Développement de l'enfant

Trouver chaussure à son pied

Pieds qui grandissent, maintien défaillant, coutures qui lachent : il est temps pour de nouvelles chaussures. Avant de courir les magasins ce week-end, parcourez donc les précieux conseils du docteur Michel Bellemans, orthopédiste pédiatrique à l’hôpital des enfants Reine Fabiola. Histoire de partir du bon pied.

C’est quoi, une bonne chaussure ?
Michel Bellemans : « Pour s’assurer de la qualité d’une chaussure, il faut prendre en compte trois critères : le confort, la souplesse et la stabilité. Avant toute chose, la chaussure doit être confortable, c’est-à-dire assez grande et assez large, mais aussi adaptée au type de pied de l’enfant. Il faut que votre enfant se sente bien dedans. C’est pourquoi il est essentiel qu’il vous accompagne au magasin lors de l’achat : il faut adapter les chaussures aux pieds et non les pieds aux chaussures.
Ensuite, la chaussure doit être assez souple. En effet, quand on marche, le pied se déroule. Si la semelle est trop rigide, le déroulement du pied ne peut pas se faire de façon optimale et l’enfant prend l’habitude de marcher de façon anormale.
Enfin, la chaussure doit être stable et bien adhérer au pied de l’enfant afin que celui-ci ne glisse pas. Il est important que la coque talonnière enveloppe bien le talon de manière à ce que celui-ci ne sorte pas de la chaussure à chaque pas. Les baskets sont, par exemple, de bonnes chaussures : elles sont confortables, souples et ne glissent pas. »

Attention au modèle

Faut-il des chaussures basses ou montantes ?
M. B. : « Basses, sans aucun doute. Les chaussures montantes maintiennent trop la cheville de l’enfant : il n’a pas à faire d’effort pour développer les muscles. Or, apprendre à maintenir son pied est indispensable à son développement et évitera des entorses de la cheville lorsqu’il sera plus grand. »

Des scratchs ou des lacets ?
M. B. : « Cela n’a pas beaucoup d’importance. Le seul avantage des lacets est de mieux s’adapter à la largeur du pied. Si votre enfant a des pieds très fins, le laçage peut constituer un atout. Attention tout de même : les lacets doivent être serrés, mais sans excès pour que le pied soit bien maintenu sans être comprimé. Si la chaussure possède une fermeture par scratch, il est préférable qu’elle fasse un retour sur l’attache pour mieux maintenir le petit pied. »

Dès 5-6 ans, certaines petites filles réclament des chaussures à talons. Qu’en pensez-vous ?
M. B. : « C’est vraiment à proscrire. Les talons induisent un raccourcissement important du tendon d’Achille. Or, chez l’enfant, qui est encore en train de se former, de grandir, il faut que cette structure puisse se développer correctement. De plus, lorsque l’on porte des talons, le pied glisse vers l’avant et les orteils sont déviés. Cela peut induire des déformations définitives du gros orteil. Ce conseil vaut également pour les adultes : les chaussures à hauts talons faisant bien le bonheur de mes confrères. »

Plusieurs tailles par an

À quelle fréquence changer de chaussures ?
M. B. :
« Dès qu’elles sont trop petites. En théorie, les pieds des enfants grandissent en moyenne de deux tailles par an au cours des quatre premières années, puis d’une taille par an jusqu’à la fin de la croissance. Dans la pratique, le pied peut ne pas grandir pendant des mois ou nécessiter plusieurs changements de chaussures sur une période très courte. Pour vous assurer que la taille convient toujours, vérifiez les pieds de votre enfant tous les trois-quatre mois, voire de façon plus rapprochée si vous constatez qu’il prend rapidement des centimètres. Soyez très vigilant. S’il devient difficile d’enfiler les chaussures ou si l’enfant rouspète, c’est qu’elles sont trop petites.
L’usure de la chaussure doit aussi être prise en compte. Si les chaussures sont trouées, si le caoutchouc de la semelle est parti ou si la semelle est déformée, un changement s’impose. En fonction de son tempérament, de son âge et de sa morphologie, l’enfant usera plus ou moins vite ses chaussures. Mais de façon générale, malheureusement pour votre portefeuille, elles durent rarement plus d’une saison. »

Et quand l’enfant refuse de mettre ses chaussures ?
M. B. : « Cela peut bien sûr être un caprice, mais dans la majorité des cas, c’est un signal à ne pas ignorer. Un enfant qui refuse de mettre telle paire de chaussures a souvent une bonne raison. Si une chaussure n’est pas (plus) adaptée, elle va lui causer des douleurs ou des blessures et il refusera de les enfiler. Mieux vaut alors vérifier la chaussure avant de le sanctionner ! »

Peut-on acheter ou utiliser des chaussures de seconde main ?
M. B. : « Tout dépend de ce qu’on entend par seconde main. J’éviterais d’acheter des chaussures à des gens que je ne connais pas, tout simplement pour des raisons d’hygiène. Les premiers propriétaires des chaussures ont peut-être eu des champignons ou des verrues. Ces organismes peuvent survivre assez longtemps dans les chaussures et infecter alors les pieds de votre enfant. Par ailleurs, il convient aussi de tenir compte de l’état de la chaussure. Des chaussures déjà portées ont bien évidemment été modelées par les pieds de leur premier propriétaire. Elles sont souvent affaissées et leur contrefort est moins rigide. Mais s’il s’agit d’une paire que le grand-frère ou la cousine de votre enfant a peu portée et qui est encore en bon état, pas de problème. »

Quand faut-il consulter un spécialiste ?
M. B. :
« Si vous pensez que votre enfant a des problèmes de pied, la première chose à faire est de vous tourner vers un pédiatre ou l’ONE. Spécialisés dans la petite enfance, ces médecins seront à même de déceler d’éventuels éléments anormaux. Ensuite, si une consultation est nécessaire, il est primordial de prendre rendez-vous avec un orthopédiste pédiatrique. La pratique de l’orthopédie est en effet très différente selon que le patient soit adulte ou enfant. »



G. H.

Le saviez-vous ?

Pieds nus : le meilleur des apprentissages

Jusqu’à 3 ans, le pied de l'enfant est physiologiquement plutôt rond, plat et souple. À cet âge, le port de chaussures premier âge, souples et légères, est conseillé… mais pas indispensable. En effet, dans notre société, les chaussures servent surtout à protéger les pieds du froid et des blessures. Contrairement à ce que pensaient nos grands-mères, elles ne sont en aucun cas nécessaires à l’apprentissage de la marche ni à la formation du pied, bien au contraire. Pour cette raison, la petite bosse à l’intérieur de la chaussure, qui, soi-disant, soutient la voûte plantaire, est à proscrire. En raison de son architecture, le pied normal est conçu pour marcher sur une surface plate. D’ailleurs, il n’y a pas de meilleure façon d’apprendre à marcher que pieds nus. Marcher pieds nus, directement en contact avec le sol, permet aux enfants de développer leur sens de l’équilibre. Ils apprennent ainsi comment positionner leurs pieds pour ne pas tomber et ne pas se faire des entorses.

En pratique

Comment déterminer la pointure ?

Pour connaître la pointure de votre enfant, vous pouvez bien sûr vous adresser à un spécialiste qui saura mesurer le pied et vous conseiller la chaussure adéquate. Vous pouvez également mesurer le pied de votre enfant chez vous, en quelques minutes :

  • Lorsque votre enfant est debout, demandez-lui de placer son pied sur une feuille blanche.
  • Á l’aide d’un stylo-bille, tracez un trait à l’arrière du talon et au-dessus de l’orteil le plus long (le 1er ou le 2e orteil selon la morphologie du pied de l’enfant).
  • Si vous êtes entre deux tailles, choisissez toujours la taille supérieure.
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