Développement de l'enfant

Un chien et un enfant : vigilance !

Les précautions pour que la cohabitation d'un chien et d'un jeune enfant se passe en toute sécurité

Les questions sont nombreuses en ce qui concerne la cohabitation d’un chien (mais aussi d’un chat) et d’un petit enfant. Alors, quelles précautions prendre pour qu’elle se passe au mieux, en toute sécurité ? Les conseils de Joël Dehasse, vétérinaire comportementaliste.

« Achetez un chien, il léchera le visage de votre bébé et lui procurera beaucoup de bactéries utiles pour sa santé. » C’est de la provoc, bien sûr. Mais le microbiologiste Brett Finlay le crie haut et fort depuis début 2017 dans sa lutte contre la désinfection croissante des habitations. Quelques poils de chien et un contact avec des bactéries, ça diminue les risques d’asthme et d’allergie. Il le prouve scientifiquement par de nombreuses recherches expérimentales menées à l’Université de Colombie britannique. Oui, un contact avec un chien ou tout autre animal domestique à poils, c’est plutôt bon pour l’enfant. Et pas uniquement pour booster son immunité. Avoir un chien stimule aussi la motricité de l’enfant qui a envie de suivre son copain poilu. Et même le langage du petit enfant peut se développer rapidement grâce à un animal. « Le premier mot de notre petite Maya, c’était Mo, puis Mok… le nom de notre chien », raconte un peu dépitée sa maman. Sûr que le langage, c’est bien pratique pour appeler son chien et lui proposer de jouer au ballon ou de rattraper un bâton…

Le chien détourne la tête quand il ne veut pas être embêté

Mais le chien et l’enfant peuvent-ils jouer ensemble en toute tranquillité, en toute sécurité ? « Les jeux avec un chien ne sont pas les plus dangereux. C’est quand l’enfant veut s’imposer à un chien occupé qu’il y a risque d’accident », explique le vétérinaire comportementaliste Joël Dehasse. Un chien n’aime pas être dérangé lorsqu’il mange, joue ou dort. Alors, comment l’approcher et comment savoir si c’est le bon moment pour votre bambin d’aller faire un câlin à son copain à quatre pattes ? « Un signe très clair montre qu’un chien veut stopper ce contact : le chien refuse de regarder l’enfant et tourne la tête ailleurs, parfois vers les parents, comme pour leur demander d’éloigner l’enfant. Il détourne la tête avant même de grogner. Donc, si un chien détourne la tête alors qu’un enfant s’approche de lui, il faut stopper immédiatement l’enfant », conseille Joël Dehasse.

Toutou et loulou surveillés par un adulte

Alors, oui, enfant et chien peuvent faire connaissance et s’amuser ensemble, mais toujours sous l’œil attentif d’un adulte. « Plus de 90 % des morsures par un chien sur un enfant se font lorsqu’il n’y a pas d’adulte près d’eux. La présence d’un adulte réduit le risque de morsure. L’idéal, c’est d’avoir un adulte attentif près de l’enfant et du chien », insiste le vétérinaire. Car, hélas, des bousculades ou coups de dents peuvent parfois arriver, même, et surtout, avec un chien que l’enfant connaît. « Dans 98 % des cas de morsures, c’est un chien bien connu de l’enfant qui mord (le chien de la famille, d’un ami ou d’un voisin…). Le problème, c’est que l’enfant ne peut pas bien décrypter le comportement d’un chien avant 5-6 ans. Sauf s’il a eu une expérience traumatisante, alors il l’intègre dès 3 ans. » Pour éviter tout ça, pas de panique, mais de la vigilance et quelques conseils à suivre (lire ci-dessous).
« Mais avec un labrador, on a moins de risques d’accident, non ? », demande une maman. « Les gros chiens ne sont pas plus placides et plus tolérants que les petits. Il n’y a pas de génétique de l’amour pour l’enfant chez les chiens, pas de race prédisposée à comprendre que l’enfant est un humain et à s’y attacher. Mais on peut apprendre à un chiot de 3-4 mois à accepter l’enfant en le mettant en contact avec des bambins dès son plus jeune âge, explique Joël Dehasse. On constate aussi que 60 % des femelles sont plus tolérantes que les mâles. Et les chiens non castrés sont beaucoup moins agressifs, moins dangereux et moins mordeurs que les castrés. Mais, au final, tout dépend du caractère du chien et de celui de ses parents, car, en grandissant, il leur ressemblera. »

POUR OU CONTRE ?

Avant d’adopter un chien…

Vous hésitez à adopter un chien, pesez le pour et le contre avant de vous lancer dans l’aventure.

POUR

  • Un animal à quatre pattes stimule la motricité de l’enfant.
  • Il stimule aussi son langage (« et lui apprendra même à grogner et à aboyer », nous souffle une maman).
  • Il peut être un super compagnon de jeu ou un confident pour les plus grands.

CONTRE

  • Un animal n’est pas un jouet : il a besoin de soins, d’attention.
  • C’est un engagement à long terme.
  • Un chien n’est pas un baby-sitter. Il faut toujours laisser un adulte en présence d’un chien et d’un enfant.

LES PARENTS EN PARLENT…

Attention à l’hygiène
« Quand notre chien a vu notre fille pour la première fois, il a halluciné : yeux ronds, drôle de tête, on ne l’avait jamais vu comme ça. Il était curieux mais il a très vite compris qu’il ne fallait pas trop s’approcher de ce petit truc. Il a assez vite trouvé la bonne distance. Depuis qu’on a un chien et une petite fille à la maison, on fait particulièrement attention à l’hygiène de notre intérieur. On nettoie souvent le sol et on veille à ce que le chien ne bave pas sur Élia. Même si c’est le plus gentil chien de la terre, on ne laisse jamais la tête de l’enfant à sa hauteur. Et quand notre miss grignote, on fait particulièrement attention à ce qu’elle ne garde pas trop longtemps un biscuit dans les mains. Parce que notre chien est un vrai gourmand et on aurait peur qu’il ne la blesse en essayant de lui chiper son biscuit. Il y a aussi tous les mouvements spontanés du chien qui sont parfois dangereux et qui pourraient faire tomber notre fille par accident. Donc, on reste toujours vigilants et, avec ces précautions, la cohabitation se passe nickel. »
Yoni, papa d’Élia, 17 mois

Apprendre à marcher… avec le chien
« Notre chien était super excité quand on est rentrés de la maternité avec Émile. Il sautait partout, tentait d’entrer dans le Maxi-Cosi et de lécher notre bébé. Il l’accueillait avec tellement d’enthousiasme ! Le pire, c’était quand j’étais assise dans le fauteuil pour allaiter Émile : le chien voulait toujours venir près de nous et lui lécher le visage. Il n’a jamais mordu personne en neuf ans et c’est vraiment un gentil chien, mais je fais toujours attention, il reste un animal. Après, nos deux enfants ont appris à marcher avec lui. Ils mettaient leurs petites mains sur le corps du chien pour se redresser debout sur leurs pieds et marchaient derrière lui. »
Saara, maman de Louis, 3 ans, et d’Émile, 17 mois

EN PRATIQUE

Chiens et chats, mode d’emploi

  • Quand un enfant va vers un chien à quatre pattes ou debout, il s’avance toujours la face la première, comme s’il voulait embrasser l’animal, explique le vétérinaire Joël Dehasse. « À cause de ça et à cause de la lenteur des réflexes de l’enfant (qui met 2 secondes à réagir alors que le chien peut parcourir 20 mètres en 2 secondes), dans 90 % des cas de morsures, c’est au visage que l’enfant est mordu. Alors qu’un ado est davantage mordu au tronc et qu’un adulte est plutôt touché aux extrémités (mains et pieds). Il faut apprendre à l’enfant à s’approcher d’un chien avec les mains en avant. Le mieux, c’est encore que l’enfant appelle le chien. Et si le chien vient de lui-même vers l’enfant, le risque d’accident est fortement réduit. »
  • Avec les chats aussi, c’est à la tête que les enfants sont le plus touchés en cas d’accident. « Mais les chats ne mordent pas, ils griffent, observe Joël Dehasse. Et les griffures sont en général sans grandes conséquences. Un accident avec un chat, c’est plutôt rare car le chat fuit, il n’attaque pas. Contrairement au chien qui est plus réactif, le chat s’enfuit. Sauf s’il est coincé dans un appartement sans issue pour lui. »
À lire, la brochure de l'ONE « L’enfant et le chien. De la sécurité à la complicité »