Développement de l'enfant

Ado agressé : comment réagir ?

Que dire à des ados qui ont été agressés pour un smartphone, par exemple

Ils ont 12, 13 ans et plus et ne rentrent pas tout de suite après l’école. Il y a les copains/copines à voir, l’entraînement de basket ou le cours de théâtre à rejoindre… L’occasion de traîner un peu dans la rue, d’arpenter les transports en commun, l’iPhone à la main… Parfois, la mésaventure les attend au coin de la rue. Agressés et délestés de leur objet numérique, ils rentrent à la maison choqués, dégoûtés. Que leur dire pour les apaiser tout en prenant au sérieux ce qui vient de leur arriver ? Leçon de vie.

Renaud revient du lycée très en colère ! Dans un flot de paroles, on comprend qu’il s’est fait voler son GSM. Il fulmine contre « cette société de malades », peste contre le monde entier et éclate en menaces de vengeance.
Marvin, lui, rentre chez lui sans un mot et file dans sa chambre, tête basse. Il faut lui tirer les vers du nez pour apprendre qu’il s’est fait agresser, n’a pas pu se défendre. L’un a la rage, l’autre se replie sur lui-même. Deux réactions opposées à une semblable agression.

Écouter son ado

Pas simple pour vous parents de savoir que dire, que faire.
Première réaction utile : écouter l’agressé s’il parle facilement, l’aider à s’exprimer si ce n’est pas le cas. Sans a priori, tenter ensuite de comprendre ce qui s’est passé et comment l’intéressé le vit.
Qu’il s’appelle Renaud ou Marvin, le laisser décharger sa peine, dire sa colère, son indignation, son dépit, peut-être même son envie de représailles plus ou moins violentes. Et l’aider à mettre des mots sur ce qu’il a vécu. En effet, taire ce qui s’est passé en imaginant oublier l’épisode est une illusion. Au contraire, le silence risque de créer de futurs problèmes.
Ainsi, à travers toutes ses émotions si négatives soient-elles, vous pourrez percevoir jusqu’où votre ado a peur et a perdu confiance en lui et en l’autre.
Écoutez-le sans a priori, reconnaissez l’agression, sans dramatiser outre mesure non plus, sans considérer qu’elle crée d’office un traumatisme difficilement surmontable. Et pour qu’il reprenne rapidement le dessus, faites-lui confiance dans sa capacité à rebondir…

Décoder l’agression

Le vol et l’agression ne sont jamais excusables mais peut-être peut-on essayer de les comprendre ? Un iPod ou un iPhone sont des objets que tous les jeunes souhaitent posséder ; ils les perçoivent comme une marque de richesse, d’appartenance à une classe sociale qui peut satisfaire leurs désirs de consommation. La publicité et l’ambiance actuelle les confortent dans l’idée qu’il faut posséder ces petites merveilles technologiques pour être quelqu’un…
Conclusion ? On n’aurait pas idée d’aller se promener avec des kilos de pains sous le bras sans les distribuer, dans un pays où la population meurt de faim. Toutes proportions gardées, sans doute faut-il faire attention à ne pas étaler ses richesses là où elles pourraient être vécues comme une provocation par ceux qui n’y ont pas accès. Pensons aussi au verso de tickets de parking qui met en garde : « Un sac trop visible est une cible facile, soyez vigilant ! »
Ajoutons, qu’il est vain de narguer l’autre, mais aussi de répondre à une provocation. Et enfin, précisons que mieux vaut « donner » quelque chose (gsm, casque...) que se faire battre ! Ce n’est pas une attitude de lâche mais une réaction raisonnable, sensée.
Sans être naïfs, rappelons que la toute grande majorité des humains sont… corrects !

Porter plainte

Il est possible de porter plainte immédiatement à la police. Votre ado peut s’y rendre seul ou accompagné par vous. Cette démarche manifeste que l’agression est bien réelle et punissable. En effet, s’il y a lieu de porter plainte, c’est que l’agresseur n’est pas dans son droit et que l’agression est légalement interdite. Nous vivons donc dans un pays où tout n’est pas permis. Cette démarche sera d’autant plus utile qu’elle sera prise au sérieux par le policier et ce, même si elle ne signifie pas que l’agresseur sera retrouvé.
Selon le lieu et les circonstances de l’agression, il peut être utile d’en informer également l’établissement scolaire, la SNCB, les TEC ou la STIB, l’association sportive…

EN PRATIQUE

Mieux vaut prévenir que guérir

Un jeune agressé ou volé a du mal à accepter qu’il n’a pas pu se défendre. Conseils pour éviter que ce genre d’événement se reproduise…

  • Ne se rendre dans un endroit peu sûr (la « zone », quoi !) qu’en groupe… Ou l’éviter à certaines heures (« Si je prends le train de nuit, je monte dans un wagon où il y a plusieurs personnes » ou « J’évite telle station de métro à telle heure  »).
  • A proscrire : l’arme blanche. Certains ados seront tentés de s’en munir : attention, se déplacer avec un couteau ou un aérosol est interdit par la loi. Sans compter que ces armes augmentent les risques de dérapage. 
  • Enfin, si les émotions négatives persistent chez le jeune agressé, s’il se replie sur lui-même, si ces notes scolaires s’effondrent… une consultation psychologique peut s’avérer nécessaire, voire indispensable, pour qu’il retrouve confiance en soi et puisse tourner la page. Contactez un service d’aide aux victimes ou rendez-vous dans un centre de planning pour y rencontrer un thérapeute.
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