Crèche et école

Et un trimestre en maternelle, un

À peine sortis de l’œuf, vos petits ont déjà un trimestre d’école au compteur. Et combien de pas de géants ont été accomplis ? Une ligne, un rond à moitié fermé, des points… ça n’a l’air de rien, comme ça, à première vue. Et pourtant, derrière chaque trait, une performance. Sans parler de l’autonomie, des repères, de l’expression et l’autocontrôle. Allez, revenons sur tous ces bonds de géants de vos petits.

« En maternelle, tout est jeu et plaisir pour les enfants mais, pour l’institutrice, rien n’est gratuit ! », précise  Alice, institutrice en 1re maternelle. Et d’expliquer comment chaque activité permet un apprentissage pour les bouts de chou.

► Moi et tous les autres

Jusqu’à 2 ans-2 ans et demi, votre petit est le centre du monde, seul chez lui ou avec quelques autres bébés à la crèche. Entrée à l’école : le voici un enfant-roi avec vingt autres enfants-rois et plus ! Un premier sacré boulot pour s’ajuster au groupe et y trouver sa place. C’est en se comparant aux autres qu’il se connaîtra mieux et découvrira le plaisir d’être ensemble.
Objectif prioritaire de l’enseignante : l’autonomie. Indispensable pour avancer dans les apprentissages, celle-ci s’apprend au quotidien, en sortant la collation du cartable qu’il faut après ranger, en allant boire de l’eau quand on a soif ou faire pipi tout·e seul·e… Les enfants prennent ainsi conscience de leur corps. Ils doivent pouvoir s’y sentir bien et voir leurs besoins respectés pour être réceptifs aux apprentissages.

Oh, le grand manteau rouge

Un accident anodin, la perte d’un manteau rouge, et Madame  Alice fait des merveilles en pédagogie ! Notre institutrice va profiter de cet événement pour introduire le « savoir mesurer les grandeurs », selon le terme du programme officiel.
Démonstration. « Quand Jules ne trouve plus son manteau, je questionne : ‘Quelle couleur, ce manteau ?’ - ‘Rouge !’ - ‘Comme le mien’ ». Tout le monde cherche le manteau qui, une fois trouvé, est comparé à celui de Madame. Les enfants sont face à un grand et un petit vêtement. « Lequel est à qui ? », interroge madame  Alice. On passe à l’essayage. Jules met le manteau de l’instit, elle passe une manche du sien… Les enfants réfléchissent. « Pourquoi le manteau est plus grand que Jules ? », questionne  Alice. « Parce que tu es grande ! », s’écrient les enfants en chœur.
Mais madame  Alice ne s’arrêtera pas en si bon chemin. Elle entraînera les enfants à aller plus loin dans l’apprentissage en leur demandant de rechercher tous les objets rouges : perles, fruits, bouts de papier, gants, briques Lego… Et d’ensuite les classer, les comparer : peu ou beaucoup, grands ou petits…

► An, Deu, Troa…

Les histoires ou les chansons peuvent donner lieu à des jeux qui sont de véritables activités mathématiques. Des exemples. Une corde délimite la maison des trois petits enfants/cochons : à tour de rôle, des joueurs à l’extérieur du cercle décomptent le nombre 3 à l’intérieur tandis que les trois enfants/cochons le vivent à l’intérieur… en acteurs. Ou encore : lorsqu’on chante Quand trois poules s’en vont aux champs…, les enfants forment des petits trains de trois, l’occasion de vivre le nombre 3 physiquement. « Et si on joue l’histoire des trois petits cochons ou de Boucle d’Or et les trois ours, on aborde aussi les nombres, les grandeurs et on élabore des liens logiques, ajoute madame  Alice. En maternelle, tout apprentissage passe aussi par le corps ».

► Moi ? Ouais, je sais écrire

En peinture, on s’exerce à créer du beau, mais ce n’est pas tout. Quand on dessine les piquants du hérisson apporté par Basile, très grands, via de larges gestes, voici le début du graphisme, du « savoir écrire ». Plus tard, on réussira de petites herbes dans un champ de fleurs. On se mettra aussi en boule, comme le hérisson quand il se protège ! Un chemin qui conduira tout droit les petits à affiner leur fine motricité pour, un jour, bien écrire.

De plus en plus zen

Quand ils poussent des « Hou Hou Hou » sonores, les Indiens doivent se taire au moment où madame tape sur son tambourin. Contrôler son impulsivité, voilà un apprentissage bien difficile. Surtout quand ils doivent courir en même temps… et s’arrêter quand l’enseignante montre un grand « Stop ». Ils doivent alors prendre possession de l’espace et faire attention à un double stimulus : sonore et visuel.

Les cases bleues, y a pas école

Les enfants à cet âge-là ne se repèrent pas dans le temps et il leur faudra encore quelques années pour jongler avec notre calendrier. C’est pour cela que l’institutrice a recours à plusieurs calendriers inventés sur mesure pour aider les petits : celui des saisons, celui de l’année (les cases en bleu signifient qu’on ne vient pas en classe), celui de la semaine avec le jour de la psychomotricité, le jour de la collation-fruit, celui de la deuxième institutrice. Et encore le calendrier de la journée avec les moments d’accueil, de regroupement, de collation, de récré, de sieste bien précisés… jusqu’à la fameuse heure des papas et des mamans.

► Les neurones en surchauffe

C’est fou ce que les petits neurones chauffent dans une 1re maternelle. Tout est prétexte, pour madame  Alice, à argumenter. On fait un gâteau ? Que faut-il pour cela ? A-t-on les ingrédients ? Les outils ? On n’a plus de four, on l’a prêté à la classe d’en haut ? Que peut-on faire ? Des biscuits ? Aller chercher notre four ? Qui peut y aller ? Il s’agit de s’exprimer, de trouver les mots, même maladroitement, et ensuite de se situer dans l’espace de l’école. Et s’ils ne savent pas encore dire leurs émotions, l’institutrice verbalise pour eux : « Arthur est triste parce qu’il a perdu sa petite voiture… ».
Les histoires éveillent l’imaginaire bien sûr mais elles se continuent, via un jeu, un dessin, des manipulations. Ainsi, les petits cochons ont une maison en bois, une en briques, une en paille. Trois matières qu’on découvre en classe : la brique est lourde et gratte, la paille est légère, elle pique et parfois elle est douce aussi, et le bois… c’est comme les plaquettes d’un jeu de construction bien connu !
Comme l’a écrit Joseph Stordeur, psychopédagogue : « Dès que le petit apprend, il remet en jeu ses représentations du monde et les fait évoluer ; il transforme ce qu’il est pour devenir autre ». Oui, apprendre, c’est changer !

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