Santé et bien-être
Beaucoup de parents nous écrivent tout au long de l’année pour nous demander notre avis sur la meilleure façon de faire passer la nuit à leur tout-petit. Pourquoi la combinaison bébé/dodo est-elle si complexe ?
La réponse de l’experte
C’est une question qui obsède beaucoup de parents. Certains sont allés jusqu’à Paris consulter les plus grands spécialistes d’Europe pour trouver une solution. Pas besoin d’aller jusque-là, à mon sens. Il existe toute une série de choses qui, naturellement, provoquent le sommeil. Que les parents réalisent bien que la courbe du sommeil présentée ci-contre n’est que le résultat d’hormones et de mécanismes qui vont lancer le sommeil. Tout est purement physiologique. Le rôle des parents consiste à accompagner « simplement » le cycle naturel du sommeil de bébé. En ayant conscience que certains enfants dorment mieux que d’autres. Durant les trois premiers mois, il n’y a pas de règle et on s’en sort comme on peut. Après, les cycles se stabilisent et se mettent en place.
Que faire ?
- C’est là où le rite a toute son importance. On met l’enfant au lit à heures fixes. On fait tout pour qu’il réalise combien c’est chouette d’aller au lit. On peut même user de petits stratagèmes, comme mettre une petite lumière très douce. On peut l’apaiser avec une musique calme. La ritournelle est très importante, tout comme les sons répétitifs qui vont accompagner le rythme de l’endormissement. Privilégiez les sons de la nature. Ceux de la mer, par exemple. Tout cela, si possible, dans son lit.
- Si votre enfant a des difficultés à se décoller de vous, allez-y progressivement. Étape par étape, lentement. En rassurant, en faisant des caresses. Et dites-vous bien que ce n’est jamais un caprice, mais qu’il est juste angoissé à l’idée de se coucher.
- Autour de 6 mois, habituez-le à s’endormir par lui-même. Quittez la pièce quand vous le sentez prêt. Encore une fois, le maître-mot, c’est d’y aller progressivement. Le tout, c’est de se fixer un moment et de s’y tenir. De lui-même, le bébé ne peut pas prendre le rythme sans petits rites réguliers qui entourent son sommeil.
La première angoisse des parents, c’est bien entendu la mort subite du nourrisson. Est-ce qu’il existe des petits trucs qui peuvent rassurer nos jeunes parents, fatigués et angoissés ?
La réponse de l’experte
On peut commencer par leur annoncer une bonne nouvelle : les cas de mort subite du nourrisson sont de moins en moins fréquents en Belgique. Les derniers chiffres indiquent qu’ils sont de 0,5 pour mille. Soit, à peu près soixante cas au total chaque année. Dans les années 1980, ils se situaient aux alentours de 2,5 pour mille.
Comment cela s’explique-t-il ? Les Belges n'osaient pas mettre les bébés sur le dos pour la nuit, par peur qu'ils s'étouffent en régurgitant. Il a fallu du temps pour les convaincre ainsi que les médecins.
Que faut-il mettre en place ?
- Il existe plusieurs facteurs. Pour cela, je recommande d’ailleurs la brochure de l’ONE : Prévention de la mort subite du nourrisson.
- Commençons par les conditions dans la maison. Bébé arrive ? Fumez à l’extérieur. La température de sa chambre doit se situer entre 18°C et 20°C. Pensez à bien aérer la chambre deux fois quinze minutes par jour. Évitez de le faire dormir dans un environnement trop bruyant.
- Parlons couchage. La literie doit être bien adaptée. Un matelas ferme, des barreaux espacés de 6,5 cm maximum, un sac de couchage. Et jamais rien autour du cou.
- Enfin, le plus important, la position de bébé. Toujours sur le dos. Mais si l’enfant roule sur le côté pendant son sommeil, vous pouvez le laisser finir sa nuit - ou sa sieste - dans cette position. S'il faut faire dormir le bébé sur le dos, il ne faut pas oublier qu'il est important pour son développement psychomoteur et pour éviter l'aplatissement excessif de l'arrière de sa tête qu'il passe aussi un peu de temps sur le ventre quand il est éveillé.
Une des grandes interrogations dont débattent beaucoup de parents, ce sont les pleurs dans la nuit. Bébé se réveille, hurle. Toutes les nuits, par intervalles. La question est donc : je laisse faire ou je rassure ?
La réponse de l’experte
On laisse pleurer et on est ferme ou on console et on sacrifie nos nuits. Avant de basculer dans un camp ou dans l’autre, il y a quelques petites choses à se demander. Par exemple : à quel moment de la nuit le bébé pleure ? Comme vous pouvez le voir dans le graphique ci-contre, le rythme de bébé n’est pas des plus routiniers. Deux-trois heures après l’endormissement, si vous retrouvez votre bébé debout dans son lit, suffoquant, il est fort possible qu’il soit en pleine terreur nocturne. Puis cela peut être le calme, pour reprendre vers 5 heures du matin où apparaissent les cauchemars. Entre ces deux heures, ça va être une tétine qui se perd, un petit bruit ou autre qui dérange.
Que faire ?
- Une fois que l’on sait cela, la question, c’est : comment intervenir ? Si votre bébé est en pleine terreur nocturne, que vous avez l’impression qu’il ne vous voit pas, il faut bien se dire que, comme les petits somnambules, il semble réveillé, mais son cerveau dort encore. Là, il vaut mieux ne pas trop intervenir. Ne pas le réveiller. Vous le couchez en l’apaisant et il va passer paisiblement à son cycle de sommeil suivant.
- Entre 3 et 5h, s’il est réveillé, vous pouvez revenir et lui expliquer que la nuit tout le monde dort. Vous le calmez en le laissant si possible dans son lit et vous repartez. Si vous le laissez pleurer, ce n’est pas plus de quinze-vingt minutes. Petit conseil : mieux vaut multiplier les aller-retour que lui donner l’habitude de dormir à ses côtés. C’est fatigant, mais à la longue ça paye.
- Si le bébé se réveille vers 5 h du matin, alors rien ne vous empêche de finir la nuit ensemble et, qui sait, vous aurez peut-être la bonne surprise de dormir encore pendant au moins deux bonnes heures. Gare aux stratagèmes, type balade de nuit, tour en voiture pour essayer de l’endormir. Ils ne peuvent être que provisoires pour éviter tout conditionnement. Et il faut savoir que le bébé s’habitue très vite au provisoire… et en fait une règle. Si les nuits sont vraiment difficiles, n’attendez pas que les choses empirent et consultez votre médecin ou un spécialiste du sommeil. Mieux vaut consulter pour « rien », qu’attendre d’être au bout du rouleau. Ça dédramatise, ça donne une piste, un éclairage… et c’est toujours vous, parents, qui - forts de tous ces conseils - trouvez votre propre solution.