Vie pratique

Tout a explosé. Le couple. La famille. Il y a toute une vie à réorganiser. Dès lors, compliqué de penser à quoi que ce soit d’autre. Pourtant, on vous l’affirme au cas où vous hésitiez : il est plus qu’important de changer d’air. Voyons comment peut se passer ce premier été décomposé.
Gérald et sa compagne se sont séparés l’an passé, pile avant l’été. Avec l’idée de ne plus vivre sous le même toit à la rentrée. Le point sur la situation à ce moment précis : plus de grand-parent, des oncles et tantes ne pouvant pas s’occuper de leurs deux enfants de 8 et 11 ans. En plus de trouver un appartement, il a fallu trouver une solution de dernière minute pour ce papa et sortir du marasme ambiant.
« J’aurai pu faire le tour des ami·es, mais je ne m’en sentais pas la force. Je voulais me retrouver seul avec mes deux fils. Qu’on ait un peu le temps de se parler et de digérer tout ça. Par chance, j’ai pu emprunter un camping-car. Je n’y connaissais rien. Je n’avais jamais pris la route avec. J’ai trouvé des supers applis pour m’aider (Park 4 night, Caramaps, Camping-car d’hôtes, Camping-car Park). Ça a été fabuleux. Nous n’étions que tous les trois. Sans autres objectifs qu’aller voir la montagne et se baigner dans des lacs. On a tellement aimé qu’on refait la même chose cette année. Pour louer notre destrier, j’ai épluché les petites annonces. Je passe par des particuliers plutôt que dépenser des fortunes sur airbnb ou des sites de location qui proposent des prix déments. Le mieux reste encore de faire marcher le bouche-à-oreille. Et même s’il s’agit d’ami·es, toujours louer, pas se faire prêter et régler la question qui fait peur : comment on fait en cas de casse ? Qui rapatrie le véhicule ? Comment on s’arrange vis-à-vis de l’assurance ? Comme ça, on part l’esprit dégagé. Et dans ces moments-là, on en a grandement besoin. »
Accueillir pour avoir la sensation de partir
Une chose que l’on entend peu, celle d’ouvrir ses portes aux autres pour voyager. Hélène l’a testé au moment de sa séparation : avoir la sensation de partir en vacances en recevant les gens chez soi. Et pour ça, il y a un principe génial, tant comme usagers qu’hébergeurs : l’appli warmshower. Le principe consiste à prendre une douche chaude et un repas chez des personnes qui font partie de la communauté. Ça se développe à l’échelle mondiale. « Ce qui est beau, c’est que c’est un service d'échange d'hospitalité à but non lucratif. Qui fait beaucoup voyager puisqu’on ouvre ses portes à des Chilien·nes, des Croates, des Australien·nes… on se fait des ami·es de partout. Sans autre objectif que mettre les gens en lien ».
Hélène rappelle qu’il existe un autre truc génial : celui qui consiste à frapper à la porte des gens pour leur demander si on peut tout simplement squatter leur jardin. « Une fois ma séparation actée et organisée, j’ai pris mes deux grandes filles avec moi. On a loué tout notre matos vraiment à la dernière minute chez bike-packer.be. On est monté sur nos vélos. Je l’ai fait plusieurs fois et j’ai été très agréablement surprise de l’accueil qu’on nous a réservé à chaque fois ».
Premières vacances en solo avec un budget minus
Caroline, de son côté, goûte pour la première fois aux joies des vacances à coûts extrêmement réduits : « Pas le choix, c’est le camping. À la dernière minute. J’ai juste fait le tour des destinations encore accessibles. Coup de bol, je suis tombée sur les dernières places d’un camping sur les îles de la Frise en Hollande. Un vieux rêve que je réalise. Je me fais tout prêter. Tant la tente que les matelas, les duvets, la vaisselle, les tables. On part – comme vous le dites si bien – à l’arrache totale. J’en rêve. L’année a été si compliquée. Côté transport, on multiplie les petites lignes. On fait une pause sur la côte et on passe même une journée à Amsterdam. Je n’ai qu’un conseil à donner aux parents qui viennent de se séparer : d’abord, partez. C’est une question de survie. Et n’hésitez pas à solliciter votre entourage. N’ayez pas honte. Tombez les masques. Vous allez voir que ce genre de situation attise de la sympathie et de la solidarité plus qu’autre chose ».
ZOOM
Une dernière pour la route ?
Voilà, c’est fait. Vous vous séparez. Changement de cap. Changement de vie. Est-ce que l’on part une dernière fois ensemble prendre le large pour s’octroyer le temps de digérer cette saison difficile et mettre des mots sur toutes les émotions des enfants ?
On retrouve Olivier Luminet, psychologue, pour qui tout cela parait compliqué. Envisager des vacances ensemble en cas de séparation ? Cela risque de créer des tensions inutiles. Peut-être même que cela revient à se forcer.
Notre expert met en garde sur les débats concernant les modalités de garde. Attention à ne pas coincer la fratrie dans des conflits de loyauté, de les confronter de nouveau à une énième crise. La place de l’enfant dans cette configuration est délicate. Il est important de se montrer ouvert au fait que pour lui ou elle aussi, tout ce que vous venez de traverser est une période de crise.
Peut-être qu’il ou elle n’aura pas envie de partir avec l’un·e ou l’autre. Tout cela peut être revu et rediscuté plus calmement, mais le psy insiste : il est important d’entendre ce que vos enfants souhaitent. L’idée est aussi simple à formuler que complexe à mettre en œuvre dans ce contexte : faire en sorte que les gamins retrouvent un nouvel équilibre après ce bouleversement familial. Ils ont besoin de calme, de retrouver des repères dans un environnement familier.
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