Évras

FAUX

Des supports existent, des outils aussi. Mais jamais de films pornographiques ne sont visionnés en classe. Ni d’extraits de scène, ni de photos ou quelque représentation que ce soit. Si la question du porno est abordée par les élèves, alors elle fait objet de discussion et toujours dans l’idée de déconstruire la sexualité telle que présentée dans les productions pornographiques.
Est-ce important de le faire ? Laurence Pécaut-Rivolier, de l’Arcom (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique en France), nous rappelle que 21% des garçons de 10-11 ans regardent des sites pornos chaque mois, et 51% des garçons de 12-13 ans contre 31% des filles du même âge. En tout, 2,3 millions de mineur·es visionnent en moyenne plus de cinquante minutes de contenu pornographique chaque mois. Ces séances Évras et les discussions qui y sont menées rattrapent le coup. À savoir, déconstruire une certaine forme de sexualité toxique, les stéréotypes, les rapports de genre, une certaine idée de la performance sexuelle. Les protagonistes sont-ils, sont-elles consentant·es dans le scénario ? Une des motivations des ados à avoir une relation sexuelle, c’est d’abord une motivation sentimentale. Ils et elles ont besoin d’entendre que ce qu’il se joue dans ces films, ce n’est pas la réalité. Le porno est abordé dans toutes les animations de la tranche d’âge ado par les jeunes eux-mêmes. Et les discussions y sont menées, sans jugement ou sans promotion de telle ou telle pratique. La question du consentement étant notamment une des bases de la réflexion.

FAUX

Voilà deux points qui cristallisent beaucoup d’angoisses. Deux points, mais qui alimentent une seule et même idée : l’Évras serait un outil de promotion de l’idéologie LGBTQIA+. Comprenez que ces séances inciteraient la jeunesse à changer soit de genre, soit d’orientation sexuelle. En réalité, ces animations défendent des valeurs de respect et de tolérance.
Comme on l’a souvent relaté dans nos pages, toutes les réalités que recouvrent les personnes gays, trans, non binaires ou autres ne sont ni un débat, ni une opinion face à laquelle on se situe pour ou contre. Elles sont incarnées, pour la plupart de nos enfants, par des copains, des copines. Elles peuvent aussi être vécues dans leur propre chair pour certain·es d’entre eux et elles. Hors de question dans ces séances de faire la promotion de quoi que ce soit. Hors de question d’inciter comme l’a martelé Caroline Désir, ministre de l’Éducation, au moment de voter le décret en septembre dernier.
En revanche, il est urgent d’informer. Et de le faire de manière objective. Petit rappel du cadre légal : en Belgique, la discrimination basée sur l'orientation sexuelle est interdite par la loi anti-discrimination. Elle constitue un délit. Il est donc important d’éduquer nos enfants, de les aider à se situer.
Ces séances ne sont pas pour autant un focus spécifique LGBTQIA+. Elles incluent ces questions, oui. C’est aussi l’occasion de rappeler aux élèves victimes de ces formes de discrimination que la situation qu’ils ou elles subissent n’est pas normale. Par ailleurs, on a souvent entendu dans les manifestations anti-Évras que « l’école veut transformer les filles en garçons et les garçons en filles ».
C’est un point qui revient beaucoup. Les transformations inquiètent tant les anti-Évras que les parents. On n’indique pas comment prendre des traitements hormonaux dans les animations. On n’encourage pas à la transformation des corps. On y aide les enfants, dès 5 ans, à faire la différence entre sexe biologique et identité de genre. On explique que cette dernière peut être identique, différente, se rapprocher, s’éloigner, correspondre, ne pas correspondre, différer, osciller… par rapport à celle assignée à la naissance. Parler de l'identité de genre, c'est aussi parler des stéréotypes du style « les garçons ne veulent pas que je joue au foot parce que je suis une fille ». Mais on ne va pas y dire à un garçon qui porte une jupe qu’il est une fille, par exemple. Tout cela permet aux élèves d’être soutenu·es dans leur identité. Et dans 1 à 2% des cas, aider celles et ceux qui ne se sentent pas né·es dans le bon corps de leur permettre d’avoir accès à un suivi cadré.

FAUX

C’est une rumeur qui existait déjà chez nos voisins français sous la forme de plaquettes falsifiées, estampillées Éducation Nationale. C’est aujourd’hui apparu chez nous, en Belgique, sous la forme de faux témoignages, avec la même mécanique : « Une amie m’a dit que dans la classe de sa fille… ». Non, on n’explique pas lors de ces séances comment se masturber. On parle de plaisir. On parle de pratiques. On l’évoque de façon objective et scientifique. On explique que c’est répandu. C’est l’occasion d’aborder la découverte de son corps. Mais jamais les propos qui y sont tenus ne s’apparentent de près ou de loin à un manuel d’utilisation. Là encore, aucun jugement n’est tenu. Si les ados veulent prolonger la conversation, ils/elles peuvent le faire hors séance de groupe. Et là encore, il n’y sera donné aucun cours pratique.

VRAI

En effet, comme on l’a souligné dans l’introduction de ce dossier, ce sont des compétences extérieures à l’école qui assurent les séances Évras. Non pas que les professeur·es ne soient pas compétent·es (d’ailleurs de plus en plus suivent des modules Évras au cours de leur formation), mais pour garantir toute forme de confidentialité et permettre aux élèves de bénéficier d’une écoute impartiale, ce sont des professionne·lles formé·es qui se chargent du déroulé de ces séances. Ce sont des psys, des assistants sociaux. Ils et elles ont une attitude d’accompagnement au groupe. Posent un cadre bienveillant. Recueillent des infos auxquelles les jeunes sont confronté·es.
Ce sont aussi des professionnel·les habitué·es aux contextes pluralistes. Éthno-religieux, laïques, précaires, favorisés... Hors de question de laisser des associations trop orientées, des acteurs privés aux intentions mercantiles ou autres groupes incertains d’assurer ces séances. Hors planning familial et PMS ou PSE, les personnes qui assurent ces séances doivent avoir obtenu un label obligatoire pour mener les animations.
Les différentes formations politiques ont souligné ce point important au moment du vote du décret, dans l’intérêt des enfants et de leur famille. Un groupe parlementaire travaille sur la question de la labellisation. Rien n’est arrêté. Là encore, gare aux infox qui circulent et déplorent le peu d’heures de formation. C’est une question qui sera suivie de près par les acteurs, actrices de terrain et par nous-mêmes. Nous ne manquerons pas de vous en informer dès que les critères et les moyens d’obtention auront été validés. Tout cela se fait dans un travail collectif.
Animateurs et animatrices travaillent aussi avec services de PSE (promotion de la santé à l’école) ou les centres PMS (psycho-médicaux-sociaux) qui connaissent bien les élèves. Ces derniers peuvent intervenir avant et après les séances. Les enfants peuvent revenir vers ces services à tout moment de l’année. Il est important d’avoir des personnes ressources qui puissent assurer une continuité pédagogique après les interventions Évras.

FAUX
Petit conseil de certain·es intervenant·es : toujours se méfier quand un complot pédophile est brandi à la hâte. C’est souvent un argument de vente imparable qui discrédite telle entité ou tel dessein sociétal. Ici, lorsqu’il est question de pédophilie, c’est justement pour la contrer. Les chiffres horribles nous rappellent la nécessité d’interventions comme l’Évras à l’école. En moyenne, un à deux enfants par classe est victime d’inceste. L’objectif des animations est notamment d’aider les enfants à repérer les comportements qui ne sont pas adéquats. Ne pas en parler, ce n'est pas protéger. Au contraire, c'est faciliter la vie aux prédateurs.
Plusieurs psychologues interrogé·es pour les besoins de ce dossier expliquent qu’il serait intéressant d’insister sur ce que nous enseigne la prise en charge des abus sexuels sur les enfants et les ados ou par des enfants et des ados. Ce sont souvent des jeunes qui méconnaissent les questions sexuelles ou d’intimité. Ou qui ne comprennent pas ce qui se passe dans leur corps. Ces jeunes cherchent souvent des réponses aux mauvais endroits : porno, internet ou auprès de copains-copines mal informé·es… De plus, souvent, les victimes ne comprennent pas tout de suite qu’une limite a été franchie et ne parlent pas.
Dans ces séances, toutes les bases de la culture du consentement y sont abordées. L’intimité du corps. Parvenir à trouver la bonne distance des jeunes entre eux. Au-delà de la question de la sexualité, on y aborde des choses très concrètes comme les limites physiques avec les autres membres de la famille, de la communauté, de l’entourage proche. À aucun moment, il ne sera avancé quoi que ce soit qui conduirait quel qu’enfant à adopter un comportement sexuel inadéquat (Voir la partie « la sexualité chez les enfants »).

VRAI

En effet, l’OMS promotionne un encadrement de la santé sexuelle qui inclut l’Évras. L’Organisation mondiale de la santé recommande même un programme plus approfondi, plus général, avec plus d’interventions et plus de contenus. C’est très important. La sexualité est approchée dans toutes ses dimensions, pas juste biologique. Elle est un élément central de l’être humain. Elle est impliquée dans le développement de l’identité de l’enfant, de ses besoins.
On le voit bien, quand un enfant est attaqué par ce biais, violenté, agressé ou dénigré, son monde s’écroule. Nos petit·es naissent avec un corps entier. L’ethnologue et sociologue Georges Balandier explique que la sexualité est un phénomène global qui engage la personne tout entière. Sens. Vue. Toucher. Culture. Société. Affectivité. Biologie. En un mot, l’approche est pluridisciplinaire.
Nos enfants vivent ensemble. Et comme nous, ils doivent intégrer peu à peu les codes sociaux. Ils doivent tout apprendre. Ce ne sont pas des êtres d’instincts. Tout cela prend du temps. Se répète. Met du temps à être intégré et passe par l’apprentissage lié de près ou de loin à la sexualité. « J’ai un chouette personnage sur mon pull. Je le montre. J’ai ce même super personnage sur mon slip, pourquoi ça pose problème si je le montre à toute la classe ? ». Ce sont des notions d’intimité. D’intégrité. Qui font de nous des êtres sociaux.
C’est cet aspect que l’OMS encourage à travers l’Évras. Apprendre ce qui n’est pas inné. Déconstruire les présupposés liés au genre. Une maman sort un jour rassurée d’une séance d’Évras organisée pour des parents et, dans un soupir de soulagement, lance : « Aaaaah, c’est ça, l’Évras. Je vais enfin pouvoir expliquer à mon mari que notre fils peut pleurer. Que ce n’est pas réservé qu’aux filles ».
Être mieux accompagné·e et apprendre à mieux s’exprimer, c’est tout ce dont il est question ici. En un mot, de contribuer au bien-être psychique et physique. Si la moyenne d’âge du premier rapport sexuel a peu bougé en quarante ans (elle tourne autour de 17 ans), il y a encore aujourd’hui, en 2023, des jeunes filles de 14 ans qui tombent enceintes, qui ne comprennent ni pourquoi, ni comment c’est arrivé. À qui s’adresser ? Comment l’éviter ? Sans même parler de l’état d’anxiété inquiétant de nos jeunes post-covid. Il y a toute une démarche de santé globale qu’il semble urgent d’activer.

FAUX

Rappelons une nouvelle fois que l’objectif des séances Évras est d’apporter l’information la plus juste possible. C’est important ? Oui. Parce qu’une fois que les jeunes auront une activité sexuelle choisie et consentie, cela peut contribuer à ce que celle-ci se déroule dans les meilleures conditions possibles. Ça, c’est pour les plus grand·es bien sûr. Rappelons qu’il s’agit d’une animation et pas d’un cours. Animation qui consiste à apporter des réponses aux questions que se posent les enfants. Il n’y a donc aucune incitation à quoi que ce soit. Ni à l’activité sexuelle, ni à quelconque pratique. La seule incitation qui soit, c’est l’hypersexualisation dans la pub, dans les films, dans les discours… L'Évras invite à mettre à distance ces influences, à les décoder. C’est un espace-temps qui permet d’être à l’écoute et de répondre de façon claire et concise. Les animateurs et animatrices répondent toujours aux interrogations dans le souci de ne pas aller trop loin et de donner des éléments qui correspondent bien aux tranches d’âges et aux sensibilités adaptées.
Nous le redisons de nouveau : l’importance de la bonne information est capitale. Par exemple, quand un enfant se pose la question du ventre rond et veut savoir comment ça se produit. Un parent répond, par exemple : « Papa et maman se sont donné un bisou ». Est-ce qu’on les laisse avec ce mythe qu’un gentil petit bisou peut générer une grossesse ? Pour quelles conséquences ?
Un enfant se pose légitimement plein de questions et a besoin d’informations justes et adaptées. L’outiller lui permet de mieux comprendre, d’être mieux avec les autres et soi-même. Un enfant posait la question : « Le bébé sort par où ? » à sa maman pour qui la sexualité est un sujet très tabou. Elle n’a pas su quoi lui répondre d’autre que « on le crache par la bouche ». Puis, l’enfant apprend en séance Évras avec des mots simples et des informations claires, le mécanisme de la naissance. Fier, il l’explique à sa maman, qui a remercié l’école parce que « Ça m’a aidée ». Comme un élément de réponse à un tabou, par des personnes qui connaissent les enfants et vont apporter des éléments de façon prudente et scientifique.
Plus tard, les ados posent des questions de valeurs plutôt que des questions techniques. Comment on met un préservatif ? Ils le savent, ils en ont parlé, vont chercher sur les réseaux sociaux. Dans ces séances, la véritable problématique porte plutôt sur « Est-ce que c’est bien comme ça qu’il faut faire ? ».

FAUX
Dans la grande campagne anti-Évras, tout est dit et son contraire. La preuve avec cette question qui est l’exact contraire de la précédente. Comme pour la question que l’on vient d’aborder, on insiste de nouveau sur l’importance du mot juste. Tous les acteurs et toutes les actrices concerné·es nous rappellent la nécessité d’utiliser le bon vocabulaire. Avec des variantes.
Si, pour certain·es, ce n’est pas grave de parler de « zizi » au lieu de « pénis », pour d’autres, il est primordial d’utiliser le mot juste. Ainsi, si l’enfant perçoit un malaise chez son interlocuteur, son interlocutrice, cela risque d’alimenter ses craintes. Utiliser le terme juste permet également de s'attaquer aux tabous. Chercher ses mots dans le cadre d’une discussion liée à la sexualité peut très vite devenir flottant et alimenter des angoisses. Les personnes qui animent ne le sont justement pas. L’utilisation des bons termes y est prépondérante. Peu importe la manière de s’y prendre. L’Évras s’adapte. En mixité ou non. On craint que les garçons se moquent des questions des filles ? On s’adapte.
L’ajustement du terrain est une des grandes forces de ces animations. Avec cette règle immuable de parler de tout, avec tout le monde et de permettre à chacun et chacune d’aborder les mêmes sujets. On ne parle pas des règles avec les garçons dans certaines communautés, c’est un grand tabou. Qu’à cela ne tienne, si la question est abordée dans un groupe non-mixte féminin, elle pourra l’être dans un groupe masculin également, avec le même respect.
Pour info, nous avons assisté à une animation composée d’un public extrêmement diversifié en Province de Liège. Il n’y avait qu’un seul garçon présent. Un peu gêné et railleur au départ, on l’a vu s’ouvrir au fur et à mesure, participer, échanger les points de vue. À la fin, il nous a confié : « J’ai eu accès à un truc de ouf que j’aurais jamais imaginé ». On a appris que, plus tard, ce jeune homme bien dans ses pompes est sorti d’une culture très masculino-viriliste dans laquelle il aurait pu s’enfermer. Il évolue désormais avec une vision certainement plus épanouissante pour lui, comme pour les personnes qu’il fréquente.

VRAI
De nouveau, ces séances Évras ne devancent pas les questions. Des discussions autour de l’intersexualité, soit des personnes nées avec des caractéristiques sexuelles qui ne correspondent pas aux définitions types des corps masculins ou féminins, peuvent avoir lieu. À condition qu’elles soient évoquées par les enfants eux-mêmes. De même que la dysphorie de genre, qu’on résume à hauteur d’enfant à un petit être qui se sent enfermé dans le mauvais genre. Pourquoi Jonathan s’affirme fille ? Pourquoi Luna s’affirme garçon ? Autant de réalités qui interrogent les enfants et dont ils ne parlent pas toujours avec les termes les plus justes.
Est-ce que c’est important ? Au moment où l’on fabrique ce dossier, un enfant transgenre de 14 ans vient de mettre fin à ses jours parce que harcelé pour sa différence. Cela démontre qu’il est urgent de mettre en place des espaces pour harmoniser les relations à l’école. Les affirmations erronées autour de l’Évras, comme celles autour de la transidentité et de l’homosexualité, sous-entendent que ces animations propagent une idéologie (ce fameux « wokisme », créature informe et fantasmée invoquée par les populistes pour expliquer tous les maux qui traversent le monde).
De nouveau, toutes les situations abordées en Évras sont issues de réalités. Nous recevons souvent au Ligueur des témoignages de parents qui nous demandent des pistes. Déplaçons notre vision et imaginons les multiples complexités qu’une telle réalité engendre dans de nombreuses constellations familiales ou dans beaucoup d’écoles. Donner les clés pour favoriser ce genre de vivre-ensemble n’a donc rien de militant. C’est une des missions que doit assurer l’école. C’est une des missions que tous les acteurs et actrices lié·es de près ou de loin à la parentalité doivent prendre en compte.

FAUX
Oui, oui, vous lisez bien. Les détracteurs et détractrices de l’Évras multiplient les faux témoignages de ce type. Avec cette même formule que l’on a évoquée plus haut : « […] Une de mes collègues/amies m'a relaté un incident lors d'une séance […] où la personne qui présentait a montré sa poitrine aux élèves, ce qui les a bien évidemment choqués ». Nous avons donc multiplié les tours d’horizon auprès des centres de planning. Et à chaque fois, nous avons insisté : « Est-ce qu’un tel dérapage a pu se produire ? ». La réponse reste la même à chaque fois : c’est impossible. L’occasion de rappeler qu’aucun enfant n’est sommé de participer aux discussions.
Comme nous allons le voir dans le point suivant, il arrive en effet que des élèves ressortent en lâchant un typique : « Je suis choqué·e ». Souvent parce que la famille était au courant et avait averti l’enfant de cette étrangeté à laquelle il allait assister. Dans ces cas-là, animateurs et animatrices adaptent leur approche : « Qu’est-ce qui vous fait peur ? ». En cas de vrai malaise, il existe tout un tas de personnes-ressources à l’école comme dans les PMS ou PSE qui peuvent intervenir. Quoi qu’il en soit, on est très loin des accusations d’atteintes aux bonnes mœurs, comme celles qui laissent entendre qu’un animateur ou une animatrice peut se dénuder devant une classe entière.

FAUX

Toutes les polémiques ont suscité beaucoup d’élans créatifs. Les illustrateurs et illustratrices s’en donnent à cœur joie, on pense notamment au dessin de Vlad qui met en scène un enfant face aux publicités de marques de glaces, de voitures, de boissons ou de vacances qui utilisent les codes du porno pour vendre leurs produits. Au milieu de ce paysage urbain, auquel nos enfants sont en effet confrontés quotidiennement, un argument récurrent des détracteurs : « Je pense que deux heures d’Évras par an en 6^e primaire et en 4^e secondaire poussent à l’hypersexualisation des enfants ».
Aborder la sexualité à l’école ? C’est d’abord une question de confiance qu’on place dans l’institution. En tant que parent, on adhère au projet pédagogique de l’école au moment où on y inscrit son enfant.
Ces peurs parentales sont entendables : on a le sentiment que la mission publique s’impose dans la sphère intime. N’oublions pas qu’avant de s’attaquer aux propos adaptés ou non, traumatisants ou pas de l’Évras, on tâche d’abord de répondre aux besoins de l’enfant. On lui permet d’être mieux avec les autres. D’apprendre la relation à l’autre. Les retours auxquels on a pu assister, même s’ils ne couvrent pas l’ensemble des séances Évras, suscitent souvent une sorte de soulagement. Pouvoir s’exprimer, à n’importe quel âge de la vie, ça enlève des craintes.
On ne comprend pas trop ce que certains anti-Évras défendent. En revanche, on sait que certains parents, eux, ont de réelles craintes. Non pas que leurs enfants soient dévergondés ou touchés dans leur innocence, mais que toutes ces discussions, ces infos touchent et entravent les relations familiales. C’est certainement le vrai fond du problème. Et pourquoi ne pas discuter avec son enfant après une séance ? Voir ce qui a été abordé ? Ce que l’enfant en ressort ? Exposer sa vision ? Une façon, d’abord, de ne pas mettre l’enfant entre deux feux. Entre l’école et sa propre famille. Ensuite, essayer de se dire que comme tout ce qui touche à l’éducation, l’Évras peut être une des clés pour mieux fonctionner ensemble, en famille. Et peut-être même, c’est une idée que l’on défend depuis toujours au Ligueur, accepter qu’on a beaucoup à apprendre de nos enfants, de nos ados.