Développement de l'enfant

Il pleure, comment l’apaiser ?

Les pleurs du bébé ont différentes causes

Votre bébé pleure. A-t-il forcément besoin de vous ? Devez-vous intervenir chaque fois qu’il pleure ? Pouvez-vous le laisser pleurer un peu ? Est-ce grave s’il pleure ? Est-ce bon ou pas de le laisser pleurer ? Autant de questions que les parents d’un tout-petit (se) posent. Aide au décryptage avec Micheline Cleeremans, sage-femme.

Certains bébés pleurent (très) peu, d’autres pleurent beaucoup (trop). Si vous avez l’impression que votre tout-petit pleure énormément, ne vous résignez pas illico : ce n’est peut-être pas une histoire de tempérament. Ses pleurs peuvent avoir des motifs réels, objectifs : il a trop chaud ou trop froid, il a un souci de santé et c’est douloureux… Des solutions existent alors. Bien sûr, certains pleurs sont plus faciles à comprendre que d’autres. De même, certains bébés sont plus « transparents » que d’autres. De toute façon, avec le temps, votre décodage s’affine. Vous devenez le spécialiste de votre bébé, ce qu’aucun professionnel ne sera jamais !

Les pleurs ont différentes causes

Les pleurs ont une fonction : pour votre tout-petit, ils sont une façon de signaler que quelque chose ne va pas (les expressions de son visage, son tonus musculaire, sa posture, ses mouvements en constituent une autre). Vous passez en revue les raisons possibles. Pleure-t-il parce qu’il est fatigué ? Il a besoin de se reposer, de dormir. S’il pleure dans son sommeil, il se trouve très probablement dans une phase de sommeil agité : c’est normal, ne le dérangez pas ! À savoir : certains bébés pleurent quelques minutes avant de s’endormir, ils n’ont alors pas forcément besoin d’une aide, ils apprennent à trouver leur sommeil seuls. Votre enfant pleure peut-être parce qu’il a faim, même si, depuis ses tout premiers jours de vie, il est capable d’attendre un petit peu plus avant de recevoir le sein ou le biberon. Quand a-t-il été nourri pour la dernière fois ? A-t-il mangé assez ? Indicateur précieux, sa courbe de croissance devrait vous rassurer… Réagit-il à un trop-plein de stimulations ? Il y en a parfois plus qu’on ne le pense : un écran (télé, ordinateur…) allumé en permanence en est une importante ! Il peut pleurer d’inconfort : lange trop « chargé », vêtements trop chauds ou trop légers… De solitude (certains bébés ont plus que d’autres besoin de présence) ou d’ennui – son environnement manque de choses à voir, à entendre, à sentir, à caresser. Autre cause éventuelle des pleurs : des soucis de santé. Là, bien sûr, le recours au médecin s’impose.
Certains pleurs demeurent mystérieux, vous avez du mal à les interpréter. Ils se prolongent du matin au soir et/ou du soir au matin. Les pleurs du soir sont particuliers : ils peuvent se manifester tout de suite après la naissance et restent parfois présents pendant des mois. Ils peuvent durer une demi-heure ou plusieurs heures. Le bébé hurle désespérément, rien ne le soulage. Il est saturé de stimulations. La fatigue et l’agacement des parents, à leur summum à ce moment de la journée, n’arrangent rien à l’affaire, au contraire. Cela tourne vite à la spirale infernale ! Il faut éviter toute nouvelle stimulation et viser le calme. Dans un endroit sombre et silencieux, aidez votre bébé à s’apaiser et à s’endormir en le déposant sur votre ventre ou en le promenant dans un porte-bébé. Comme l’agitation, le calme est contagieux !

Comme l’agitation, le calme est contagieux !

À chaque parent son ressenti

Encore quelques moyens d’apaisement pour votre bébé… et pour vous. À essayer pour voir lesquels lui conviennent le mieux. Belle bouffée d’air frais, au propre et au figuré : sortez faire une balade en landau, le roulis va le bercer. Promenez-le dans une écharpe à travers la maison ; cela libère vos mains et vous pouvez en profiter pour vaquer à d’autres occupations. Certains bébés ont un besoin de succion important, une tétine les aide à s’apaiser. Recourir à la tétine apaise aussi les parents inquiétés par les pleurs de leur petit ! Même si leur grande peur la concernant, c’est que s’ils la donnent un jour, c’est pour toujours ! Ce qui n’est bien sûr pas vrai… Certains bébés aiment être contenus : être emmaillotés les rassure (pas besoin d’un matériel sophistiqué, un linge muni de fermetures Velcro suffit). Pensez aussi à un bain-détente ou à un massage (vous en avez peut-être acquis les bases).
Qu’ils durent une heure ou six heures par jour, vous vous sentez peut-être débordés par les pleurs de votre bébé. À chaque parent son ressenti. Cela ne sert alors à rien de continuer à vous inquiéter, à vous angoisser, à vous énerver. Cherchez de l’aide. Parlez-en au pédiatre, lors de la consultation de l’ONE ou à une sage-femme.

Retrouvez nos articles consacrés aux bébés de 1 mois

VOTRE QUESTION

Donner ou non une tétine ?

Micheline Cleeremans, sage-femme

Faut-il ou non donner une tétine au bébé ? Cette question, on me la pose cinq fois par jour au moins !
Quand l’enfant a 1 mois, la question « pouce ou tétine ? » n’a pas de sens. À cet âge, il est rare que des bébés sucent leur pouce avec efficacité par besoin. S’ils le font, c’est un peu par hasard.
Donc, si un bébé de 1 mois cherche désespérément à téter, il est important de lui donner l’occasion de téter quelque chose. Deux, trois choses à savoir alors.

  • 1. Téter est un moyen d’apaisement naturel (ce n’est pas un médicament), légitime (c’est de son âge) et légal – je dis « légal » parce qu’un tas d’interdits touchent la tétine : contrairement à ce qu’on entend souvent, on peut donner une tétine à un bébé qui va au sein dès qu’une bonne technique de tétée est installée.
  • 2. Pendant les premières semaines, le bébé a souvent un très fort besoin d’apaisement. La tétine est un moyen d’apaisement impeccable. Après, d’autres moyens l’apaiseront.
  • 3. À partir de 6-8 semaines, si le bébé qui s’est endormi en tétant sa tétine réclame trop souvent ses parents afin qu’ils la lui remettent en bouche, ceux-ci peuvent faire des exercices pour qu’il se rendorme sans aide extérieure. Ils allongent les moments d’attente avant d’intervenir. Au bout de trois nuits, c’est en général gagné !
  • 4. Super important : que le bébé n’ait sa tétine que quand il en a vraiment besoin, en dernier recours. À ne pas employer comme bouchon systématique.
  • 5. À partir de 6 semaines, le bébé commence doucement à acquérir le rythme jour-nuit. Proposition : utiliser la tétine la nuit et la laisser dans le lit le jour. Encore une fois, histoire qu’elle ne devienne pas une habitude.

LES PARENTS EN PARLENT…

C’est trop injuste !
« Quelle injustice ! Alex hurle, il est inconsolable, je n’en peux plus. Son papa rentre du boulot, il le prend dans les bras et, deux secondes après, Alex se calme. La même scène se répète le lendemain avec la sage-femme : quand elle débarque à la maison, Alex pleure ; elle le tient une seconde, il s’apaise. Alors, c’est moi qui me mets à sangloter : je suis trop nulle, pourquoi est-ce que je ne réussis pas à consoler mon bébé ? La sage-femme m’explique : les personnes fraîches et neutres, comme le papa ou elle-même, calment mieux le bébé que la maman parce que le bébé ne les trouve pas aussi "excitantes". Moi, la maman, j’ai une odeur de maman, une odeur de lait… Donc, Alex reste en attente et en éveil avec moi. Par contre, le papa est plutôt un terrain neutre : du coup, Alex peut juste s’apaiser avec lui. Les explications de la sage-femme me réconfortent. Le papa pas "excitant"… tout cela finit même par me faire rire ! »
Marie, maman d’Alex

Pas sur la même longueur d’onde
« Le papa et moi, on n’est pas toujours sur la même longueur d’onde quand Lou pleure dans son petit lit et qu’elle est fatiguée. En fait, on n’est carrément pas d’accord ! Lui pousse plutôt à la laisser pleurer de temps en temps, quelques minutes. Par contre, moi, j’ai l’impression qu’elle souffre, qu’elle a besoin de moi et j’ai un mal fou à ne pas me précipiter dans la chambre. Je sais qu’intervenir, ce n’est pas l’aider à trouver le sommeil seule. Alors, je résiste comme je peux. Lou finit toujours par s’endormir toute seule, ce qui me rassure finalement. »
Any, maman de Lou

ET ENCORE

Le langage des bébés

Par ses comportements d’approche et de retrait, le bébé dit s’il est O.K. dans ce qu’il vit ou si, au contraire, il a besoin d’une pause. À lire sur le sujet : Bébé n’a pas que les pleurs pour s’exprimer, l’interview d’Ingrid Bayot, sage-femme et formatrice en périnatalité.

Votre tout-petit a plusieurs façons d'exprimer qu’il a besoin d’être apaisé, caressé, nourri, porté, stimulé, bercé

Développement de l'enfant

Bébé n’a pas que les pleurs pour s’exprimer