Développement de l'enfant

Une nouvelle grossesse s’annonce…

Vous avez la confirmation d’une nouvelle grossesse ? Oui, vous, la maman, êtes enceinte. Oui, la famille va s’agrandir. Comment l’annoncer à votre « grand », votre « grande » qui ne l’est pas tant que ça finalement ?

Vous pouvez le faire très simplement, comme l’ont fait les parents d’Aya, en lui disant : « Il y a un bébé dans le ventre de maman, il y aura un nouveau bébé à la maison » (lire leur témoignage complet ci-dessous). Ou avec des petits livres adaptés à l’âge de l’enfant, comme l’ont imaginé ceux de Sacha : « Des livres qui parlent de grands frères et de bébés dans le ventre de leur maman. Au début, il n’y avait pas de réaction de la part de Sacha, on n’a pas insisté. Mais vers la fin de ma grossesse, mon ventre s’était bien arrondi, j’étais fatiguée, je n’avais plus autant d’activités avec lui. Il ressentait sans doute davantage que quelque chose se passait. Son comportement a changé. Cela lui arrivait d’aller chercher un de ses petits livres pour le regarder », se souvient Coline.
Parfois, l’enfant « sait » sans qu’on ne lui ait encore annoncé la nouvelle, voire il la devine sans qu’on n’en ait soi-même conscience. Comme s’il avait un sixième sens… A-t-il capté des mots échangés entre ses parents ? A-t-il senti leur émotion de se savoir dans l’attente d’un nouveau bébé ? A-t-il perçu un changement physique chez sa maman (des nausées, plus de fatigue…) ? « Les enfants sont des tests de grossesse précoces, confirme Reine Vander Linden, psychologue clinicienne. Beaucoup de mamans expliquent qu’elles étaient enceintes, qu’elles l’ignoraient encore mais que leur enfant venait sans cesse regarder sous leur pull ou qu’il leur répétait "Maman bébé". Certains petits se mettent tout d’un coup à ne plus bien dormir. Leurs parents se demandent pourquoi, puis ils font le lien avec la nouvelle grossesse, lien qu’ils ne pouvaient pas faire tant qu’eux-mêmes n’en étaient pas conscients. »

Des bisous et des tapes

Un bébé dans le ventre de sa maman, quoi de plus abstrait pour un petit bout de 15-17 mois, voire plus ! Alors, comment ce futur bébé se concrétise-t-il pour lui ? À travers les changements de comportement de sa maman – vos témoignages le montrent bien. Elle est plus fatiguée, plus irritable, ses seins sont peut-être un peu douloureux et, quand il s’y appuie, elle a des petits mouvements de recul… Elle est moins disponible pour lui… « À travers le très concret de sa vie, le petit enfant saisit très bien et très vite qu’il n’est plus seul au centre des préoccupations de ses parents. Lui qui est hypersensible perçoit que quelque chose bouge dans le climat habituel de la maison », explique Reine Vander Linden.

Dans la tête des parents attendant leur deuxième enfant, la crainte de faire de la peine à l’aîné(e) est quasi toujours présente, à côté des questions d’organisation très terre à terre

Si des difficultés surgissent au cours de la grossesse, il est important d’être explicite auprès de l’enfant : « On est inquiets pour le bébé. » Sinon, il risque de penser qu’il est à l’origine de la tension ambiante. De même, voir sa maman d’habitude toujours active alitée (car le repos lui est imposé) est troublant pour lui. Lui dire alors « C’est difficile pour moi, c’est difficile pour toi, mais c’est comme cela » vaut la peine.
« On a toujours parlé du bébé, puis de la petite sœur qui allait arriver à Youssef. Difficile de dire ce qu’il percevait, ce qu’il comprenait de la situation, confie Imen. Tantôt il tapait mon ventre, tantôt il lui donnait des bisous. Je pense qu’il avait conscience que quelque chose allait arriver sans trop savoir quoi. » La plupart des petits enfants font comme Youssef. « Ils ont les deux attitudes – "Je suis content" et "Je suis fâché" –, ils passent d’un pôle à l’autre, observe la psychologue. Ils peuvent vivre pleinement un moment de joie – "Je vis un bon moment parce que maman est heureuse que je donne des bisous à son ventre et que je la sens bien" –, et l’instant d’après, ressentir des émotions négatives car ils se rendent compte d’une menace, qu’ils vont être détrônés : "J’ai tellement peur de ce que ce bébé va déstabiliser que je tape le ventre de maman." »

De la jalousie, forcément !

Dans la tête des parents attendant leur deuxième enfant, la crainte de faire de la peine à l’aîné(e) est quasi toujours présente, à côté des questions d’organisation très terre à terre. Comme le dit Solène : « Mon grand devra apprendre à attendre, il devra partager, cela va être un choc pour lui. Pauvre bouchon… » Pour Reine Vander Linden, « cette inquiétude des parents renvoie probablement à leur propre perception d’avoir perdu quelque chose à l’arrivée d’un frère ou d’une sœur. Se lancer dans une nouvelle grossesse est presque ressenti comme une transgression de leur part : "Je sais que cela va être difficile pour mon enfant mais je le fais quand même, au risque d’avoir l’impression de le trahir." Y a-t-il nécessairement des remords à avoir parce qu’on élargit sa famille ? Quel cadeau on fait à l’aîné(e) en lui offrant cette expérience de vivre et partager des choses dans une petite communauté familiale avant d’être lancé(e) dans d’autres plus grandes et plus bousculantes ! Se dire que c’est le cours normal des choses permet d’accueillir ces émotions partagées entre bonheur d’avoir un nouvel enfant et craintes pour le premier… »
À la naissance du bébé, l’aîné(e) éprouvera de la jalousie, forcément ! Celle-ci émergera à un moment d’une façon ou d’une autre. Les signes en seront plus ou moins forts. « "L’amour de maman et de papa pour le nouveau bébé ne va-t-il pas supplanter l’amour qu’ils ont pour moi ? Qui va être le plus aimé ? Est-ce que je vais perdre mes prérogatives ?" L’enfant se pose ces questions, pas aussi explicitement bien sûr, mais il en ressent quelque chose. Et les parents se les posent aussi. Et donc, plus elles tourneront comme des questions difficiles dans la tête des parents, plus l’enfant sentira de la lourdeur et de la tension tout autour. » L’enfant a peur, il se sent menacé par ce qu’il pressent, et c’est normal. Suggestion : « Simplement entendre et reconnaître l’émotion difficile de l’enfant. Car mieux elle sera accueillie, plus vite elle trouvera une issue et s’apaisera. » Et, au-delà, il y aura de la place pour qu’il vive la complicité, le partage, la solidarité…

EN PRATIQUE

À lire et relire ensemble

De nombreux livres jeunesse racontent la grossesse, la naissance, le fait de devenir grand frère ou grande sœur. Ils aident à apprivoiser les bouleversements qu’entraîne l’arrivée d’un nouveau bébé. Sept titres dans des styles différents, pour les 1-2 ans (et plus).

  • Et dedans il y a… de Jeanne Ashbé, Pastel/L’école des loisirs (dès 1 an). Un livre pop-up jouant sur le « caché/trouvé » et qui montre ce qu’il y a dans le ventre d’une maman quand s’annonce un bébé.
  • Et après, il y aura… de Jeanne Ashbé, Pastel/L’école des loisirs (dès 2 ans). La suite logique du titre précédent : et après, une fois le bébé né, que se passera-t-il ?
  • Ton histoire de Jeanne Ashbé, Pastel/L’école des loisirs (dès 1 an). Du minuscule fœtus au bébé bienvenu, un récit couleur sépia.
  • Courage, petite souris ! de Michaël Escoffier et Sébastien Mourrain, L’école des loisirs, coll. Loulou & Cie (dès 1 an). Ce n’est pas rien, une naissance ! La preuve par ce petit livre cartonné dans lequel la reine des souris traverse forêt, montagne et océan et brave leurs dangers pour annoncer une grande nouvelle au roi des rats.
  • Un cœur qui bat de Virginie Aladjidi et Joëlle Jolivet, Thierry Magnier Jeunesse (dès 2 ans). Un livre aux belles gravures colorées, qui, partant de l’Univers, zoome de plus en plus sur un bébé dans le ventre d’une maman.
  • La famille gribouillis d’Édouard Manceau, Milan Jeunesse (dès 2 ans). Le roi des gribouillis et la reine du gribouillage expliquent comment faire un joli petit gribouillis. Un livre pop-up… plein de gribouillis !
  • Marcelle et les cigognes de Myriam Raccah et Charline Collette, Les fourmis rouges (dès 2 ans). Janvier, février, mars… les mois défilent. Marcelle, d’un côté, et les cigognes, de l’autre, se préparent pour donner la vie. Un album sans texte, aux illustrations colorées, en forme d’ode à la nature.

LES PARENTS EN PARLENT…

Quelque chose change
« On a expliqué à Aya que j’étais enceinte une fois qu’on était sûrs de la viabilité du bébé, que tout allait bien. On lui a dit les choses très simplement : il y a un bébé dans le ventre de maman, il y aura un nouveau bébé à la maison. Et on la prévient quand on va chez le gynécologue pour "voir si le bébé va bien". On se limite à ça, on n’en fait pas plus. À la crèche, pourtant, on nous a demandé si on ne parlait pas trop du bébé à Aya, parce que, pour le moment, elle réclame beaucoup sa tutte et son doudou. On n’est pas du genre restrictif : si elle a besoin de sa tutte et de son doudou, on la laisse gérer. Comme je suis écartée de mon travail, la dynamique à la maison est plus lente, je suis plus cool. Aya doit ressentir que quelque chose change autour d’elle… »
Alexandra, maman d’Aya, 17 mois

« Est-ce qu’elle ne va pas trop souffrir ? »
« J’éprouve une grande culpabilité par rapport à Léa, j’ai peur qu’elle ne se fragilise. Est-ce qu’elle va comprendre qu’il y a un nouveau bébé ? Est-ce qu’elle ne va pas trop en souffrir ? Je suis à quatre mois de grossesse, ça ne se voit pas encore beaucoup. Léa n’a pas une attitude spéciale par rapport à mon ventre. Elle commence à jouer avec ses peluches, elle s’intéresse à d’autres choses qu’à papa et maman. On se rassure comme ça : cela va être une joie pour elle d’avoir un petit frère ou une petite sœur, pas qu’une souffrance… »
Amélie, maman de Léa, 17 mois

PENSEZ-Y

Accueillir l’émotion de l’enfant

Pour la psychologue Reine Vander Linden, quand l’enfant tape sur le ventre de sa maman enceinte, c’est un message qu’il adresse non pas au bébé dans le ventre mais à la différence de climat ambiant qu’il ressent.
« Si un enfant sent que son émotion, qu’elle soit négative ou positive d’ailleurs, mais a fortiori négative, est accueillie, elle a plus de chance de trouver une issue que si on l’escamote ou la contre. Tant que son émotion n’est pas reconnue à sa juste valeur, il aura besoin de se faire entendre. Ceci est vrai d’une façon générale et s’applique dans le cas d’une nouvelle grossesse annoncée. »

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