Développement de l'enfant

L'ENFANT PAS À PAS
Deux mois que vous êtes parents de ce « bébé-centre-de-votre-univers ». Tout mini et pourtant il occupe tout l’espace-temps et l’espace psychique. Certains ne parviennent même plus à se concentrer sur la lecture du journal ou une série télévisée. Imaginiez-vous que vous seriez si modifiés au bout de quelques semaines ?
Non, je ne parle pas seulement de votre nouveau statut, ni de la fatigue, mais de cet état d’alerte de tous les instants qui vous fait tendre l’oreille nuit et jour, qui vous fait découvrir votre univers domestique avec des yeux si différents. Vous n’aviez jamais réfléchi à l’éventualité de vous casser la figure en descendant vos escaliers, ni à la chute possible dans votre salle de bains lorsque l’eau de la douche a pris la fuite sur le carrelage… À présent, avec votre petit dans les bras, chaque espace devient potentiellement dangereux. Cela trouble les mères, les pères de se mettre à trembler, à penser, à anticiper les catastrophes. Cela fait parfois flipper de devenir anxieux alors qu’on ne l’a jamais été. Mais la protection d’un bébé passe par ce genre de sensations, elles créent un état de vigilance qui est favorable à la sauvegarde des nouveau-nés.
Autre nouveauté : tout est éprouvé avec tellement d’acuité. Comment peut-on à ce point être transporté(e) de tendresse, puis à ce point être agacé(e) par l’impuissance à trouver ce dont son petit a besoin ? Ces oscillations émotionnelles sont troublantes et très fatigantes car sans transition, et toujours dans une inflation de sensations, on passe d’un état à un autre. La coexistence d’émotions tendres et agressives peut passer inaperçue dans les relations entre adultes - on lisse les aspérités qui dérangent pour garder la rondeur de la relation -, mais pas avec un bébé. On vit et sent pleinement, radicalement ce que suscitent en nous un regard, un sourire, des pleurs de faim, de détresse ou les réveils nocturnes (fâcheux) d’un tout-petit.
Et ceux - non-parents - qui vous entourent ne comprennent pas… Ils se moquent parfois de vous et de votre hyper-attention ou de vos scrupules, ou, pire encore, vous critiquent : « Mais vous devenez graves depuis l’arrivée de ce moutard ! »
Se sentir alors seul(e) au milieu d’autres est un effet nouveau à ajouter à la liste.
Mais les bébés ont le merveilleux pouvoir de nous rendre amoureux d’eux. Et l’amour ne contient-il pas le Yin et le Yang ?