Développement de l'enfant

Qui fait quoi dans le couple ?

Bien répartir les tâches entre parents aide à éviter les tensions

Qui change le bébé en pleine nuit quand sa couche déborde ? Qui le nourrit ? Qui prépare le souper pour les parents et les grands s’il y en a ? Qui se charge des lessives ? Bref, qui fait quoi dans le duo de parents ? Ces questions pratico-pratiques qui ont souvent surgi dès la naissance de l’enfant valent la peine d’être posées. Car l’improvisation ne suffit pas toujours à gérer le quotidien avec un petit bébé. Une répartition claire des tâches peut éviter quelques tensions.

À chaque famille, bien sûr, de trouver son propre fonctionnement. Entre le duo papa-maman interchangeables et la division très claire des rôles – famille versus travail –, il existe plusieurs déclinaisons, avec une implication plus ou moins forte des papas. Aujourd’hui, ils veulent souvent être présents aux côtés de leur(s) enfant(s). « Quand ma femme s’est remise à travailler après son congé de maternité, j’ai réduit mon temps de travail grâce à un congé parental et j’ai adapté mon horaire pour pouvoir aller chercher notre fille plus tôt. J’adore l’idée de prendre le relais ! Je me sens devenir un peu plus papa chaque jour », raconte Noël. « Pour moi, la reprise du travail n’était pas simple. Je ne me sentais pas très bien au boulot car je pensais souvent à ma petite louloute quand elle était chez son accueillante. Mais l’après-midi, elle est avec son papa et je me sens un peu plus sereine. Évidemment, à 17 heures, je pars en trombe, j’ai tellement hâte de la retrouver, de la sentir, de la nourrir et de la bercer », confie Irène.
Les retrouvailles après une journée de travail sont souvent un moment de partage intense entre les parents et leur bébé. Elles se passent parfois dans la douceur d’une tétée ou d’un bain suivi d’un petit massage, parfois dans la décharge de pleurs si le bébé veut « raconter sa journée » ou vider un trop-plein d’émotions. Parfois, les retrouvailles sont très brèves puisque le bébé s’endort presque instantanément, épuisé par sa journée en collectivité.

Au panier, la culpabilité !

Oui, c’est frustrant, pour un parent, de voir son bébé endormi ou ronchon quand il rentre le soir, il peut avoir l’impression de ne pas en profiter. Mais ça ne sert à rien de s’en vouloir ou de lui en vouloir. Autant profiter des moments d’éveil, du mieux qu’on peut, selon son humeur. « Hier, j’ai vécu une horrible soirée, Nathan a pleuré une heure sans que je sache quoi faire. J’aurais aimé être calme, le bercer et l’écouter, mais j’étais tendue, j’en voulais à mon homme d’avoir une réunion tard et de ne pas être là, j’en voulais aux puéricultrices de ne pas m’avoir appelée alors qu’il avait de la fièvre. J’en voulais au monde entier, et puis je m’en voulais d’être aussi nulle et de ne pas être la maman douce et aimante que j’avais rêvé d’être », reconnaît courageusement Aline.

Le parent parfait n’existe pas. Par contre, il existe une flopée de supermamans et de superpapas qui aiment leur enfant de tout leur cœur et font de leur mieux pour l’accompagner dans la vie

Au panier, la culpabilité ! Le parent parfait n’existe pas. Par contre, il existe une flopée de supermamans et de superpapas qui aiment leur enfant de tout leur cœur et font de leur mieux pour l’accompagner dans la vie.
Ce qu’ils oublient parfois : prendre un peu de temps pour eux, rien que pour eux. Le temps de souffler avant d’aller chercher son bébé, même quelques petites minutes, pour laisser filer les pensées noires de la journée, pour pouvoir se consacrer à son bébé et l’accueillir pleinement avec ses émotions à lui. S’offrir aussi un peu de bon temps sans bébé. Un moment pour se faire du bien, pour se faire plaisir, pour se ressourcer : un moment en amoureux, un peu de sport, peu importe…
Un moment durant lequel on confie son bébé pour mieux le retrouver après. Car un parent détendu et épanoui peut profiter pleinement des instants qu’il passe avec son enfant.

ZOOM

Une répartition des tâches… économique

« Dans un couple, l’homme, généralement mieux placé dans la sphère professionnelle, a une carrière et une rémunération supérieures à celles de son épouse, constatent Bernard Fusulier et Jacques Marquet, sociologues à l’Université catholique de Louvain. Il existe encore des écarts salariaux au profit des hommes, les postes de direction sont majoritairement occupés par des hommes, alors que les temps partiels, contrats intérimaires et congés pour raisons familiales sont davantage utilisés par les femmes… Tous ces éléments continuent d’alimenter l’idée que le travail rémunéré masculin prime sur le travail rémunéré féminin et que, par conséquent, le père reste le principal pourvoyeur de revenus du ménage. »
Résultat ? Une maman plus à la maison et un papa davantage au travail et donc moins présent près de ses enfants.
Et les pères au foyer, alors ? « Beaucoup présentent des perspectives professionnelles moins favorables que leur compagne (chômage, instabilité d’emploi, salaire inférieur…). »
La logique économique prime souvent dans la répartition des rôles, même si elle varie selon des paramètres structurels, culturels, institutionnels, organisationnels et individuels.

LES PARENTS EN PARLENT…

Apprendre à S’OR-GA-NI-SER
« Devenir parent bouleverse complètement nos habitudes et notre mode de vie. Avant, quand on voulait partir en week-end à la mer, on préparait un sac vite fait et on sautait dans le premier train en direction de la côte. Depuis qu’on est trois, si on veut simplement faire coucou à ma sœur qui habite à 10 kilomètres de chez nous, on doit vérifier si bébé a tété avant de partir, s’il a fait son rot, s’il n’a pas sali le pull de son papa ou de sa maman, si oui, changer de pull et le body du bébé tout mouillé aussi, changer sa couche tant qu’on y est, vérifier si on a tout le matériel nécessaire pour l’après-midi… J’ai un peu l’impression qu’on a perdu la spontanéité qu’on avait en tant que couple sans enfant. On a dû apprendre à S’OR-GA-NI-SER. Et, évidemment, on arrive en retard à tous nos rendez-vous parce qu’on s’est calé sur la sieste ou le repas de bébé. »
Mathieu, papa de Moïse

« Mes parents nous ont sauvés »
« Je me suis séparée du papa de mon bébé peu après la naissance. La question du qui fait quoi ne s’est pas vraiment posée. Je devais tout gérer seule. En congé de maternité, ça allait plus ou moins, sauf que mon compte était à sec. J’ai dû retourner au boulot quand Timon avait 3 mois et, seule, je ne pouvais pas payer la crèche et l’appart… j’étais coincée. La solution, ce sont mes parents qui me l’ont offerte : ils m’ont proposé de m’installer chez eux avec mon bébé et se sont arrangés pour garder Timon quand je suis au boulot. Grâce aux économies de crèche et de loyer, je remonte doucement la pente et règle mes dettes. Mes parents nous ont sauvés. Je vois bien que la situation les fatigue, mais sans eux, je ne sais pas comment j’aurais fait. »
Laetitia, maman de Timon

Régime égalitaire
« Mon compagnon et moi, on est assez égalitaires. Je n’allaite pas Valentin – j’ai essayé, mais ça n’a pas marché… Alors, chacun de nous a ses nuits : une nuit, c’est moi qui me lève pour donner le biberon à Valentin, le lendemain, c’est le papa, et ainsi de suite. Le matin, il s’occupe plus d’Iris, notre aînée, que moi, il la conduit à l’école. Moi, je reste en pyjama, avec Valentin. C’est aussi lui qui, en général, va rechercher Iris à l’école. Je suis contente qu’il fasse ces trajets, parce qu’avec l’école, c’est important de respecter les horaires. »
Lisa, maman d’Iris et de Valentin

EN PRATIQUE

Faire appel aux proches ou à un(e) baby-sitter

Confier votre enfant à une tierce personne (que ce soit pour cause de travail ou parce que vous voulez vous ressourcer un peu sans votre bébé) ne va pas de soi. Normal de montrer de l’inquiétude, surtout si c’est la toute première fois. Une piste ? Passer graduellement de personnes de confiance issues de l’entourage proche (les grands-parents, une tantine, des amis…) à des personnes moins proches – comme un(e) baby-sitter – facilite, en général, les choses. Avantage du baby-sitting : vous ne dépendez pas exclusivement des ressources familiales et amicales.
Cela vaut la peine de proposer à la personne qui vient faire du baby-sitting chez vous d’arriver, la première fois, un peu en avance. Cela vous permettra de lui montrer les lieux. Vous pourrez lui transmettre toutes les infos utiles concernant la sécurité, le bien-être et la prise en charge de votre enfant (en plus de vos numéros de GSM, bien sûr !). Vous pourrez faire les présentations avec votre bébé ou attendre son réveil s’il dort. Bref, une telle préparation permettra de rassurer tout le monde (parents, bébé, baby-sitter) et de tisser la confiance.