Société

Crèches : redoubler d’ambition

Selon le dernier rapport de l’ONE, l’offre de places en crèche a diminué de 1 284 places entre 2019 et 2022. Malgré des mesures visant à stabiliser le secteur, malgré les difficultés des familles, malgré l’annonce de 5 200 nouvelles places (qui mettent plusieurs années à émerger), l’offre est jusqu’à présent en diminution. La Ligue des familles appelle les ministres en place à des mesures urgentes pour répondre aux besoins actuels des parents, qui ne pourront attendre l’arrivée des nouvelles places en 2026.

Les femmes toujours en première ligne

Nous l’avons déjà écrit dans ces colonnes : les chiffres montrent, si besoin en était, que ce sont surtout les mamans qui prolongent leur congé de maternité par un congé parental ou réduisent - voire stoppent - leur engagement professionnel. Cela sans compter les heures de recherche, de démarches auprès des crèches repérées, les sollicitations renouvelées, dans l’espoir d’obtenir une précieuse réponse positive –autant de tâches qui sont, toujours aujourd’hui, majoritairement l’apanage des femmes.

Un plan Cigogne ambitieux, mais qui ne peut suffire

C’est indéniable : des efforts sont engagés par les différents gouvernements afin de créer de nouvelles places d’ici 2026. Quelques mois après que les projets aient été sélectionnés, la Ligue des familles s’inquiète toutefois du risque d’abandon d’une partie conséquente d’entre eux, avec pour conséquence que l’objectif de création de places du plan en cours en Fédération Wallonie-Bruxelles ne soit pas atteint.
En effet, la différence entre les coûts estimés et réels augmente au fil des mois, alors qu’il est fréquent que les projets de création de place prennent du retard (marchés publics, procédures administratives, réalisation des travaux…). L’addition augmente tandis que les budgets pour financer les infrastructures ont été arrêtés avant les crises sanitaire et énergétique, et qu’il faut que les crèches ouvrent au plus tard en aout 2026 pour les recevoir en totalité.
Ajoutons que même si les places prévues voient toutes le jour, elles laisseront malgré tout de nombreux besoins non couverts et des parents dans des situations intenables.

Créer des places là où les listes d’attentes sont longues

Ces derniers mois, de nombreux parents nous ont aussi fait part de leur désappointement parce que leur commune n’avait pas été retenue dans le dernier plan Cigogne (de création de places). La raison ? L’offre – bien qu’insuffisante – y est plus élevée qu’ailleurs.
En effet, la priorité lorsqu’il faut financer la création de nouvelles places d’accueil est accordée aux projets issus de communes où l’offre est la plus faible. Une logique qui a tout son sens pour résorber le déficit d’offre aux endroits les plus critiques. Mais, en pratique, dans les communes où l’offre de places en crèche est relativement meilleure qu’ailleurs, les chances d’obtenir un financement sont donc très faibles.
La Ligue des familles propose de conserver la règle d’attribuer en priorité les nouvelles places en crèche aux communes les moins bien loties, mais d’affecter par ailleurs un budget spécifique à la création de places là où la demande non rencontrée est la plus forte. C’est-à-dire des communes où il y a relativement plus de places en crèche qu’ailleurs, mais où de nombreux parents sont en recherche de places.
Comment estimer cette demande non rencontrée ? Notamment via le développement, prévu dans les prochains mois, d’une plateforme de l’ONE permettant la centralisation des demandes d’inscription en crèche, dont on espère qu’elle pourra faciliter la vie des parents.

Des mesures urgentes, sans attendre 2026

Avec l’appui des 1 224 parents qui ont écrit à leurs élus locaux dans le cadre de sa campagne « Pour en finir avec le manque de places en crèche », la Ligue des familles a placé cet important sujet comme enjeu majeur des prochains accords de majorité à la suite des élections de juin et d’octobre.
Toutefois, vu la situation particulièrement critique – les pertes de places, les délais de création de nouvelles places, l’incertitude que les nouvelles places prévues ouvrent bien d’ici 2026, et surtout les difficultés vécues par les parents actuels, qui ne peuvent attendre 2026 –, on ne peut se permettre de patienter d’ici d’éventuelles nouvelles initiatives prises par le prochain gouvernement.

À situation exceptionnelle, moyens exceptionnels

La situation actuelle requiert d’envisager des mesures d’urgence supplémentaires, qu’il s’agisse d’un budget exceptionnel pour ouvrir très rapidement des places là où des locaux adaptés à l’accueil d’enfants existent, pour compenser l’impact financier du manque de places pour les familles concernées, ou de toute autre disposition à même de répondre à la détresse des familles dans l’attente de l’ouverture effective des nouvelles places programmées.
C’est en ce sens que nous avons écrit, fin février, aux ministres concernés. Le temps est court d’ici la tenue des élections, mais la situation impose des mesures urgentes.

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