Développement de l'enfant

« Viens Lisa, on va aller tuer le chat ! »

la grande question qui nous concerne tous, enfant compris : qu'est-ce que la mort ? C'est quoi, mourir ?

« Mais qu'est-ce qui passe par la tête de ma toute petite chérie? » se demande la maman de Lisa. Ce qui passe par la tête de la petite Lisa, c'est la grande question qui nous concerne tous : qu'est-ce que la mort ? C'est quoi, mourir ?

Il faut dire que, depuis quelque temps, on parle sans cesse de la mort, ou plutôt, on parle des morts. Il y a les attentats, la guerre, les catastrophes, les accidents. Les médias nous précisent le nombre de morts, leur nationalité, leur âge...
Pas étonnant que les enfants nous posent des tas de questions auxquelles nous avons bien du mal à répondre. Ils nous posent ces questions parce qu'ils entendent les adultes en parler à la maison, à la radio, ou à l'occasion de la mort d'un proche, de leur lapin ou encore d'un oiseau trouvé dans le jardin.

De 3 à 6 ans

Quand ils viennent saluer la dépouille de leur papy, les plus jeunes vont faire des commentaires sur ce qu'ils voient : « Papy est tout froid, il ne parle plus, il ne bouge plus... il n'est plus avec nous ». Les plus grands seront plus émus, plus impressionnés, plus tristes que les plus jeunes.
C'est que, pour les plus jeunes, la mort n’est pas un concept très clair, elle est même réversible : leur papy va revenir, le lapin sera bientôt sur ses pattes. Mais les plus grands, à partir de 5 ou 6 ans, savent que la mort est irréversible, que la vie est partie... Ailleurs ? Mystère !
Alors, les enfants vont faire ce qu'ils font toujours pour comprendre et apprendre : ils vont jouer. Lisa va jouer à tuer le chat, les garçons vont jouer aux cowboys et aux Indiens, à base de « Pan, t'es mort ! ». Et ils vont recommencer, encore et encore. C'est leur manière à eux d'essayer d'appréhender cette affaire-là.

À 7 ans et plus

Les plus grands, eux, vont poser mille questions : c'est quoi mourir ? Y a-t-il quelque chose après ? Vais-je un jour retrouver Papy ? Il faudra bien leur dire qu'on n'en sait trop rien. Un jour, nous sommes venus au monde et un jour nous le quitterons. On ne sait ni où, ni quand, ni comment.
On peut aussi parler de la mort des autres, de tout ce qu'on observe, plus pragmatiquement. Le cœur qui s'arrête, l'électroencéphalogramme qui devient plat, la respiration qui ne se fait plus, le corps qui refroidit, puis, très vite, qui se décompose. La vie partie, la matière se transforme.
Ce que devient cette vie, personne ne le sait. Il y a toutes sortes d'idées et de croyances à ce sujet. Certains pensent que la vie, l'âme, s'en va dans un autre monde où elle retrouvera tous ceux et celles qui y sont déjà. D'autres pensent que nous avons à vivre plusieurs vies, sous différentes formes : végétales, animales, humaines... ou que, comme les feuilles des arbres qui tombent chaque année et nourrissent l'arbre pour que de nouvelles feuilles reviennent, que nous aussi nous faisons partie du cycle de la nature...
On ne sait pas qui a raison et chacun peut choisir l'idée qui lui permet d'appréhender au mieux ce mystère. Bien souvent, les petits enfants ont leurs propres théories à ce sujet. Écoutons-les, sauf si ces théories sont trop perturbantes ou terrifiantes, genre fantômes, monstres ou autres morts-vivants

Pour le reste... qui mourra verra !

Mais de la mort elle-même, on ne peut rien dire, mis à part que tant qu'on est vivant, on n'est pas mort ! Et personne n'est revenu pour nous en parler. Tant qu'il y a de la vie, il y de l'espoir... « de communiquer », comme disait Françoise Dolto.
Ce qui est douloureux dans la mort, c'est la séparation, l’absence. Les enfants disent « Papy n'est plus là, il ne parle plus. Plus moyen de lui téléphoner, il n'est plus sur le net ! ». Cette séparation définitive est douloureuse, nous fait souffrir. C'est donc important de beaucoup se parler, même à l'approche de la mort, avec celui ou celle qui sent la fin proche et avec les enfants.
Important aussi de ne pas éloigner les enfants lors du décès. Les rituels d'enterrement sont des moments de vie : on parle du défunt, de ce qu’il a fait, on évoque des souvenirs.  C'est le temps du récit. « Tu te rappelles quand Papy nous apprenait à rouler à vélo ou quand il nous racontait des histoires de lui à 10 ans... ». Papy n'est plus là, c'est vraiment vrai, mais on peut encore en parler. Il nous reste tout ce que nous avons partagé avec lui, tout ce qu'il nous a transmis. On démarre l'album symbolique de sa vie.
Quand quelqu'un qui nous est cher décède, nous restons en communication avec lui d'une autre manière, en feuilletant cet album de mémoire. « Si papa était toujours là, il me dirait ceci... Maman me conseillerait sûrement cela... ». S'il s'agit d'un enfant, d'un jeune, nous l'imaginons grandissant, nous repensons à tout ce que nous avons vécu avec lui. Si la mémoire des êtres chers reste bien vivante dans nos têtes d’adultes, il en va de même pour les enfants. L’histoire de la famille comporte des pans joyeux, d’autres plus tristes et il est important de transmettre tout cet ensemble.

AUTANT SAVOIR

À quel âge l’enfant comprend-il la mort ?

  • Vers 3-4 ans, les enfants comprennent certains paramètres : le mort ne bouge plus, il est froid…
  • Vers 6-7 ans, l’enfant comprend l’irréversibilité de la mort. La personne morte ne reviendra plus, même si on peut lui parler dans sa tête ou dans son cœur.
  • À partir de 10 ans, l’enfant assimile l’universalité de la mort, c’est-à-dire que tout le monde va mourir un jour.