Développement de l'enfant

Vous l’allaitez… non-stop ?

Au début de l'allaitement, maman et bébé s'apprivoisent

Une fois sorti de son cocon, le bébé n’est plus nourri par le cordon : place aux tétons ou au biberon. Et ce n’est pas toujours simple au début. Chaque bébé a son mode d’emploi. Il faut un peu de temps pour que maman et bébé s’apprivoisent.

La plupart des mamans choisissent d’allaiter leur nouveau-né. L’allaitement est vécu comme une continuité de la grossesse, un moment de tendresse à partager avec son bébé. Un peu comme un câlin nourrissant et rassurant qui ferait fondre toute la banquise.
La réalité est un peu moins rose, juste après la naissance. Après la montée de lait et le bouleversement hormonal qui l’accompagne, la maman doit souvent s’accrocher pour vivre un allaitement harmonieux. Il y a les risques de crevasses, d’engorgement, de mastite… Les tétées sont nombreuses et parfois contraignantes pour la maman.
Et c’est là que l'autre parent entre en piste pour soutenir la maman qui allaite. Il peut l’aider à trouver une position confortable pour allaiter, changer les couches du bébé ou préparer une tisane à base de fenouil. Car oui, l’allaitement peut bien se passer quand la maman est en confiance et bien entourée. Mais il n’y a pas que l'autre parent : la grand-mère, une amie, une sage-femme, la partenaire enfants-parents de l’ONE, le pédiatre ou un autre professionnel peut soutenir la maman, écouter ses doutes et l’aider à trouver des solutions.

De la prévention pour les mamelons

La bonne nouvelle, c’est qu’après un mois d’allaitement, les tétées deviennent de plus en plus agréables. La crème à base de lanoline et les téterelles ne sont quasi plus nécessaires, une petite goutte de lait étalée sur chacun des mamelons après une tétée les protège d’éventuelles crevasses. Vous êtes plus à l’aise. Vous savez désormais positionner correctement votre bébé pour la tétée : la tête dans le prolongement de son corps avec une bouche grande ouverte. Vous vous installez aussi confortablement car ce petit bébé va grandir et l’allaiter toute tordue, c’est vous exposer à de futurs maux de dos.

Les tétées, ce n’est pas juste nourrissant ; c’est aussi un contact, une chaleur partagée, un câlin…

Si, dans le rush des premiers jours et des visites, vous avez oublié les différentes positions d’allaitement montrées par la sage-femme, c’est le moment de les tester chez vous à l’aise. Alterner les positions, c’est de la prévention pour les mamelons ! La position classique est celle du bébé dans les bras de sa maman, avec un coussin d’allaitement en soutien du coude porteur de la maman. La position du « ballon de rugby » place le bébé sous le bras du côté du sein qui allaite, avec les pieds près du dos de la maman. La position couchée, ventre contre ventre avec la tête du bébé dans le prolongement de son corps est très pratique la nuit ou lors d’une sieste, même si les échanges de regards sont plus limités. « J’adore allaiter ma fille couchée. Quand j’ai découvert cette position, c’était une révélation ! Pas fatigant pour le bras, super safe avec le boudin d’allaitement calé derrière son dos. Je trouve ça top confort et reposant. C’est plus que de l’alimentaire : pendant les tétées, on fait le plein l’une de l’autre », confie Margot, maman d’une petite Capucine.

Droite et gauche, au sein comme au biberon

Car oui, les tétées, ce n’est pas juste nourrissant ; c’est aussi un contact, une chaleur partagée, un câlin… à alterner d’un côté puis de l’autre. Pour ne pas se tromper de côté, une broche ou une épingle accrochée sur son t-shirt du côté du dernier sein « vidé » permet de savoir de quel côté commencer la tétée suivante.
Si vous avez choisi de biberonner, alterner les côtés, c’est aussi un bon réflexe. Comment ? En donnant le biberon une fois avec le bébé posé dans le bras droit et la fois suivante avec le bébé porté dans le bras gauche. En imitant l’alternance des seins maternels droit et gauche, votre bébé ouvre sa sensibilité des deux côtés. Dernier conseil pour le biberon : ne forcez pas votre enfant à le terminer. À partir de 1 mois, les bébés prennent en moyenne six biberons de 120 ml par jour. Mais votre tout-petit sait la quantité dont il a besoin et son estomac n’est pas encore très gros à cet âge…

UNE SAGE-FEMME RACONTE

Un bon repère : la courbe de croissance

Harmony Garcie, sage-femme

Après l’accouchement, je me rends au domicile des mamans qui le demandent. Beaucoup me posent des questions autour du poids de leur bébé. Elles se demandent s’il mange assez, si le lait maternel suffit…
J’essaie de leur montrer qu’elles peuvent avoir confiance en elles et en leur bébé.
Si leur petit dort, c’est qu’il en a besoin. Il n’a aucune raison de se laisser mourir de faim. En théorie, un bébé de 1 mois prend de six à huit tétées par jour. Mais, en pratique, les bébés ne sont pas tous semblables : il y a des petits et des grands mangeurs, certains grignotent toute la journée et d’autres dévorent quelques bons gros repas. Chaque maman découvre ce qui convient à son bébé.
Si le bébé dort six heures et que sa maman est inquiète car il ne s’est pas nourri pendant ce temps, elle peut le découvrir doucement. En se sentant un peu plus frais, il se réveillera petit à petit pour téter. Des tétées fréquentes sont nécessaires pour stimuler le sein.
En règle générale, si l’enfant a une bonne courbe de croissance et qu’il mouille plusieurs couches par jour, la maman peut être rassurée.
Si le bébé tète beaucoup, il a peut-être besoin d’être rassuré et d’avoir ce moment de tendresse. Il faut le laisser faire, mais ça demande une grande disponibilité maternelle. Les mamans qui choisissent l’allaitement doivent savoir dans quoi elles s’engagent.
Et surtout, si elles ne veulent pas allaiter, qu’elles ne se forcent pas ! Je commence toujours par demander aux mamans de quoi elles ont envie. Je reste dans le respect et je les encourage à se faire confiance. Très souvent, je dois les rassurer et leur dire : « C’est bien, ce que vous faites. »

LES PARENTS EN PARLENT…

« Mon serial téteur »
« Un petit poids, mais un serial téteur, voilà comment je présente mon Eliott ! Dur, dur de l’allaiter. J’avais tellement de bons souvenirs de l’allaitement de mon grand que j’avais hâte d’allaiter ce deuxième bébé. J’avais même oublié qu’au début, ça "pince" les tétons. Et puis, une fois la douleur passée, j’ai remarqué que la cadence des tétées variait fort d’un bébé à l’autre. Mon premier tétait dix minutes chaque sein, puis il était repu pour quatre heures, c’était super confort ! Mon poids plume réclame le sein toutes les deux heures, parfois après une heure et demie, et ça dure, ça dure… J’ai l’impression de ne plus faire que ça : l’allaiter non-stop. Pour le moment, je tiens la cadence, mais je ne sais pas si je pourrai l’allaiter longtemps. »
Johanna, maman de Maxime et d’Eliott

« Ma marraine-nénés »
« Je crois que l’allaitement, c’est un peu une question de mode. Ma mère ne nous a quasi pas allaités. Elle était pro-biberon à 200 %. Par contre, moi, je voulais essayer d’allaiter ma petite Juliette. J'ai été à la séance d’information proposée par la maternité. Mais, après l’accouchement, je me sentais un peu perdue et peu entourée. J’ai failli abandonner l’allaitement après une semaine. Heureusement, une copine déjà maman est venue me rendre visite à ce moment-là. Elle m’a coachée, écoutée, motivée, elle m’a conseillé de participer à une réunion de la Leche League… et elle a sauvé mon allaitement ! Pour rire, je l’appelle "marraine-nénés". »
Coralie, maman de Juliette

EN PRATIQUE

Deux livres, des bons plans

  • Pour en savoir plus, deux livres : L’allaitement. De la naissance au sevrage du Dr Marie Thirion (Éditions Albin Michel) ; Allaiter. Mon Superpouvoir ! Comment devenir l’héroïne de mon projet d’allaitement de Christel Jouret, sage-femme et consultante en lactation IBCLC (www.happynaiss.net).
  • Pour des réponses sur mesure, vous pouvez vous tourner vers une sage-femme, une consultante en lactation, la partenaire enfants-parents de l'ONE ou votre pédiatre. Infos notamment sur le site de l'Union professionnelle des sages-femmes belges.
  • Une autre aide bien utile est de vous rendre sur le site d’une association de soutien à l’allaitement : Infor-Allaitement ; la Leche League Belgiquetél. 02 268 85 80. Cette dernière assure une permanence téléphonique (son site et son répondeur téléphonique indiquent qui appeler selon les moments). Il est aussi possible d’échanger par mail (question@lllbelgique.org).