Vie pratique

Parler du post-partum avec sa maman n'est pas toujours évident

À l’occasion de la sortie du podcast Comment j’ai retrouvé ma mère, qui explore les rouages de la maternité dans notre société au fil d’un dialogue entre la réalisatrice, Juliette Mogenet, et sa mère, Hélène Jeandrain, le Ligueur a rencontré les deux femmes (lire : Mère et fille : un podcast retrouvailles). À l’issue de cette rencontre émouvante, nous leur avons demandé si elles conseilleraient à d’autres mères et filles de se parler de leur expérience de la maternité, et du post-partum en particulier. Voici un aperçu de l’échange que cette question a provoqué entre elles.

Hélène Jeandrain (mère) : « En tant que maman, je trouve que voir son enfant devenir parent et pouvoir partager cette expérience de la maternité est très enrichissant. J’ai dit un jour à Juliette et à sa sœur : tout l’éventail des émotions, des sentiments, des questionnements que vous vivez par rapport à votre enfant, je l’ai déjà vécu. Pas de la même manière et peut-être pas au même degré, en fonction des circonstances. Mais les sentiments sont de même nature. Qu’est-ce ce que tu en penses, toi ? 

« Il y a une espèce de mémoire sélective »

Juliette Mogenet : « Je pense qu’il y a quand même une espèce de mémoire sélective concernant les premiers temps de la maternité. Dès qu’on sort de cette période, on oublie à quel point elle a pu être intense et on minimise les difficultés qu’on a pu vivre. Je le sens déjà pour moi-même, alors que c’est encore très frais. Donc bien sûr, échanger est super précieux. Mais parler de parentalité entre générations n’est pas si facile. Il peut y avoir un décalage. C’est parfois compliqué d’avoir en face de soi quelqu’un qui te dit : ‘Oui, j’ai vécu ça aussi, mais ça allait…’. Tu as l’impression que c’est toi qui as un problème. Ça dépend évidemment d’une famille à l’autre, du rapport qu’on a avec ses parents. Mais je pense qu’il faut avoir conscience que les années enjolivent globalement cette période. Ce qui m’a aidé, c’est de comprendre d’où venait ce décalage et de remettre un peu les choses en contexte. 

C’est parfois compliqué d’avoir en face de soi quelqu’un qui te dit : ‘Oui, j’ai vécu ça aussi, mais ça allait…’. Tu as l’impression que c’est toi qui as un problème.
Juliette Mogenet

Réalisatrice du podcast « Comment j'ai retrouvé ma mère »

« Ce post-partum, on va l'appeler le passe-partout »

Hélène Jeandrain : « Oui, tu m’as déjà dit : ‘Eh dis, Maman, à certains moments t’étais aussi fatiguée !’. Et c’est vrai, je l’étais parfois. Mais quand je ne me sentais pas bien, que je n’avais pas le moral, que j’avais besoin de soutien, papa me disait : ‘Ce post-partum, on va l’appeler le passe-partout. Nos enfants sont en bonne santé, toi aussi, il n’y a aucune raison d’aller mal !’. Mes difficultés n’étaient pas vraiment reconnues… Et moi, je faisais avec, je me disais : O.K., traverse, passe-partout. Je n’avais pas vraiment la possibilité de me plaindre. »

Juliette Mogenet : « Tu sais, aujourd’hui, ça n’a pas beaucoup changé. D’un couple à l’autre, les choses peuvent être un peu différentes. Mais il y a quand même plein de problèmes qui sont peu questionnés. Notamment parce que quand ça nous arrive, on n’a pas l’énergie ni le temps d’y penser, on mord sur sa chique. Et parce que quand on en est sorties, on n’a plus envie d’en parler. 

Mes difficultés n’étaient pas vraiment reconnues… Et moi, je faisais avec, je me disais : O.K., traverse, passe-partout. Je n’avais pas vraiment la possibilité de me plaindre.
Hélène Jeandrain

Mère de Juliette Mogenet

« Je me sentais éparpillée »

Hélène Jeandrain : « Par rapport au post-partum, je ne me souviens pas de quelque chose de terriblement douloureux. Mais je me souviens m’être demandé si j’allais m’en sortir. Une de mes questions, c’était ‘est-ce que je vais avoir assez de temps pour chacun de mes enfants ?’ Ils étaient rapprochés. Je m’occupais beaucoup des plus petits, mais il y avait aussi les autres… J’avais l’impression d’être éparpillée. Ce n’est pas gai de ne pas se sentir en unité, sereine. Entre amies, on se parlait un peu. Et je pense que je n’en ai jamais vraiment parlé à ma maman.
C’est en discutant avec toi que j’ai pris conscience de tout ça. Quand ta sœur, qui vient d’avoir son deuxième enfant et de recommencer à travailler, me dit : ‘Il y a des jours où ça ne va pas, où je pleure’, je lui dis maintenant : ‘Appelle-moi, ne reste pas toute seule, parles-en à ton mari’. Il est d’ailleurs beaucoup plus compréhensif que pour le premier, grâce à ton travail de réflexion sur la maternité. Tu sèmes des graines, Juliette, et ça c’est merveilleux… 

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