Développement de l'enfant

Ses petits doigts font la pince

Ses petits doigts font la pince

Rappelez-vous, vers ses 4-5 mois, votre bébé devenait de plus en plus expert avec ses mains : il attrapait, agrippait, s’accrochait, mettait en bouche… Certes, avec toute sa maladresse. Mais avec un plaisir évident. Quel chemin parcouru depuis !

Ces fameuses menottes lui sont aujourd’hui utiles à plus d’un titre. « Les mains donnent au bébé des appuis pour marcher à quatre pattes, grimper, se mettre debout… Un rôle important des mains, à 10 mois, est donc de servir d’appuis, de supports et de permettre l’équilibre, explique Bénédicte Guislain, kinésithérapeute pédiatrique au CHIREC (site Delta) et en privé, à Bruxelles. Autre fonction des mains : elles servent à communiquer. Elles font les marionnettes, elles disent au revoir, bravo… Et puis, le bébé pointe du doigt : il n’a pas encore les mots pour dire les choses, mais en pointant du doigt, il exprime quelque chose. Enfin, les mains permettent la préhension. Vers 10 mois, la motricité fine se développe énormément. Entre autres, avec l’utilisation de la pince pouce-index (laquelle est notamment précédée par la prise palmaire, entre la base du pouce et les quatre autres doigts) : l’enfant saisit des petits objets, ses manipulations gagnent en précision et en efficacité. Il met dedans, il vise, il pose au-dessus… Il va acquérir, grâce à toutes les manipulations qu’il fait, le sens du contenant, du contenu, du haut, du bas, du dedans, du dehors… Autant de concepts qu’il vit également avec tout son corps (il passe en dessous, il se met dedans, il contourne…), pour pouvoir, un jour, passer à l’abstraction. Il expérimente aussi la forme, la taille, la profondeur des objets : le petit, le grand, le mince, l’épais, le rond, le carré… »

Tout objet est prétexte à jouer avec votre bébé à « Je te donne, tu me donnes »

Prendre, remettre, enlever, cacher, retrouver… Votre bébé est à fond dans la manipulation. Il traque les miettes sur la tablette de sa chaise haute ou celles tombées sur le sol. Il ne réussit pas toujours à les ramasser du premier coup, il lui faut de la persévérance. Au repas, il a une cuillère en main, mais il cherche encore à tourner sa main pour que la cuillère reste remplie jusqu’à son arrivée dans la bouche. Au service de son désir et de ses explorations, ses mains vont devenir un outil de plus en plus souple. Ses mouvements vont devenir de plus en plus fins.

Une panoplie de nouveaux jouets

Certains types de jouets sont particulièrement intéressants pour votre bébé. Tour d’horizon avec Bénédicte Guislain. Il y a les jeux d’encastrement : « À 10 mois, l’enfant commence à s’intéresser à mettre dedans, il aime encastrer, emboîter, mais il est difficile, pour lui, de faire correspondre une pièce et son support évidé, on peut dès lors le guider un peu. » Il y a les bouliers d’activités (également appelés labyrinthes à boules), les arbres à découvertes, les toboggans à boules (bien stables et composés d’un circuit simple), les jeux qui répondent au principe « action-réaction » (je pousse sur un endroit et une porte s’ouvre, un petit bonhomme surgit…). Place aussi aux gobelets, petits pots et tonneaux qui, à la façon des poupées gigognes, se mettent les uns dans les autres, et aux gros cubes (même s’il ne s’agit pas encore de faire des constructions : « Avec les blocs de son frère, notre petite est plus dans la démolition que dans la construction, ou alors, elle s’occupe d’un seul bloc qu’elle place quelque part de façon très imprécise », confirme une maman). Tout objet est prétexte à jouer avec votre bébé à « Je te donne, tu me donnes ». Bien sûr, vos bassines, boîtes en plastique et cuillères en bois font aussi merveilleusement son affaire. Vous pouvez lui proposer des anneaux empilables – mais n’attendez pas qu’il les range dans le bon ordre ! –, des instruments de musique – maracas, xylophone, tambourin –, des bâtons de pluie à remuer (pour qu’ils fassent du bruit) et à faire rouler. Et parmi les jouets qui sont toujours d’actualité… et qui le resteront longtemps, il y a les balles et les petites voitures (pas si petites) qui roulent, ainsi que les engins qui filent quand on pousse sur la tête du chauffeur…
En ce qui concerne la motricité fine, à quoi veiller ? Pour Bénédicte Guislain, il est important de ne pas interdire au bébé de prendre la nourriture avec ses doigts – « Toucher est une façon de découvrir et de connaître ». « Profitez des repas pour lui proposer un bol avec des petites pâtes cuites, des flocons de céréales ou des morceaux de fruits : qu’il puisse "sentir" ces différentes textures ! » Il est important de le laisser explorer avec la bouche – « C’est encore l’âge où on met en bouche, même si cela l’est moins qu’à 6 mois ! » –, de le laisser se salir aussi.

Le sol, à explorer encore et toujours

À part cela, l’âge de 10 mois reste celui où votre bébé fait ses expériences au sol, dans un espace varié et sécurisé. À l’extérieur de la maison, laissez-le s’amuser avec de l’herbe, du sable, des cailloux, sous votre surveillance toujours. Pour la majorité des enfants, 10 mois, ce n’est pas encore l’âge du debout, qui est 11-12 mois. Et donc, s’il ne le fait pas spontanément, il ne faut certainement pas mettre de force votre bébé dans la position verticale !
Le trotteur ? À bannir, c’est très clair, insiste Bénédicte Guislain. « Parce qu’il ne permet pas à l’enfant de faire par lui-même ses expériences sensorimotrices d’avant la marche. Parce qu’il lui donne un mauvais schéma de la marche, notamment en positionnant mal ses pieds. Parce qu’il ne lui offre pas la possibilité d’exercer son équilibre – il lui "donne" l’équilibre. Parce qu’il le rend dépendant – il faut qu’un adulte le mette dedans et le tire de là. Parce qu’il est dangereux, en plus : mis dans le trotteur, l’enfant a facilement accès aux plaques électriques, aux escaliers… » Un dépliant de l’ONE, à télécharger, résume les raisons pour lesquelles il devrait être purement et simplement interdit : Trotteur = danger.
Comme le bébé n’est pas encore à l’âge du debout, « cela ne sert à rien de lui mettre des chaussures », précise la kinésithérapeute pédiatrique. Il peut rester pieds nus ou porter des chaussons souples antidérapants. « Les chaussures viendront après, quand l’enfant passera la plupart de son temps debout. »

BON À SAVOIR

Deux mains, dix doigts et mille occasions de s’en servir

Il y a les mains appuis, les mains supports, les mains qui apportent l’équilibre. Il y a les mains pour communiquer. Et les mains pour la préhension.
Il est important que les parents renforcent ces différents rôles des mains auprès de leur bébé, qu’ils lui donnent des occasions d’affiner l’usage de ses mains dans ces trois fonctions, insiste la kinésithérapeute pédiatrique Bénédicte Guislain.
Qu’est-ce que cela veut dire concrètement ?

  • « Par rapport à la motricité globale, il s’agit d’encourager l’enfant à utiliser cette main appui, cette main support, cette main équilibre, en le laissant vraiment faire ses expériences au sol, à quatre pattes, et en ne le coinçant surtout pas dans la position assise ou la position debout. »
  • « Côté communication, si l’enfant fait coucou, bonjour ou bravo avec ses mains, c’est qu’il a vu ses parents faire ces gestes, il le fait par imitation. Le bébé imite son parent, celui-ci l’encourage, il y a du répondant de part et d’autre. »
  • « Et en ce qui concerne la préhension ? La sélectivité du mouvement s’installe grâce à la maturation neurologique et à l’expérience. À 6 mois, le bébé ne savait pas faire la pince, maintenant, oui. Et donc, il faut lui proposer des jouets adaptés, qui lui permettent d’expérimenter et d’affiner ses mouvements de plus en plus sélectifs. »

LES PARENTS EN PARLENT…

Quelle habileté !
« Safia sait très bien attraper les objets avec sa main et les faire passer d’une main à l’autre. L’autre jour, elle a réussi à saisir une carte postale et aussi une feuille de papier toute, toute mince. Elle arrive maintenant à prendre des choses entre son pouce et son index. Elle est par exemple très habile avec le pain : elle retire la mie pour la manger et garde la croûte pour la sucer ! »
Kamal, papa de Safia

Puzzles et capuchons de biberons
« Gabriel a deux puzzles en bois tout simples. C’est nous qui lui montrons quelle pièce va où, mais c’est lui qui la place. Il adore retirer les pièces de leur trou puis les y remettre. Il a aussi une grosse boule avec des emplacements pour des formes : il a compris comment il devait prendre une forme et la mettre à sa place. Il aime bien tendre son petit doigt et qu’on le rejoigne avec notre doigt. Il a commencé à faire "tope là !" et tout le monde fait "tope là !" avec lui. Enfin, grand plaisir pour lui : remettre le capuchon sur son biberon. »
Aurore, maman de Gabriel