Loisirs et culture

Sophie Hardy : une maman au top des 20 km de Bruxelles

Comment concilier l'entraînement sportif et sa vie de famille ?

Le 25 mai dernier, la Gembloutoise Sophie Hardy remportait, pour la seconde fois, la course des 20 km de Bruxelles. Un exploit d’autant plus remarquable quand on sait que son fils cadet avait à peine 11 mois !

Silhouette fine et musclée, démarche dynamique et assurée, du haut de son mètre 55, Sophie Hardy sait en imposer. Lorsqu’elle traverse le sas du bar de l’hôtel waterlootois dans lequel elle nous a fixé rendez-vous ce soir-là, on remarque immédiatement la femme d’action déterminée.
Elle nous surprend en commandant un « gin to’ ». « C’est l’avantage de faire ça en amateur : je ne suis pas obligée de faire attention à tout ce que je mange. Je peux me laisser vivre ». Avec son statut de pneumologue, elle nous aurait achevé en allumant une cigarette. Chose qu’elle n’a évidemment pas faite. Puisqu’à l’inverse, son fils Diego, presque 5 ans, lui signale déjà tous les passants fumeurs en disant : « Oh, regarde maman, des gens qui vont venir chez toi ! ». Ce dernier s’étant cassé la clavicule, il a chamboulé l’organisation familiale, cela explique les trois micro-minutes de retard de sa maman. C’est ce qu’indique l’imposante montre électronique de celle-ci, seul accessoire technique pour lequel la coureuse ait craqué.

On n'a rien sans rien

À la question « Comment fait-on pour remporter les 20 km de Bruxelles à 35 ans, avec deux enfants en bas âge et un métier hyper prenant ? », Sophie Hardy répond sobrement : « Quand on veut, on peut ». Puis ajoute : « La course à pied, c’est une passion, mais aussi une drogue : j’en ai besoin. Je vais au boulot en vélo long tail – où je peux mettre le Maxi Cosi - et je rentre en courant, et le lendemain, c’est l’inverse. J’alterne. C’est ce qui me permet de m’entraîner. Quand je cours, je ne vais pas directement au travail, je fais des détours. Cela me fait une quinzaine de kilomètres par jour. Je cours six jours sur sept… On n’a rien sans rien ! ».
Sophie Hardy reconnaît que depuis sa vie de famille, elle ne peut plus s’entraîner avec son club du RCB à Boitsfort, « Sinon, je ne verrais plus mes enfants ! ». Son entraîneur, Marc Vanderlinden, continue à lui prodigue des conseils de temps en temps. « Il sait que mon but n’est pas de faire de la course tous les week-ends. Mais que si je cours, je le fais à fond ».

« Gagner les 20 km de Bruxelles ? Pendant 48 heures, tu planes. Tes enfants peuvent faire n’importe quoi, ce n’est pas grave ! »

Pour elle, les 20 km de Bruxelles, c’est « LA » course. « C’est ma course fétiche. Une de mes toutes premières. C’est une course magique : on est porté par l’ambiance de fou. Et quand tu les gagnes, ta boîte mail explose ! ». En 2017, son rêve se réalise, elle termine première. « Jamais je n’y aurais cru. Là, tu es ailleurs, tu planes, tu ne te rends pas compte. J’ai reçu des millions de messages sur Messenger, Facebook… ».
Dans un coin de sa tête, se loge le rêve de revivre cette folle aventure. Mais deux blessures et deux grossesses l’en empêchent. Jusqu’à cette année. Pourtant, elle hésite. « Je n’avais pas envie de le faire en touriste et je pensais que je n’avais pas le niveau ». Puis elle change d’avis – « Je me suis dit que j’allais le regretter sinon » – et s’y prépare consciencieusement en faisant des fractionnés, « genre, vingt fois 400 mètres » ; en mangeant plus de féculents – « pour stocker des réserves de glycogène » – ; tandis que le jour précédent et la veille, « je ne bois pas d’alcool et j’essaie d’avoir une bonne nuit. Mais avec deux enfants… ». Elle s’est aussi testée sur les 10 km d’Uccle, qu’elle a remportés : « Mais y’a moins de niveaux », dit-elle, presque blasée.

Trio de tête maternel

Fait interpellant, le trio de tête des 20 km cette année, ce sont… trois mamans ! « Quand on s’est retrouvées sous la tente VIP en attendant la coupe, on s’est rendu compte qu’on avait les mêmes vies, les mêmes objectifs. L’une a arrêté de courir très vite car elle avait peur, l’autre a presque couru jusqu’en salle d’accouchement. Moi, c’est entre les deux, jusqu’à quatre mois pour le premier - suite à un holà de mon mari -, et six mois pour le second, car j’avais des tensions ».
Or, la course doit rester un plaisir. Ce sport l’aide à se sentir bien, à évacuer son stress et à faire le vide après le boulot. « Il y a un côté méditatif ». Sophie Hardy admet être beaucoup plus cool avec ses enfants en ayant couru. Les valeurs qu’elle aimerait leur transmettre ? « L’amour. Le partage, le soutien et le respect. C’est important de pouvoir s’entraider. On est une équipe ». Tout est dit.

ZOOM

Son palmarès des 20 km de Bruxelles

  • 2014. Première participation. Classée 23e avec un temps de 1h21.
  • 2015. Classée 3e avec un temps de 1h17.
  • 2016. Fait un malaise. Termine la course, mais refuse de badger.
  • 2017. Remporte la course avec un temps de 1h13.
  • 2018. Naissance de Diego
  • 2023. Naissance de Jimmy
  • 2024. Remporte la course avec un temps record de 1h10.