Vie pratique

On ne va pas vous faire perdre plus de temps que ça, il est plus que l’heure de voir comment vont s’organiser vos vacances. Avant de refermer ce dossier et vous laisser rêver à l’après, réfléchissons un peu à ce que ces familles qui ne planifient rien et qui, comme Ulysse, entreprennent une odyssée à l’arrachée, disent du tourisme, de la façon de voyager et de notre société.
On en a croisé des typologies de familles voyageuses pour les besoins de ce dossier. Celles qui boycottent les applis de locations estivales, celles tétanisées par leur empreinte carbone, celles qui ne préparent rien par acte militant, celles qui cultivent l’amour de l’impro… Il y en a des raisons d’opter pour une formule à l’arrache, pas vrai ? On en discute avec Mélanie De Groote, qui organise depuis quatre ans le Relais des voyageurs, soit des rencontres autour de voyages durables, insolites et ingénieux. En un mot, une façon de se projeter dans le tourisme de demain.
La thématique du dossier met en lumière les parents qui n’ont rien dans leur besace à l’heure actuelle. Quels conseils leur adresser ?
Mélanie De Groote : « Pour des vacances à trouver, maintenant, il est clair que la technique à employer, c’est de ne pas viser un spot précis. Soyons honnêtes, ça va être compliqué. L’attitude à adopter, c’est de ne pas avoir d’attentes particulières et de se laisser guider par les opportunités de dernière minute. Je trouve que la plateforme greengo.voyage, l’alternative à airbnb, plus éthique, plus écolo, est super. On y trouve des logements insolites, des tentes, des cabanes, des plans de dernière minute qui peuvent être vraiment insolites. Cela concerne principalement des vacances en France. Mais il y a plein d’autres astuces. Partir sur un principe d’itinérance. Le vélo. La marche. Le camping-car. C’est plus de liberté. Donc, ça demande de moins prévoir et de se laisser guider par l’aventure. Le train ? Génial, mais le frein, c’est que ça coûte un bras. L’astuce, c’est de voyager sur les lignes régulières. Celles sans réservation que l’on prend comme on prendrait un bus. Je me suis déjà rendue à Amsterdam ou à Paris de cette façon, uniquement sur des petites lignes. L’idée, c’est de savourer le déplacement. De voir défiler les paysages. S’arrêter quand on a envie de le faire. De cette façon, les horaires sont plus ‘locaux’. Les trains sont plus petits, vont moins vite, moins loin. C’est donc l’occasion de faire des pauses à des endroits inattendus sans rien réserver, à part les campings peut-être quelques jours à l’avance. À plus grande échelle, c’est pas mal aussi de sortir de la logique des locations de gîte du samedi au samedi qui fait que tout le monde se retrouve sur la route au même moment. »On revient de plus en plus sur l’idée de ne pas se laisser dicter ses vacances par le marketing ou par des formules commerciales, comment expliquez-vous cet engouement ?
M. D. G. : « Je pense que trop prévoir, c’est le meilleur moyen d’être pressé pour atteindre ses objectifs. J’ai le sentiment qu’il y a clairement une volonté de prendre le temps, de faire du trajet un moyen de vacances. Profiter de chaque instant. Se déplacer. Bouger. Rien que ça, c’est déjà des vacances. Pas juste sortir de l’avion, se rendre à son hôtel et ne plus rien faire. Il y a clairement une plus grande demande. De plus en plus d’opérateurs se dirigent vers des formules plus lentes, plus proches et moins énergivores. Formules qui sont en plus un savant mélange de santé physique et de santé mentale. Aller vers l’autre. Profiter du bon. Passer au-dessus du moins bon. Je pense aussi qu’il y a comme une volonté de reprendre le contrôle. On peut partir trois jours ou trois mois comme ça. Sans avoir décidé de rien au préalable. On va traverser l’Europe sur un coup de tête. On ressent tous les kilomètres dans les jambes, on vit le paysage, on se prend le vent, la pluie, c’est une autre façon de vivre. C’est aussi une façon de se sentir vivant. Parce qu’il y a des moments galères qu’on partage avec les enfants. Pour moi, c’est ça l’image des vacances. »