Grossesse

Vous pensez couches lavables : les conditions de la réussite

Vous vous posez (un peu, beaucoup) la question : couches jetables ou lavables pour les fesses de votre bébé ? Étrangement, malgré leurs nombreux atouts, les couches lavables ne sont pas (encore) la norme. Impact environnement-santé-budget, motivations et freins rencontrés, utilisation… : des spécialistes viennent éclairer le sujet.

Ces dix dernières années, l’évolution du marché de la couche lavable a été remarquable. Un nombre croissant de parents s'y sont intéressés, tandis que les fabricants ont innové avec des modèles ludiques et design. Le secteur des langes jetables s'y attaque également, signe que le temps des carrés de tissu fermés à l'épingle à nourrice est révolu depuis longtemps.

« La préoccupation environnementale est la première motivation avancée par les parents, observe Alyne François, animatrice et formatrice d'ateliers de couches lavables. Viennent ensuite les économies et la santé de bébé. De façon marginale, deux autres attraits des langes lavables animent les parents. La démarche éthique et locale, celle d’être un citoyen actif, qui prend position par rapport aux fabricants de couches jetables, ceux-ci étant bien souvent des multinationales. Et le plaisir d'habiller son enfant : c’est un vêtement à part entière ! »

Méconnaissance et jargon complexe

Malgré ces divers atouts avancés par les parents convaincus, les langes lavables sont encore loin d'être majoritaires sur les popotins des poupons. Pourquoi ? « En raison d’une méconnaissance et d’un manque d'informations, analyse Alyne François. Ce n'est pas présenté d’emblée comme un standard aux parents par les pros de la petite enfance. Il faut bien reconnaître que le lexique des couches et le nombre important de systèmes (noué, velcro, préformé…), de tissus et de marques peuvent décourager. »

Ensuite, la « corvée lessive » vécue par nos (arrière-)grands-mères persisterait dans l’inconscient collectif. « Les anciennes générations de langes étaient lavées à la main. Un travail éreintant, malodorant et en déséquilibre dans le couple. Mais, désormais, les papas sont plus impliqués dans le cycle des machines. Et il n'est plus question de plonger ses mains dans le caca ! Le tour est joué en quelques clics. » Quant à la question d’un change plus régulier, la conseillère se veut rassurante. « Un change supplémentaire par jour est souvent nécessaire avec les couches lavables. C'est notamment dû au fait que les parents sont plus attentifs au risque de fuites pour éviter que bébé ne "marine" dans l'urine. »

Enfin, assumer en une fois le budget des couches peut être rebutant. « Mais rares sont les parents qui font le bilan du coût du jetable, après trois ans d'achat en supermarché… Faites le calcul. »

Économique, certainement

Une comparaison des coûts couche jetable versus couche lavable démontre que cette dernière soulage le portefeuille sur le long terme. À raison de six changes par jour durant sa première année de vie et de cinq changes entre ses 1 an et 2 ans et demi, un bébé portera près de 5 000 langes. Au vu du prix moyen d’une couche jetable (0,25 € l'unité), il en coûtera 1 230 €. « À cela, ajoutez le coût de leur élimination », précise Aurélie Melchior, chargée d'expertise en éco-consommation à l'asbl Écoconso. Environ 160 sacs de 25 litres, soit environ 45 €, pour un coût total de 1 275 €. Depuis 2021, ces langes ne sont plus admis dans les sacs biodégradables. Ils s'éliminent dans les ordures ménagères, à la taxe plus coûteuse. Les intercommunales sont d’ailleurs attentives à cette dépense supplémentaire pour les familles.

De son côté, l'acquisition d'un lot de couches lavables est estimée ainsi : vingt couches de taille S et quinze de taille L pour 420 €, huit culottes imperméables pour 80 €, des accessoires (voile de protection, sac de transport…) pour 100 € et le coût du lavage à 40 °C (eau, électricité, produits) pour 200 € environ. En option : le séchage en machine à 100 €. Coût total : 800 € (900 avec l’option séchage).

Une économie de minimum 400 € peut donc être faite pour un seul enfant. Dès le second enfant, les coûts sont encore réduits. « Si l’investissement au départ est conséquent, équipez-vous au fur et à mesure, recommande Alyne François. Et le marché de la seconde main est très dynamique dans ce secteur. »

Écologique, à condition...

La seconde main et la réutilisation des langes dans la fratrie constituent également un critère écologique de la démarche. « L'idéal est de les utiliser sur deux enfants. Les modèles choisis doivent donc être de qualité pour durer », explique Écoconso. Opter pour du labellisé est aussi un gage d'écologie. « Citons Oeko-Tex pour l'absence de substances chimiques et GOTS (Global Organic Textile Standard) pour ses fibres bio et ses critères sociaux », recommande Aurélie Melchior.

Laquelle rappeler qu'une tonne de déchets s'accumulerait en couches jetables pour chaque enfant entre sa naissance et ses 2 ans et demi. « Le processus de production de ces couches nécessite beaucoup de matières premières et de dérivés pétroliers, et leur élimination est dommageable pour l’environnement. Elles produisent soixante fois plus de déchets solides que les couches en tissu, même en tenant compte des dépenses énergétiques et en eau nécessaires à l'entretien de ces dernières. »

À ce sujet : « Laver à 40 °C est suffisant avec une lessive écologique et un prélavage. Dans l'eau du bain de bébé, c'est encore mieux. Dans l'attente, les couches sont stockées à sec dans un seau hermétique. Un charbon actif y limitera les mauvaises odeurs. » Niveau séchage, la solution écologique est l'étendoir.

L'atout santé, plus relatif

Enfin, l'intérêt pour la santé des couches lavables n'est plus à démontrer. Mais les efforts des marques de couches jetables commencent à rendre la comparaison négligeable. « Les récentes enquêtes de Test Achats prouvent que les résidus de substances nocives restent sous les normes légales pour ces produits », explique Aurélie Melchior.

Dans son cabinet de pédiatrie, le Dr David Weynants (CHU UCLouvain-Namur) n'aborde pas systématiquement le sujet des langes avec les parents, mais il les encourage lorsque la question se présente. « Cette démarche du lavable va dans le sens de la philosophie actuelle du zéro déchet. Et il est vrai que cela nécessite un temps d'adaptation. » Parmi les avantages, le pédiatre remarque que « les langes lavables favorisent l'apprentissage de la propreté, l'enfant ressentant l'humidité et la conséquence de son urine ».

Parmi les questions émanant des parents : celle de l'épaisseur du tissu à l'entrejambe. Un souci pour le développement du bassin ? « Non, au contraire, assure le pédiatre. C'est même favorable à la position des hanches. On observe, par exemple, en Afrique que les bébés portés au dos, jambes écartées, présentent moins de luxation de hanches. »

Quant à la récurrente question de risque de dermatite fessière, le pédiatre n'y observe ni plus ni moins de cas avec les couches lavables. « En prévention d'irritation, je recommande l'application de liniment oléo-calcaire. » Autres gestes de prévention : un « décrassage » des couches tous les trois mois, une lessive à 60 °C en cas de maladie et l'assurance de faire porter un tissu bien sec pour éviter les mycoses.

EN PRATIQUE

Pour se faciliter la vie

  • Débuter en « couchothèque » : pour faire un choix parmi les modèles, une dizaine de services de location proposent en Belgique des kits d'essai. « Ces kits se concoctent sur mesure, selon les critères donnés par les parents, comme la morphologie du bébé. Car certains langes, avec ou sans élastique, conviennent mieux à un bébé selon qu'il est fin ou dodu », présente Alyne François de la couchothèque La Petite Marmite.
  • Servis à domicile : à la fois service de location, de collecte (à vélo, souvent) et de nettoyage de couches lavables en Belgique, de nouvelles entreprises proposent aux familles et professionnels un service « all-in ». Coût : de 20 € à 30 € par semaine, selon les formules, soit environ 0,50 € par change.
  • Primes : une cinquantaine de communes à Bruxelles et en Wallonie offrent une prime pour l’achat ou la location de couches lavables. Elle est plafonnée entre 125 € et 200 €.
  • Plus d'infos : pour vous accompagner dans l’utilisation de couches lavables, les séances d'infos se multiplient, par exemple chez Intradel à Liège (www.intradel.be) et au BEP à Namur (www.bep-environnement.be). Plein d’infos aussi sur les sites de l’asbl Écoconso (www.ecoconso.be) et de Bruxelles Environnement (www.environnement.brussels).

TÉMOIGNAGES

Les parents en parlent

Soutien par l'entourage
« Nous utilisons les couches lavables depuis notre retour de maternité. C'est évident que la démarche nécessite de prendre de nouvelles habitudes logistiques et de lessive, c'est-à-dire tous les deux ou trois jours. Et pour que ça fonctionne, il faut s'impliquer à deux dans le couple. Nous avons aussi la chance que mamie et la crèche aient accepté directement nos langes, que l'on ramène chaque soir dans un sac de piscine imperméable. »
Valérie, maman d'un bébé de 6 mois

Gare aux fuites !
« Après deux ans d'utilisation, nous avons dû arrêter les langes lavables parce qu’ils n'étaient plus absorbants. On les avait achetés en seconde main. Peut-être étaient-ils trop usés ou les a-t-on mal entretenus ? On envisage de racheter un nouveau lot de couches lavables. Pour faire le bon choix, on passera d'abord par un kit de location. Et même si notre fille a déjà 2 ans et demi, ces nouvelles couches serviront à notre second bébé qui s'apprête à naître. »
Thomas, papa de Lou, 2 ans et demi

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