Société

Une compensation pour les parents confrontés au manque de places en crèche

Dans l’attente de nouvelles places en crèche, la Ligue des familles appelle les pouvoirs publics à au moins atténuer l’impact financier du manque de places pour les parents

Face à l’importante pénurie de places en crèche, de trop nombreux parents sont contraints d’arrêter de travailler ou de diminuer leur activité professionnelle pour garder leur bébé. La priorité absolue de la Ligue des familles reste la création de places. Mais à titre exceptionnel, dans cette situation de crise et dans l’attente de l’émergence de nouvelles places, la Ligue des familles appelle les pouvoirs publics à au moins atténuer l’impact financier du manque de places pour les parents.

Faute de trouver une place en crèche au moment où ils en ont besoin, pas moins de 23% des parents de jeunes enfants doivent arrêter de travailler ou diminuer leur temps de travail et 4% recourir à une « nounou » à domicile. Les congés parentaux (payés à peine 933€ net par mois en cas d’interruption complète), les temps partiels voire les arrêts complets de l’activité professionnelle ou encore le recours à une aide payante individuelle ont un impact important sur le budget de ces familles.
Ce sont généralement les mamans qui sont les premières à subir les conséquences du manque de places en crèche en réduisant leur activité professionnelle. Or, les inégalités dans les couples quant aux responsabilités parentales se créent, puis s’enracinent durablement dès les premières semaines après la naissance des enfants.

Une réponse nécessaire, mais trop faible et trop lente

La Ligue des familles plaide depuis longtemps pour que des places supplémentaires soient créées : c’est une priorité absolue. Toutefois, avec une place pour moins de 40% des enfants francophones et la perte de 1 700 places en crèche depuis 2019, selon les chiffres annoncés par la ministre début 2025, on ne peut pas dire que la problématique soit en passe d’être résolue.
Et lorsque l’on sait que cela prend souvent sept, huit, voire neuf ans pour qu’une nouvelle crèche soit opérationnelle, malheureusement, les parents vont devoir encore prendre leur mal en patience. Complémentairement, des mesures de soutien aux parents confrontés à la pénurie, concrètes et immédiates, doivent donc être envisagées.

Atténuer l’impact financier subi par les familles

Nous proposons de nous appuyer sur un outil qui a déjà fait ses preuves dans différents pays en Europe : l’octroi d’une compensation financière pour les familles lorsqu’elles n’obtiennent pas une place en crèche pour leur enfant. Le Danemark, l’Allemagne, la Finlande, la Suède, l’Islande ou encore l’Angleterre l’ont déjà mis en œuvre depuis de nombreuses années.
Ce n’est pas la panacée, cela ne remédiera pas aux difficultés professionnelles des parents liées au manque de places. L’absolue priorité reste la création de places. Mais c’est plutôt le strict minimum, le temps que de nouvelles places émergent en suffisance, pour éviter que les parents subissent des difficultés financières parce qu’ils doivent arrêter de travailler faute de places en crèche.
La Ligue des familles formule une proposition : une compensation financière pour les parents qui ne trouvent pas de place en crèche disponible au moment où ils en ont besoin, à vingt minutes de chez eux ou de leur lieu de travail, pour un nombre d’heures par semaine correspondant à leur durée de travail. À titre d’exemple, une compensation de 200€ par mois, à supposer qu’elle soit versée pendant trois mois aux familles concernées (le temps qu’elles trouvent une place), représenterait un budget annuel de moins de 10 millions d’€. Une somme loin d’être faramineuse à l’échelle du budget de la Fédération Wallonie-Bruxelles (9,8 milliards).

La pénurie empêche les mères de travailler

Est-ce qu’une telle mesure pourrait encourager les parents et singulièrement les femmes à ne pas renoncer à une activité professionnelle ? Pour la Ligue des familles, c’est limpide : c’est la situation actuelle – la pénurie de places – qui empêche les mères de jeunes enfants de reprendre le travail. Les parents et le plus souvent les femmes sont déjà contraint·es de renoncer à l’emploi ou à réduire le temps de travail faute de place en crèche. Cette mesure permettrait en revanche d’atténuer les conséquences financières négatives du manque de places. Évidemment, dès qu’une place se libérerait dans une crèche à proximité, cette compensation disparaîtrait.
Mais soyons clairs : cette compensation financière ne serait en aucun cas un remède parfait pour les familles – c’est seulement un palliatif. La seule solution de fond réside dans la création de places à coût accessible, c’est un cheval de bataille de la Ligue des familles et ça le restera. Mais ce palliatif a le mérite, dans l’attente, d’offrir un soutien aux familles qui pâtissent injustement des conséquences du manque de places en crèche ici et maintenant, et dont les enfants seront à l’école le temps que les places promises voient le jour.