Société

La rentrée de janvier marque le coup d’envoi de nombreux voyages scolaires. Et parfois, la facture est salée pour les parents. 500, 600, 700€ la semaine, c’est vite impayable pour certains parents. La Ligue des familles, en collaboration avec d’autres organisations, demande le plafonnement des montants réclamés aux parents.
En cette période, les familles sont nombreuses à nous contacter pour s’inquiéter des prix exorbitants des voyages scolaires. Leur demande est de savoir si ces séjours sont obligatoires ou facultatifs… En primaire, un enfant sur vingt est privé de voyage scolaire parce que ses parents n’arrivent pas à le financer. En secondaire, c’est un sur dix. C’est cette situation, insupportable, que dénonce la Ligue des familles.
Les coûts des voyages scolaires sont de plus en plus difficiles à supporter pour les familles
Du côté des voyages qui font la une de la presse, les « classes de neige » occupent une belle place car le prix de ce type de voyage grimpe du fait de la fonte des glaciers et de la disparition de la neige en basse altitude qui s’accélèrent avec le dérèglement climatique. Mais ce ne sont pas les seuls. L’année passée, une école organisait un voyage d’une semaine à New York , coût : 2 000€.
Mais même pour des montants moins élevés, 500, 600, 700 € pour un voyage [1], de tels coûts sont particulièrement durs à assumer pour les parents. Et la succession des crises et l’explosion du coût de la vie actuelles n’arrangent rien. En Wallonie, près d’une famille sur trois ne peut pas se payer une semaine à l’étranger chaque année [2]. Pour ces familles, faire face à la demande de payer un voyage scolaire, c’est souvent devoir se priver de sa propre semaine de vacances, et pour les cas les plus difficiles c’est laisser filer des dettes, voire faire un choix entre quel enfant pourra partir et lequel ne pourra pas…
Quel que soit le type de voyage organisé, il n’est pas acceptable d’en exclure des enfants pour des raisons financières
Comme le confirme la ministre de l’Enseignement obligatoire, ces voyages sont facultatifs. Mais il est difficile de se satisfaire de la situation actuelle : comment accepter que des parents renoncent à faire participer leurs enfants à un projet dans lequel les autres élèves de la classe iront, parce qu’ils n’ont pas les moyens ? Les élèves ont envie de participer à des voyages qui sont formateurs, et majoritairement de grande qualité pédagogique. C’est du reste ce que nous disent la plupart des familles qui nous contactent. Elles se serrent la ceinture pour ne pas priver les enfants… mais les choix et les sacrifices sont cornéliens.
La Ligue des familles dépose des propositions
Le Pacte pour un enseignement d’excellence défend que « des plafonds doivent être fixés pour les voyages et les sorties scolaires en attendant la gratuité ». C’est aussi l’engagement de l’accord de majorité PS-MR-Ecolo, et la ministre de l’Éducation Caroline Désir a annoncé cette année son ambition d’organiser ce plafond en primaire pour la rentrée 2023. Si la volonté est là, le diable se cache dans les détails ! Avec 17 autres organisations, la Ligue des familles se mobilise actuellement pour que les plafonds définis ne créent pas d’effets pervers et réussissent concrètement à diminuer la facture à charge des parents.
Nous proposons cinq balises [3], notamment que les plafonds ne soient pas trop éloignés des prix moyens que paient les parents actuellement (aux alentours de 350€ pour les six années de primaire ; et 550€ pour celles de secondaire), et soient indexés annuellement. Nous proposons également qu’une aide financière soit prévue, fixée par arrêté et communiquée largement pour que les familles les plus précaires puissent ne pas être exclues d’une norme moyenne déjà trop élevée aujourd’hui pour elles.
Cette mesure aurait l’intérêt de garantir que des voyages tels que ceux organisés aujourd’hui continuent de l’être, que ces voyages soient concrètement accessibles à tous, et également d’éviter qu’une norme maximale trop élevée ne tire vers le haut les écoles qui initialement, demandaient moins.
Si « les voyages forment la jeunesse », la jeunesse dans son entièreté doit pouvoir en bénéficier !
- [1] L’enquête de la Ligue des familles réalisée cet été montre qu’en primaire en 2022, les 25% des familles qui paient le plus cher des voyages scolaires de plus de trois jours doivent débourser plus de 495€ en primaire. En secondaire, ces 25% des voyages les plus chers dépassent 693€ le voyage.
- [2] IWEPS ; statistiques européennes EU-SILC.
- [3] Lire nos propositions : https://liguedesfamilles.be/article/plafonnement-du-prix-des-voyages-scolaires
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