Crèche et école

Toutes les nouveautés pour la rentrée 2023-2024

Le Ligueur vous présente les actualités de cette rentrée 2023 en matière de gratuité, harcèlement, Évras… Faisons le tour de tous ces changements qui font avancer l’école petit à petit.

► Gratuité scolaire

Après un an d’interruption, le chantier gratuité reprend du service et fait son entrée en primaire. En 1re et 2e primaire, aucune fourniture scolaire ne peut être réclamée. Seuls un cartable, un plumier et une tenue de sport peuvent être demandés aux parents. Cette mesure s’inscrit dans le Pacte pour un enseignement d’excellence qui instaure progressivement la gratuité dans l’enseignement obligatoire.

  • L’avis de Merlin Gevers, chargé d’études à la Ligue des familles : « La gratuité obtenue est une avancée importante pour les familles, mais elle reste partielle. Les écoles peuvent encore proposer aux familles de financer l’achat groupé de manuels scolaires et de livres, alors qu’une subvention (baptisée Manolo) dédiée à ce type d’achat est chaque année sous-utilisée. Autre bémol, aucun plafond n’a encore été défini pour les sorties et voyages scolaires alors qu’on sait que leur coût est un frein à la participation. Une autre des revendications de la Ligue des familles est de faire du temps de midi un temps scolaire. 97% des enfants restent manger à l’école et les frais de surveillance sont encore à charge des parents. Pour la rentrée prochaine, nous appelons la ministre Caroline Désir à continuer la marche en avant et à organiser la gratuité des fournitures en 3e et 4e primaire. »

► Harcèlement scolaire

Depuis avril 2023, la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB) s’est dotée d’une politique structurelle pour prévenir le harcèlement et améliorer le climat scolaire. Cette politique débouche sur deux mesures :
- la mise en place d’un Observatoire du Climat scolaire et d’un cadre de référence commun d’actions.
- 200 écoles bénéficient dès cette rentrée d’un accompagnement pour mettre en place des actions de prévention et de prise en charge du harcèlement par un opérateur agréé de la FWB.
Pour ce faire, les écoles ont dû répondre à un appel à candidatures. Cet accompagnement vise à former l’équipe éducative, organiser une séance d’information pour les parents et les enseignant·es sur le cyberharcèlement, mettre en place des outils de gestion de conflits (espaces de parole régulés, ambassadeur ou ambassadrice, justice réparatrice, cellule d’intervention, médiation par les pairs, préoccupation partagée…). La FWB finance une période par semaine de la personne déléguée à ce projet au sein de l’école.

  • L’avis de David Plisnier, coordinateur du C.R.I.H (Centre de Référence et d’Intervention Harcèlement) : « Dans les faits, seules 116 écoles ont postulé et sont accompagnées depuis cette rentreé. On peut y voir le signe d’un décalage entre le plan et les réalités des écoles. Certaines se sont découragées face aux lourdeurs administratives du dossier à remettre, d’autres estiment que les moyens dégagés sont insuffisants au regard des objectifs attendus. L’école qui s’engage reçoit une période par semaine pour poser un diagnostic du climat scolaire, mettre en place un programme, se former, mais aussi prévenir et intervenir. De manière générale, les écoles se disent aussi en demande d’une aide de terrain concrète dans la prise en charge des situations difficiles, ce qui n’est pas prévu dans ce plan. La mise en place d’une politique structurelle est une très bonne chose, mais sans doute faudra-t-il amender l’approche après ce premier cycle d’accompagnement qui servira de test. »

► L’Accompagnement Personnalisé

AP pour les intimes. De quoi s’agit-il ? Depuis la rentrée dernière (2022-2023), en 1re et 2e primaires, les professeur·es se partagent la classe et travaillent en binôme deux périodes par semaine (2 fois 50 minutes). L’idée consiste à généraliser ce principe de co-enseignement dans une logique pédagogique qui permet de changer l’approche, de renforcer les acquis de façon plus personnalisée.
Le bilan de cette première année ? Enthousiasmant, selon les quelques professeur·es interrogé·es. Plus mitigé côté directions qui ont dû faire face à l’épineuse problématique de la pénurie des enseignant·es. Certaines écoles vont même directement recruter des logopèdes. Un bémol toutefois, les quelques exemples d’écoles avec une classe unique qui doivent passer par le recrutement externe.
Pour cette rentrée, l’AP accompagne la montée du tronc commun et se met en place dans les classes de P3-P4 sur deux périodes par semaine et passe à quatre périodes en P1-P2. Si cette première année de mise en place ne s’est pas faite sans certaines complications, l’idée est d’instiguer progressivement un changement de culture de l’enseignement. De le rendre à la fois plus collectif et sur-mesure.

► La procédure de redoublement

Grand changement en P1-P4. Tenez-vous bien. Jusqu’ici, il n’était normalement pas possible de doubler à cette période. Paradoxalement, c’est la période au plus fort taux de redoublement (4,8% en P1 et 3,3% en P2). Au final, 14,5% des élèves de P6 ont au moins une année de retard scolaire. En toute logique, la FWB a donc décidé de légiférer sur le phénomène pour l’endiguer. On ne l’interdit plus, on le restreint. Désormais, il ne concerne que les élèves en difficulté majeure. Avec la possibilité d’avoir un recours si les parents souhaitent maintenir le passage de leur enfant dans la classe supérieure. Rappelons d’ailleurs que pour les élèves les plus fragiles au niveau de l’accompagnement familial, les parents peuvent mobiliser qui ils veulent pour les soutenir dans le processus. La chambre de recours change elle aussi. Elle n’est plus composée uniquement de la direction de l’établissement, mais également des enseignant·es, des PMS… Ce qui apporte une véritable diversité de points de vue. 

► Le DAccE

Le dossier d’accompagnement des élèves a finalement été adopté dès cette rentrée. Du côté du Ligueur, nous avions professé qu’il ne verrait jamais le jour au vu des syndicats enseignants qui mettaient en garde quant à la protection des données et le droit à l’oubli et des profs qui dénonçaient un outil de contrôle les concernant.
Ce DAccE voit finalement le jour parce qu’il est présenté dans une version moins numérique. À la demande des écoles ou des familles, le dossier peut en effet se constituer sous forme papier. Certain·es se félicitent de l’arrivée du DAccE parce qu’il centralise toutes les aides apportées aux élèves en difficultés - on ne repart plus de zéro pour accompagner l’élève. D’autres y voient une dangereuse menace s’interrogeant sur la sécurité et la confidentialité d’un tel outil. Nous reviendrons sur cette question qui nous préoccupe.

► Deux heures par an consacrées à l’Évras

Deux heures. Deux petites heures de rien du tout par an et pourtant tant de lignes et de débats qui en découlent. Ces animations qui permettent de tout aborder - des émotions aux grandes problématiques relationnelles en passant par les questions liées à la sexualité, en toute confiance - ont un nom : l’Évras (éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle). Dès la rentrée, le principe se généralise en 6e primaire, puis en 4e secondaire. Pour quel contenu ? « L’idée, c’est de s’adapter complémentairement à ce qu’il se passe à l’école », nous dit Lola Clavreul, directrice de la Fédération des centres pluralistes de planning familial (FCPPF).
L’idée de cette transversalité davantage intégrée et généralisée à l’école, on ne peut que s’en féliciter. Mais attention, cela suppose de la formation, ne serait-ce que pour outiller les profs. Aux parents les plus inquiets, Lola Clavreul rassure qu’ils ne sont jamais écartés. « Ces heures Évras, c’est aussi l’occasion de marcher main dans la main avec eux. De s’intéresser aux questions des enfants. Les parents ne sont pas dépossédés. Le but n’est pas de précéder les questions des élèves et de faire du militantisme. Mais bien de constituer un espace de pensée pour soutenir. Pour épanouir. Pour apporter une sécurité ».
La directrice de la FCPPF met en garde : gare aux polémiques et au sensationnalisme. Les passages du fameux guide Évras destinés au professionnel·les qui posaient problèmes ont été reformulés (lire Qui veut la peau de l’Évras sur leligueur.be). Il s’agit de points anecdotiques par rapport à la quantité de questions qui y sont abordées.
Les animations Évras se construisent à partir de l’enfant. Le Ligueur a d’ailleurs poussé les portes des classes pour assister à ces scéances et les questions qui y sont abordées sont finalement assez attendues. Il y est question d’amour, de relations, d’émotions. Nous vous invitons à bien vous informer par vous-même. L’occasion de vous (re)plonger dans nos différents dossiers sur le sujet.
Le « S » d’Évras pose problèmes, dans la presse, on entend d’ailleurs parler d’éducation sexuelle, ce qui est tout à fait réducteur. Toutes les questions abordées dans les classes sont assez connexes. Cet espace pour les enfants est parfois une occasion unique d’aborder des sujets dont ils ne peuvent parler nulle part.

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