Développement de l'enfant

Regarde-moi, je grandis

Vers 3 ans, les enfants sont des boules d’énergie. Ils découvrent à longueur de journée, apprennent mille choses et jouent pour mieux intégrer leurs nouvelles acquisitions. Observons-les, c’est fascinant…

Lucas a juste 3 ans et ses parents sont surpris par son comportement. Il va à l'école depuis quelques semaines et, selon l'institutrice, tout s’y passe bien. Mais tous les matins, il répète qu'il ne veut pas aller à l’école et, quand il n'y est pas, il joue à l'institutrice en prenant un air de « petit militaire » autoritaire et strict que son institutrice ne semble pas avoir !
Mine de rien, Lucas a acquis ou est en train d’acquérir plein de nouvelles compétences. En entrant à l'école maternelle, Lucas a découvert qu’il existe comme individu et ce, même dans un groupe. À la crèche, quand on changeait d'activité, la puéricultrice nommait tous les enfants individuellement : « Lucas, Lucie, Quentin... on va mettre les manteaux pour aller dehors. »
Maintenant, madame dit : « Les enfants, on va à la récré », et Lucas comprend que « les enfants », c’est lui et les autres. Quelle découverte ! Il fait partie d'un groupe d'enfants comme lui et, quand madame appelle le groupe, elle appelle en fait chaque enfant.
Avec cette prise de conscience, Lucas réalise aussi que pour que ça fonctionne, il faut que le groupe respecte les mêmes règles et que c'est madame qui les fait respecter. Si quand madame dit : « Les enfants, on va à la récré », il n'y va pas, il va se retrouver tout seul. Il faut donc faire ce que madame dit, c'est plus sûr.

Les autres ne pensent pas comme moi

Pour s’approprier ces nouvelles acquisitions, pour les intégrer, Lucas joue cette affaire-là. Il met en scène ce qui l’intéresse, ce qu'il cherche à comprendre. Voilà pourquoi il joue à l'institutrice. Il la joue stricte et sévère, car il profite de ce jeu pour projeter sur elle sa crainte de la rétorsion : « Que va-t-il se passer si je ne fais pas ce qu’elle a dit ? Va-t-elle se fâcher ? ».
Lucas avait déjà compris que les interdits des adultes étaient là pour le protéger. Tout petit, on l'empêchait de s’aventurer seul dans l'escalier ou de mettre les doigts dans les prises. Puis, on lui a appris à ne pas mordre ou pousser les copains : cela fait mal, il sait ce que c'est ! Et il faisait confiance aux adultes.
Maintenant, les règles concernent tout le groupe et elles ont à voir avec la sécurité physique mais aussi affective. Lucas n'aime pas se faire tirer l'oreille devant les copains. Jusque-là, peu lui importait qu'il y ait des copains quand on se fâchait sur lui. Et s'il se roulait par terre dans un grand magasin, le regard des autres dérangeait maman mais ne le dérangeait pas, lui.
Lucas est en chemin vers une acquisition très importante : l'autre peut penser autrement que moi. Il sait désormais qu'il existe dans un groupe, que les autres sont des enfants aussi, que les règles facilitent la vie en groupe. Il découvre que le regard des autres sur lui le touche. Tout cela va lui permettre de réaliser que les autres, qui lui ressemblent, ont une pensée propre. Il va pouvoir dire et faire des choses qui font plaisir ou, au contraire, qui font de la peine. Le sens moral et la culpabilité pointent le bout de leur nez…

La chasse aux monstres

Pendant les années de crèche, les enfants ont appris mille choses essentielles : s'asseoir, marcher, manger tout seul, aller sur le pot et voilà qu'ils commencent à bien parler. C'est extraordinaire et ils se sentent les rois du monde. Tout leur semble possible, ils ont envie de tout faire comme les grands.
Les limites qu'on leur met, même si ce sont des limites de sécurité, ils ont bien envie de les outrepasser. Non seulement pour découvrir ce qu'il y a de l'autre côté, mais aussi pour vérifier que les adultes restent vigilants. Même s'ils ont envie de n'en faire qu'à leur tête, ils ont bien besoin de sentir que les adultes sont là pour eux. Cette ambivalence est d'ailleurs source de culpabilité.
Et les voilà qui se mettent à ne pas vouloir aller dormir. C'est difficile d'arrêter les activités en cours - il y a encore tellement de choses intéressantes à faire -, et puis, le soir, dans le noir, quand ils sont tout seuls dans leur lit, les loups et les monstres risquent bien de leur rendre visite.
Ces loups et ces monstres sont, en fait, des créations des enfants sur lesquelles ils projettent tout ce qui est difficile, tout ce qui est « méchant » tant chez eux que chez leurs parents. C’est la manière qu’ils ont de gérer leur culpabilité : ce sont les monstres qui sont mauvais, pas eux ! Du coup, ils pourraient bien venir leur tirer les oreilles pendant la nuit. Une petite chasse aux monstres et des attrape-monstres vont être bien nécessaires pour aider ces grands-petits à s'endormir paisiblement.

Ouf, ils dorment

À 3 ans, ils sont magnifiques, mignons, séducteurs, inventeurs, drôles, mais tellement fatigants. Ils veulent tout faire tout seuls, font des expériences en tout genre, ne se taisent pas, ils n'ont peur de rien… mais ont peur de tout. Si jamais l'adulte disparaît un instant de leur vue, quel drame !
Quel bonheur quand, enfin, ils sont endormis. Cet âge magnifique demande de la part des parents énormément de patience, mais aussi beaucoup de fermeté. Les enfants sont peut-être les rois du monde, mais ce sont les parents qui sont les chefs de la famille. Ce sont eux qui savent ce qui est bien et bon pour les enfants. Cette fermeté est indispensable : sans elle, les enfants se sentent insécurisés.



Mireille Pauluis

En pratique

Quelques trucs à tenter avec les 3 ans :

  • la boîte à monstres,
  • la boîte à bisous quand on doit se séparer,
  • le doudou dans le fond du cartable en cas de besoin,
  • l'horloge avec des gommettes de couleur ou des dessins pour se repérer dans le temps,
  • les livres pour vivre des moments calmes,
  • de la patience pour vous pour leur laisser le temps d'apprendre.
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