Loisirs et culture

Des Lego pour soigner les enfants

C’est la saison des cadeaux. Tout le monde cherche à savoir comment combler au mieux ses enfants ou petits-enfants. Dans la rubrique jeux de construction, les Lego restent indémodables, tant par leur solidité que par leurs bienfaits sur les enfants. À tel point qu’aujourd’hui, une nouvelle discipline a vu le jour : la Lego-thérapie, appelée aussi Legopédie.

Née aux États-Unis il y a quinze ans, la Lego-thérapie a été conçue par les professeurs LeGoff et Gomez de la Cuesta pour améliorer les aptitudes sociales des patients, la créativité et l’estime de soi. Cette discipline qui s’adressait avant tout aux enfants porteurs de troubles autistiques fonctionne en réalité pour tous types d’enfants.

Frédéric Vanbeneden, le créateur de l’asbl Le Tandem & l’Enfant, en a conscience. Depuis 2012, il pratique cette méthode au refuge Les Salanganes, un service résidentiel pour jeunes (SRJ) situé dans le Brabant wallon, avec des enfants non pas autistes, mais sous protection judiciaire. Âgés de 3 à 18 ans, ils souffrent de déficience légère ou modérée, de troubles caractériels, psychotiques ou névrotiques.

« Don’t be a Fred »

Avant de lancer son association, Frédéric Vanbeneden a été directeur d’agence dans le monde bancaire. Aujourd’hui, s’il travaille toujours à la banque, il se consacre principalement à son projet social.

« Don’t be a Fred », c’est l’adage qu’il aime enseigner aux jeunes lorsqu’il anime des programmes d’études supérieures. L’idée n’est pas de véhiculer le message selon lequel il ne faut pas avoir peur, mais davantage de ne pas être un « Fred », qui découvre sa créativité à 50 ans.

« Si vous avez l’impression, le sentiment, le rêve de développer quelque chose, lancez-vous au plus tôt. N’attendez pas, comme moi je l’ai fait, amorti par la vie sociale et par des choix qui n’étaient pas les miens. »

Le témoignage est percutant. Frédéric raconte son histoire personnelle. Il a attendu la crise bancaire de 2008 avant de se remettre en question, d’interroger son orientation professionnelle et les valeurs qu’il souhaitait véhiculer dans notre société. Il a ensuite décidé de créer Le Tandem & l’Enfant et a découvert ainsi les bienfaits des Lego.

« Quand j’ai lancé mon projet, en 2012, c’était un peu par hasard. Puis j’ai vu à quel point cela fonctionnait. Je venais une heure par semaine avec mes sacs de Lego que je mettais à disposition des enfants. En très peu de temps, j’ai vu comment ces derniers pouvaient s’épanouir grâce à ces briques. Un enfant de 11 ans, par exemple, avait de gros troubles psychologiques. Personne ne parvenait à lui redonner confiance en lui, pas même les psychologues, les logopèdes ou l’école. Un jour, alors que je n’arrivais pas à trouver les pièces adéquates pour construire un cheval, ce garçon est intervenu. Il a récupéré une pièce d’un canon pour construire la tête et des petites pièces éparses pour en faire les oreilles. Il avait solutionné mon problème. Grâce à cet évènement, il a pris confiance en lui, il a découvert sa créativité, son intelligence. Autre exemple : une petite fille de 7-8 ans qui demandait sans cesse de l’aide pour n’importe quelle action qu’elle entreprenait. Quand elle a vu les Lego, elle s’est assise et a commencé à s’occuper seule, elle a acquis de l’autonomie sans y être forcée. »

Vu le succès qu’il a eu auprès des enfants depuis 2012, Frédéric a décidé de renforcer l’expérience et de rassembler encore plus de Lego. Un bureau lui a été confié spécifiquement au sein de l’institution pour son activité. « Mon but est de mettre à disposition un maximum de pièces et de les classer pour que les enfants puissent construire ce qu’ils veulent ».

Au-delà des Lego, la ludothérapie

L’initiative de Frédéric Vanbeneden montre que les Lego peuvent constituer un outil efficace pour les enfants qui éprouvent des difficultés sociales ou qui souffrent d’un manque de confiance en eux. Outre les Lego, les jeux, de manière générale, sont des instruments thérapeutiques.

Delphine Bolly est psychologue et pratique la ludothérapie depuis cinq ans. Elle en explique les atouts : « Le jeu permet aux enfants d’exprimer des choses autrement que par les mots. L’idée, c’est de réussir à faire vivre des choses à l’enfant, à lui faire comprendre qu’il peut ressentir des émotions, que c’est permis. Par exemple, quand un enfant s’énerve dans un jeu, il s’autorise à exprimer son émotion. S’il s’énerve particulièrement fort, on pourrait y déceler qu’il éprouve des difficultés dans la gestion de la colère. En fonction du jeu, l’enfant acquiert des compétences distinctes, telles que la communication, l’empathie, etc. En art thérapie, ils font la même chose, mais avec des éléments artistiques. Pour ce qui est de la Legothérapie en particulier, Lego et Duplo aident à développer le sens de la construction. Ils permettent à l’enfant de faire de la 3D, de passer dans la gestion du volume, de l’espace. Si on lui demande de construire son salon en Lego et on lui demande où il se place, ça permet de mieux connaître son rapport à la famille ».

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Des Lego qui forment les étudiants

Depuis deux ans, dans le cadre du cours d’éthique, les étudiants de 1re année de l’Éphec (École pratique des hautes études commerciales) sont chargés de récolter des kilos de Lego, destinés au Tandem & l’Enfant. L’objectif ? Acquérir des compétences de savoir-faire marketing tout en menant des actions solidaires.

Colas fait partie de ces étudiants. Depuis le mois de septembre, avec son groupe de travail, il tente de trouver un maximum de briques. Jusqu’à présent, il a déjà rassemblé 35 kilos. Il témoigne : « Ça n’est pas si évident qu’on le croit de recueillir des Lego. Peu de personnes sont prêtes à les donner, même si elles n’y jouent plus depuis longtemps. Ce jeu a une valeur affective particulière chez les gens, il leur rappelle les souvenirs d’enfance, la fierté de certaines de leurs constructions. Et puis, de manière générale, les Lego coûtent relativement cher ».

Pour Jehanne Hecquet, la professeure à l’initiative de cette action, c’est là l’intérêt pédagogique du projet. « Vu les nombreux refus, les étudiants doivent développer des stratégies marketing pour ramener des Lego. Certains ont créé des partenariats avec les écoles, d’autres avec des restaurants, d’autres encore ont travaillé bénévolement à l’exposition de briques pour obtenir en échange des Lego… ». Colas corrobore : « On a dû renforcer nos compétences de négociation. On est ainsi formé par cette voie-là tout en nourrissant un projet social, c’est ça qui est chouette ». 

L’année passée, les étudiants de l’Éphec ont réussi à rassembler 700 kilos de Lego. Cette année, on ne sait pas encore combien de kilos ont été collectés, puisque l’opération s’achèvera fin décembre. Frédéric Vanbeneden est toujours demandeur de plus de briques. S’il en a plus que nécessaire pour les enfants du refuge les Salanganes, elles serviront toujours : « Les Lego sont aussi utiles pour les associations de migrants qui ne parlent pas le français. C’est une manière de favoriser la communication avec eux ».

Si vous souhaitez participer et donner vos Lego à Frédéric pour les enfants du refuge Les Salanganes, n’hésitez pas à contacter Colas Stevenart (c.stevenart@students.ephec.be - 0496/81 70 61).

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