Développement de l'enfant

C'est fait. Une matinée loin des petits ours. Vous venez de confier pour la première fois le fruit de vos entrailles à un stage ou pour un séjour en CDD chez les grands-parents. Sentiments mêlés. D'un côté, comme un soulagement. De l'autre, une sorte d'épine dans le coeur. On sèche ses larmes. Quelques parents et Mireille Pauluis, psychologue, nous livrent des petits trucs pour vivre au mieux ce grand saut dans le vide.
Quelques jours sans les enfants... Quel parent ne rêve pas de souffler un peu ? Encore plus, après cette longue période à vivre les uns avec les autres en permanence. Il n'empêche que, pour beaucoup, cette semaine a une saveur particulière. Les enfants sont loin. En stage, vous les retrouvez au mieux à la fin de la journée. Chez les grands-parents, et là, il y en a pour plus longtemps. Peu importe la durée, un seul point compte : la façon dont les petits gèrent la séparation dépend de la façon dont elle a été préparée.
« Petit à petit »
Un peu par pression familiale, nous avons laissé notre fils à ma mère pendant quinze jours l’été dernier. Gus ne la connaissait pas du tout. J’ai été obligé d’aller le chercher plus tôt que prévu, tant ça s’est mal passé. Cette année, nous l’avons mieux préparé. Il est parti des petits week-ends. À chaque fois, nous avons évoqué des souvenirs d’enfance et bien insisté sur le fait que cette grand-mère, c’est aussi ma maman. Ainsi, nous avons créé un peu de lien. Mon conseil ? Pas de coup de fil, c’est à partir de ce moment-là que ça a capoté.
Mathieu, papa de Gus, 4 ans
« Un petit album de photos »
Seconde fois que ma petite part chez sa tante et sa grand-mère. L’été dernier s’est super bien passé parce que j’ai inventé un chouette truc. Je lui concocte un petit album souple de photos de la famille qu’elle emporte partout. Dès qu’elle a un petit coup de mou, elle le consulte. Du coup, elle a hâte d’y retourner cette année.
Rosa, maman d’Alba, 3 ans
« Je les sépare »
Ni moi, ni mon mari n’avons beaucoup de vacances, nous devons confier nos deux enfants. Pour Aline, pas de souci. Seul problème, Fredo est vraiment turbulent cette année. Ma mère nous a donc suggéré de n’en prendre qu’un, une semaine sur deux, de manière à les reposer l’un de l’autre, de passer un moment privilégié et surtout faire en sorte que ce ne soit fatigant pour personne. Je trouve que c’est une très bonne idée. On devrait toujours garder ça en tête : personne ne doit se forcer. J’aime bien l’idée de trouver la situation la plus simple pour tout le monde.
Sandrine, maman de Fredo, 3 ans, et Aline, 6 ans
Pour la question du téléphone, je ne suis pas autant catégorique que Mathieu. Mais le matin, plutôt que le soir, où les petits dépriment un peu. Alors que le matin, les grands-parents (ou autres) peuvent couper la conversation en donnant de l’allant : « Allez, on va voir les poules ». L’important, pour ces vacances, c’est de créer un sentiment de permanence, de continuité avec les parents. Ces derniers peuvent dire à un grand-parent : « Tiens, je te confie la boîte à bisous pendant vos vacances ». Entre 3 et 5 ans, je trouve que quinze jours de vacances sans papa-maman, c’est long. Une semaine, dix jours, maximum, c’est bien, si on peut. En cas de cafard de l’enfant, on peut simplement dire que papa et maman pensent très fort à lui. « Endors-toi et on passera un petit coup de fil demain matin ».
Premiers stages
Pour beaucoup d’entre vous, il s’agit d’une situation pratique. Les petit·e·s se défoulent, font des activités et comptent les jours avant de partir avec leurs parents. Et il existe même des petits trucs pour un passage tout en douceur.
« Un porte-courage »
On souhaitait mettre absolument à profit l’été pour que notre fils fasse une initiation piscine. Seul problème, il ne connaissait personne. Pour atténuer les crises de larmes, nous lui avons confectionné comme une petite poupée vaudou accrochée sur la tirette de son sac. Comme il passe son temps à ranger et déranger ses affaires, il est toujours en contact avec ce petit « porte-courage » qui l’aide. La preuve que ça marche ? On l’a oublié une journée, ça été le branle-bas…
Éloïse, maman de Constantin, 4 ans
« Une éducatrice rassurante »
Ce que je fais pour mon fils aîné quand il commence un stage dans lequel il ne connaît personne, c’est qu’avant qu’il ne pleure, je le colle dans les pattes d’une animatrice (ça ne marche qu’avec les femmes) qu’il ne lâchera pas de la semaine. Ça ne l’empêche pas de lier des amitiés, mais cette animatrice exclusive sera son repère. Et si un jour elle n’est pas là ? Alors, c’est le drame !
Céline, maman de deux enfants de 2 et 5 ans
Là encore, on le voit bien, il est très important de veiller à la continuité et la mise en place de petits rituels si chers à vos bambins. Pour ces premiers stages, faites-lui bien comprendre qu’il passe d’une personne responsable à une autre. Il est un peu comme un acrobate, il lâche son premier portant, fait un tour sur lui-même avant d’atterrir sur un deuxième. Il est donc important de faire la transition. Attention, pas une demi-heure de bavardage, bien sûr. Juste une façon de montrer à l’enfant qu’il atterrit dans les mains d’une personne de confiance. Vous pouvez dire à l’éducatrice (ou l’éducateur, ça marche aussi) : « Il est ravi d’être là, mais un peu impressionné. Tout va bien se passer ». Là encore, on tisse un fil de permanence. Il passe d’une main à l’autre, mais conserve quelque chose de ses parents.
Yves-Marie Vilain-Lepage