Société

Avant la crise covid, les parents pointaient le télétravail comme un élément majeur pour mieux concilier travail et vie de famille. Le confinement est passé par là et a permis le développement de nouvelles habitudes en la matière tout en y ajoutant des difficultés jamais connues auparavant, et en particulier la nécessité de télétravailler tout en s’occupant de ses enfants.
Fin mars, la Ligue des familles a participé à un colloque organisé par le groupe PS du Parlement bruxellois ayant pour thème le numérique. Elle était invitée à intervenir sur le droit au télétravail. L’occasion de partager ses constats et de rappeler ses revendications en la matière.
Un vrai travail à temps plein
Depuis le début de la crise, la Ligue des familles n’a cessé de le répéter : le télétravail étant un vrai travail à temps plein, il n’est pas compatible avec la garde d’enfants. Or, il ressort de notre récente enquête que face aux fermetures de classe/crèche, 7 parents sur dix télétravaillent tout en s’occupant des enfants.
Télétravail et garde d’enfant : une situation très difficile à vivre
Pendant le premier confinement, mais aussi lors des fermetures d’écoles qui ont suivi, le télétravail a été une vraie épreuve pour la plupart des parents. Ils ont été nombreux à décrire cette situation comme un « enfer », « stressant », « éreintant » ou encore « Mauvais pour la scolarité de mon enfant, mauvais pour mon travail qui avance moins, mauvais pour mon sommeil et mes nerfs, car je dois alors tirer sur la corde ».
Le télétravail a augmenté les inégalités dans le couple
Avec la pandémie, les hommes et les femmes ont été beaucoup plus nombreux à rester à la maison. La grande révolution du partage égal des tâches ménagères n’a pas eu lieu, au contraire, le confinement a augmenté les inégalités dans le couple. Pour caricaturer, les femmes se sont retrouvées à télétravailler à la maison tout en gardant les enfants.
La demande des parents
Avant la crise sanitaire, selon une enquête que nous avions menée auprès de plus de 4 000 parents, 45% d’entre eux souhaitaient pouvoir effectuer du télétravail, évidemment sans imaginer à l’époque que cela se ferait en gardant leurs enfants. Mais parce que cela permet de réduire les temps de trajet, de lancer une lessive entre deux réunions, etc. En cela, le télétravail améliore la conciliation entre vie privée et vie professionnelle.
Accès inégal au télétravail suivant le statut
Le télétravail ne concerne pas tou·tes les travailleurs et travailleuses, certain·es n’y ont pas accès à cause de la nature de leur métier (il ne faut pas les oublier et il y a un effet de classe) ou de leur statut. La Ligue des familles lance dès lors un appel à une réelle équité de traitement pour les parents quel que soit leur statut : salarié·es, indépendant·es et fonctionnaires.
Une véritable demande, mais à condition d’être encadré
Le télétravail n’est pas une fin en soi et il ne constitue pas LA solution pour combiner travail et garde d’enfants. Il est probable que la crise sanitaire mène à une augmentation du télétravail structurel, ce qui peut répondre aux besoins de certains parents, mais à condition toutefois que ce soit bien encadré. Il faut être attentif aux dérives qu’il engendre. On pense notamment à l’effacement de la séparation vie familiale-vie professionnelle, l’isolement, l’augmentation du chauffage (à l’heure où la facture d’énergie explose !). Par ailleurs, la mise en place du télétravail ne dédouane pas les pouvoirs publics et les employeurs de mettre en place des dispositifs de conciliation entre travail et vie de famille (congé enfant malade, congé de conciliation, etc.).
EN RÉSUMÉ
La Ligue des familles plaide pour un élargissement du télétravail des parents qui le souhaitent. Tout en attirant l’attention sur le fait qu’il ne dédouane pas les pouvoirs publics et les employeurs/employeuses de mettre en place des dispositifs de conciliation entre travail et vie de famille, comme le congé enfant malade.