Développement de l'enfant

Repas : peur de ne pas suivre la cadence ?

Bébés de 3 mois, repas et pics de croissance

Un bébé gourmand du jour au lendemain alors qu’il était assez régulier au niveau de ses repas, cela arrive vers 3 mois : c’est souvent un pic de croissance. Moment assez crevant, il faut bien l’avouer, pour la maman qui allaite et qui peut, dès lors, avoir peur de ne pas suivre la cadence. C’est heureusement passager. En 48 à 72 heures, le pic de croissance est terminé et le bébé retrouve son rythme des tétées.

« L’avantage des pics de croissance, c’est qu’on peut les prévoir : à 3 semaines, à 3 mois et à 6 mois. Ce sont des poussées de croissance, l’enfant grandit d’un coup », explique Stéphanie Jacob, infirmière pédiatrique dans le Namurois.
Mais comment faire face à un soudain appétit de vorace ? « La maman ne doit surtout pas stresser par rapport à cette augmentation de la demande. C’est une période brève de quelques jours. La solution est de répondre à la demande de l’enfant, de le mettre au sein le plus souvent possible. C’est le principe de l’offre et de la demande. Il faut augmenter les quantités et stimuler, stimuler, stimuler. Les pics de croissance sont assez éprouvants mais ne durent pas », précise cette consultante en lactation.

Au menu : toujours du lait

Pour les bébés biberonnés, même principe : s’ils ont faim et réclament fort, on leur propose plus de lait que d’habitude. Même si ça paraît énorme. Les bébés estiment à merveille les quantités dont ils ont besoin. Il suffit de leur faire confiance. Sans jamais forcer pour qu’ils terminent leur bibi. Pas besoin non plus de compléter avec des farines, céréales ou panades de légumes. Les bébés goûteront des légumes entre 4 et 6 mois, pas avant. Lors du pic de croissance des 3 mois, ils boivent plus de lait, c’est tout. Et quand le pic est passé, ils retrouvent leur rythme de croisière.

À 3 mois, un bébé a besoin au minimum de cinq repas en 24 heures. Et si, par chance, il dort la nuit, on ne le réveille plus pour le nourrir

Mais quel est le rythme d’un bébé de 3 mois ? Tout dépend de l’enfant. Avec une constante, cependant : à cet âge-là, un bébé a besoin au minimum de cinq repas en 24 heures. Et si, par chance, il dort la nuit, on ne le réveille plus pour le nourrir. « Si le bébé est allaité à la demande, vers 3 mois, il ne devrait plus réclamer toutes les heures. Il peut tenir trois à quatre heures d’affilée. On apprend aux mamans une technique de compression du sein qui leur permet de donner un max en une fois et de vider complètement leurs seins », détaille Stéphanie Jacob.

Mon bébé mange-t-il assez ?

Souvent, les bébés se calquent sur le rythme de vie des parents. Mais on ne va pas vous faire rêver, certains petits bouts restent de très petits mangeurs à 3 mois. Espacer les tétées alors qu’ils hurlent de faim ne sera pas forcément la solution. « Pourquoi les faire patienter quand ils ont faim ? demande Harmony Garcie, sage-femme. Si un bébé fait plusieurs pipis et au moins un caca par jour, qu’il n’a pas de température et qu’il ne devient pas jaune, c’est qu’il va bien et qu’il est bien nourri, à une cadence qui lui convient. Les parents peuvent être rassurés. »
Ouf ! Parce que c’est une question qui revient très souvent chez les jeunes parents : est-ce que notre bébé mange assez ? Avec la variante pour les mamans allaitantes : ai-je assez de lait pour mon petit ? « Les mamans sont rarement au courant qu’à un moment, leur poitrine reprend sa taille habituelle. Elles ne gardent pas pendant toute la période de l’allaitement leur poitrine gonflée et tendue comme lors de la montée de lait à la maternité. Souvent, je dois rassurer des mamans. Le sein n’est pas un réservoir à lait. Le lait est produit au moment où le bébé va au sein et commence à téter », explique la consultante en lactation Stéphanie Jacob. Un bébé mis au sein lorsqu’il a faim aura donc toujours assez de lait à boire. Sauf si la maman sature et qu’elle a envie de passer le relais. Dans ce cas, elle peut sevrer partiellement ou totalement son bébé. Comment ? En supprimant une tétée à la fois pendant quelques jours au profit d’un biberon. Ainsi, sa production de lait diminuera progressivement, sans subir d’engorgement ou de mastite.

BON À SAVOIR

Reprise du travail : à planifier, et puis ça roule

Rappel des droits de la maman qui reprend le travail et des possibilités qui s’offrent à elle, avec Stéphanie Jacob, infirmière pédiatrique et consultante en lactation dans le Namurois.
« Si la maman allaite, elle a droit légalement à un certain temps pour tirer son lait pendant sa journée de travail : deux pauses d’une demi-heure pour une journée de travail de 7h30. Dans un local isolé, avec une hygiène correcte et un frigo à proximité pour conserver le lait.
La reprise du travail ne signifie donc pas l’arrêt de l’allaitement. En gardant la tétée du matin, en tirant son lait deux fois en journée et en allaitant son bébé au retour de la crèche et le soir, l’allaitement peut se poursuivre. Une autre possibilité, c’est de sevrer partiellement son bébé avant la reprise du travail. Il existe plein de façons d’allaiter. Des consultantes en lactation peuvent venir à domicile pour guider les mamans. Car la reprise du travail, c’est une organisation à planifier, et après, ça roule. C’est alors tellement magique de continuer l’allaitement. Surtout que les premiers mois de crèche sont souvent pleins de microbes. Avec l’allaitement, le petit loulou a les anticorps de sa maman qui l’aident à se battre et qui le protègent.
Mais chaque maman doit sentir ses limites. Je ne suis pas pour des mamans allaitantes au bout du rouleau. C’est important pour le bébé d’avoir une maman calme, aimante et disponible. »

LES PARENTS EN PARLENT…

Une vraie petite vorace
« Ma fille Octavie a 3 mois et je l’allaite. Je prends du plaisir à la nourrir moi-même, à fabriquer toute seule tout ce dont elle a besoin. La nuit, c’est hyper-pratique, je l’attrape, hop, je la mets au sein, et quand elle a fini, je la fais glisser dans son lit à côté du nôtre. Elle tète toutes les trois-quatre heures pour l’instant, c’est gérable. Mais, depuis hier, elle est hyper-demandeuse, une vraie petite vorace. En plus, elle pleure beaucoup et semble ne jamais avoir assez bu. Je commence à m’inquiéter. J’ai peur de ne pas suivre la cadence. Je ne sais pas si c’est différent avec du lait en poudre, si ça nourrit plus. Dans mon entourage, les avis sont nuancés. Certains me disent de m’accrocher, que je donne le meilleur à Octavie et que son grand appétit n’est que passager. D’autres me disent qu’allaiter trois mois, c’est bien assez… alors qu’à la maternité, tous me regardaient avec tendresse parce que j’allaitais, un peu maladroitement, ma fille. »
Ludivine, maman d’Octavie

Tester différents biberons
« Transition sein-biberon en cours chez nous pour l’instant. On a un peu galéré pour faire accepter le biberon à notre petit Gaston. On en a testé plusieurs avant d’en trouver un qui semble convenir. On prépare doucement le retour au boulot de ma femme. On sait bien que Gaston ne se laissera pas mourir de faim à la crèche, mais on a préféré anticiper. Et puis, c’est un peu ma mission de papa : lui donner son premier biberon. Pour le moment, il boit du bout des lèvres, mais ça va venir. La question que ma femme se pose, c’est : biberon de lait maternel ou biberon de lait artificiel pour la crèche ? Tout dépendra des stocks qu’elle arrivera à faire. Pour moi, j’avoue, c’est kif-kif. »
Pierre, papa de Gaston

EN PRATIQUE

Quel tire-lait choisir ?

Pour celles qui veulent combiner allaitement et boulot, l’utilisation d’un tire-lait est souvent nécessaire avec un bébé qui se nourrit exclusivement de lait. Entre les modèles manuels et électriques, avec simple ou double pompage, en achat ou en location, via votre mutuelle ou votre pharmacie… il y a le choix !
Les tire-lait manuels sont moins chers et discrets, mais ils fatiguent le pouce ! Ils sont parfaits pour des récoltes occasionnelles. Les tire-lait électriques permettent un pompage régulier, plus proche du rythme de succion d’un bébé.
Certaines mamans passeront plutôt à un allaitement mixte : lait maternel/lait artificiel. À moins qu’elles ne puissent venir allaiter leur petit chez l’accueillante ou à la crèche en journée. Mais cela reste rare chez nous.