  • En savoir + : programme complet, infos et inscriptions.

Ce projet s’inscrit dans le cadre de nos actions d’Éducation permanente, avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles. La création de l’exposition bénéficie également du soutien de la Province de Liège, de la Loterie Nationale et de Partenamut.