Développement de l'enfant

Ses bêtises ? Quelles expériences !

Le bébé de 11 mois a une imagination débordante

La reine des bêtises, votre petite aventurière ? Une vraie cata, votre petit casse-cou ? Les bébés de presque 1 an sont certainement de grands explorateurs ! Et avec l’acquisition de la marche, le territoire de leurs découvertes s’élargira encore pour leur plus grand bonheur… et sous l’œil parfois inquiet des parents.

Évidemment, pour ces bébés grandissants, ces découvertes sont de formidables expériences : que se passe-t-il si je lâche mon bout de pain depuis ma chaise haute ? Et si je mets ce truc noir – la terre des plantes – en bouche, ça fait quoi ? Nous adultes, on sait déjà que c’est le côté de la tartine plein de confiture qui tombera sur le sol. On sait aussi que la terre croustille parfois entre les dents et que ce n’est pas délicieux. Aurait-on déjà tenté l’expérience pour connaître toutes ces réponses ? Peut-être. Mais, alors, pourquoi notre petit chéri ne pourrait-il pas faire ces découvertes par lui-même aussi ? Bien sûr, on aimerait lui éviter plein d’expériences désagréables et nous éviter au passage quelques frayeurs et coups d’aspirateur…
Mais explorer, comparer les odeurs, textures et goûts… ça fait grandir ! Pour l’enfant, ce ne sont pas des bêtises du tout. Il suit simplement sa curiosité et son imagination débordante.

Une liberté sécurisée

« Chez nous, ce sont les escaliers qui fascinent Arnold. Il veut les escalader, ça l’amuse autant que ça m’effraie. Alors O.K., il doit pouvoir explorer, découvrir son monde, tout ça… mais je ne veux pas qu’il dégringole toute la volée de marches sur la tête ! Si je le laisse poursuivre son exploration, ça finira mal. Alors, je lui interdis de monter. Hier encore, je lui ai hurlé d’arrêter. Il s’est raidi et j’ai eu peur qu’il ne tombe… à cause de mes cris, en fait », témoigne Aurélie.
Faut-il crier sur un enfant « désobéissant » ? Isabelle Filliozat, psychothérapeute qui a popularisé l'éducation positive en France et auteure de nombreux livres, dont « J’ai tout essayé ! » (Éditions JC Lattès), répond ci-dessous qu’il vaut mieux s’abstenir. Mais, face à certaines situations, on ne peut pas faire autrement. Le challenge pour les parents, c’est de trouver le juste équilibre entre la liberté et la sécurité de leur enfant. Poser le cadre, garantir la sécurité du bambin et, à l’intérieur de cet espace sécurisé, lui permettre de grandir. Un environnement sans danger ou presque peut éviter pas mal de frayeurs et de mésaventures.
Depuis plusieurs numéros du Ligueur et mon bébé, on le répète, quelques arrangements suffisent parfois : poser des tapis au sol pour amortir les chutes éventuelles, protéger les tranches et coins des meubles bas, fixer les étagères au mur pour éviter qu’elles ne tombent, ne pas laisser de bibelots fragiles à hauteur d’enfant mais plutôt les remplacer par des jeux que le petit peut manipuler à sa guise.

Les petits de presque 1 an ne se limitent pas à réaliser des expériences avec des choses, ils testent aussi leur entourage

À la cuisine, on range les produits d’entretien en hauteur. Et on laisse sous l’évier des chiffons, éponges et lavettes, mais aucun liquide ni bocal en verre. Les récipients en plastique, eux, peuvent être rangés tout en bas, à hauteur d’enfant. À moins que vous ne préfériez simplement empêcher l’accès de la cuisine à votre petit ou lui aménager un coin bien à lui, comme l’a fait Anaëlle, maman de deux Schtroumpfettes de 4 ans et 1 an : « Chez nous, la cuisine est tellement grande qu’on y a installé un coin jeux pour les petites : avec une kitchenette, bien sûr, mais aussi des poupées, des cubes… La grande adore y préparer des gâteaux pendant qu’un de nous cuisine pour de vrai, mais sa petite sœur préfère pour l’instant s’agripper à mes mollets ou réclamer mes bras pour voir d’en haut ce qui se passe. J’ai beau lui dire de ne pas venir dans la cuisine, son envie est la plus forte. Parfois, j’ai l’impression que c’est même un jeu pour elle de braver les interdits. »

Des parents solides comme un mur sans brèche

Nos petits de presque 1 an nous en font parfois voir de toutes les couleurs. Ils ne se limitent pas à réaliser des expériences avec des choses, ils testent aussi leur entourage. Avec des airs frondeurs, ils poursuivent sur leur lancée quand on leur dit non. Car, pour eux, voir un visage qui change d’expression, c’est drôlement intéressant. Mais, pour les parents, c’est nettement moins drôle et parfois vexant.
« Comment réagir si mon petit veut jouer avec la litière du chat ? nous demande Mélissa, maman de Gaspard, 11 mois. Je suis tout le temps sur le qui-vive de peur d’une nouvelle bêtise. Je n’ai pas une minute à moi. Et je me sens un peu perdue. Parfois, je voudrais juste me mettre en mode avion et le laisser faire. Mais je ne veux pas passer pour une mère inconsciente non plus. »
Si crier très fort ne fonctionne pas forcément, laisser faire son petit au péril de sa vie est impensable. Alors, sans rester scotché à lui, on peut le tenir à l’œil, discreto. Il a peut-être envie de liberté mais n’est pas prêt à se passer du regard bienveillant et sécurisant de ses parents. On maintient le cap, on pose les limites de sécurité de base avec calme et tendresse. Un parent solide comme un mur sans brèche et plein d’amour, c’est peut-être la solution. Même s’il faut répéter plusieurs fois calmement la consigne. L’avantage d’un mur solide, c’est que l’enfant peut s’y appuyer, pour grandir.

L’AVIS DE L’EXPERTE

Le parent peut se tromper… s’il répare juste après

Isabelle Filliozat, psychothérapeute française

Élever un enfant, c’est difficile. Surtout qu’un enfant change tout le temps. Et comme tout être humain, il est complexe. Mais les parents n’ont pas besoin d’être parfaits. On peut se tromper, ce n’est pas grave, les enfants ne nous en tiennent jamais rigueur, surtout si on répare juste après. En général, on se rend compte, en voyant la réaction de notre enfant, si notre intervention était appropriée ou pas. Et on peut rectifier.
Le problème, c’est qu’on a tendance à faire toujours plusieurs fois la même chose. Certains parents crient vingt fois la même chose à leur enfant. Pourquoi crier vingt fois la même chose, si ça ne marche pas au bout de trois fois ? C’est qu’il faut faire autrement. Il y a d’autres moyens de faire respecter les règles et de montrer qu’elles sont importantes.
Avant, l’éducation limitait les enfants, on les éduquait dans la peur et la honte. Mais ça change. Aujourd’hui, on ne veut plus les dominer. On veut créer un monde dans lequel ils ont confiance en eux. On voit aujourd’hui que la confiance en soi est nécessaire, indispensable pour l’être humain, depuis sa plus tendre enfance.
Si un parent voit sa colère monter face à une « bêtise » de son enfant ou face à son enfant qui explose, il doit tenter de garder son calme, en respirant profondément, en buvant un verre d’eau… En tout cas, il doit éviter d’hyper-réagir. Mais on sait combien c’est difficile.

LES PARENTS EN PARLENT…

Faire trop le gendarme ?
« Manon cherche toujours un de nos GSM ou la télécommande de la télé. Elle adore les chipoter, les goûter, les faire tomber… une vraie cata ! Mais ce n’est pas tout, les prises aussi l’intéressent. Tout comme la terre des plantes du salon. Elle joue avec des petites mottes de terre, elle en fait tomber un peu sur le sol, elle y plante son doudou puis le met en bouche. Au début, je tapais dans mes mains pour attirer son attention chaque fois qu’elle s’approchait d’un endroit dangereux. Mais ce n’était pas efficace. Maintenant, j’essaie de lui dire stop ou non. À la longue, c’est épuisant de la suivre tout le temps, j’ai l’impression de faire le gendarme. Hier, elle a tenté de se mettre debout en tirant la nappe de la table. Elle est tombée, le verre plein d’eau qui était sur la table aussi. Heureusement, rien de grave. Ma mère me dit que Manon est la reine des bêtises. Mais j’ai l’impression que ma petite puce ne fait pas vraiment exprès de tout casser. D’ailleurs, son papa en rit et dit qu’elle sera une grande exploratrice plus tard. »
Éline, maman de Manon

S’inspirer de Montessori
« Du bazar partout et, au milieu, deux chipoteurs à l’air coquin, on connaît. Nos jumeaux peuvent s’occuper longtemps avec des chaussettes de couleur vive, des casseroles, des magazines à déchirer… et tout ce qu’ils trouvent à leur hauteur. Pour éviter un maximum de catastrophes, on a décidé de revoir la déco et l’aménagement de notre intérieur en s’inspirant de la pédagogie Montessori. On a déplacé nos beaux vases hors de la vue des enfants et de leur portée. Les jeux sont posés au sol dans des bacs qu’ils peuvent tirer et dans lesquels ils peuvent se servir. On a caché les fils électriques, bougé les plantes et ajouté des tapis mous çà et là. Depuis une semaine, on les fait dormir sur un matelas au niveau du sol. Ils peuvent s’y installer eux-mêmes. L’idée, c’est de favoriser leur autonomie et de ne pas les freiner dans leur développement. »
Christie, maman de Sam et de Gaspard