Premiers jours, grandes découvertes

Vous voilà, vous et votre bébé, dans votre chambre à la maternité. Encore tout chamboulés par la naissance, vous le découvrez, votre enfant. Si tout se passe bien, votre séjour à la maternité durera deux ou trois jours. C’est court. Les mamans qui ont déjà préparé la suite disent vivre plus sereinement ce séjour-éclair.

Maman, papa, bébé… « J’avais besoin de mon homme pour qu’on trouve nos marques. Les premières heures, j’étais très fatiguée. Il a fait les soins au bébé… C’est bien : la maman allaite, le papa fait autre chose, il a sa place d’office », confie Coralie. Il y a les soins au bébé, les soins à la maman. Les gestes de la maman, les gestes du papa. L’équipe soignante (sages-femmes, gynéco, pédiatre, kiné, psychologue parfois…) veille à ce que vous, la maman, récupériez après l’accouchement et à ce que votre bébé se porte bien. Elle s’assure que l’allaitement – maternel ou au biberon – se déroule au mieux pour votre bébé et vous. Elle vous donne, à vous parents, les informations utiles pour un retour à la maison sécurisant. Bref, entre les soins, les repas, les moments câlins et tout le reste, pas le temps de s’ennuyer !
Une donnée ici, alors que vous êtes à la maternité ou peut-être déjà de retour à la maison : elle concerne la fameuse deuxième nuit, voire troisième nuit (en fonction du moment de l’accouchement…), laquelle peut se révéler très animée. Elle correspond à la congestion mammaire, inconfortable, et donne souvent à vivre avec un bébé très agité (alors que la première nuit, souvent, il était calme, se remettant de l’accouchement). Le savoir, ça rassure. N’hésitez pas à vous faire aider.

« Je n’ai pas quitté la maman et le bébé, sauf pour faire une course ou l’autre », affirme, tout fier, David. Le papa ne chôme pas (s’il le veut). Fonce-t-il ? Stresse-t-il à l’idée de mal faire ? Comment prend-il sa place ? En aidant la maman et en s’occupant du bébé (à sa façon), en se chargeant de l’aîné(e), en étant un allié de la maman si elle allaite… à chaque papa son vécu ! Donner le bain au bébé, le changer, le nourrir, décoder ses pleurs, gérer la fatigue… face à ces nouveaux « défis », former une équipe maman-papa, ça compte, dites-vous ! Sûr aussi qu’« au deuxième ou troisième enfant, tu acquiers une certaine expérience. Je ne vais pas dire que c’est la routine, mais tu te poses moins de questions », assure avec philosophie Nicolas.
Pendant la crise du covid, les maternités ont interdit ou limité fortement les visites. Un tel fonctionnement a favorisé le calme ambiant, ainsi que le repos des mamans et des bébés. Les équipes soignantes se sont rendu compte que, vu la brièveté du temps passé en maternité, ajouter au programme (déjà intense) des parents des visites ne leur était pas nécessairement profitable. C’est ainsi que la contrainte liée à la crise sanitaire s’est transformée en une nouvelle habitude mûrement réfléchie. Elle est aujourd’hui plus ou moins généralisée.

C’est important, témoigne Souad, d’être « bien entourée par les sages-femmes : je pouvais poser toutes les questions que je voulais sans me trouver bête ». En un temps record, les soignants vous donnent un maximum d’infos. Mais trop d’info tue l’info ! « Beaucoup de mamans disent qu’une information reçue à propos d’une question qui n’est pas la leur et qu’elles n’ont pas posée passe généralement à la trappe. Il ne faut pas trop s’en inquiéter : elles la chercheront quand elles en auront besoin. Et surtout, qu’elles ne se jugent pas mauvaises élèves parce qu’elles ne l’ont pas retenue ! », rassure Reine Vander Linden, psychologue en périnatalité.

À côté des informations qui permettent d’avoir des repères, il y a tous les conseils – parfois (souvent ?!) contradictoires – que vous recevez des soignants et de vos proches (la mamy, la belle-mère, la copine, la sœurette…). « Les conseils ne sont jamais neutres, insiste Reine Vander Linden. C’est soit un partage d’expériences – "Cela a servi pour moi, donc je veux te servir ma recette" –, soit une façon de dire à l’autre "Moi, je sais, toi, tu ne sais pas". Ils peuvent sous-entendre que vous faites mal les choses ou que vous ne les faites pas assez comme ceci ou comme cela. Les conseils ne sont pas des informations. Les informations sont précieuses. Par contre, il faut faire le tri parmi les conseils ! » Alors, invitation de la psychologue : « Mettez les conseils que vous recevez dans un panier à conseils et servez-vous de ceux dont vous avez besoin au moment où vous en avez besoin. » Votre intuition, votre bon sens, votre expérience aussi vous diront que faire. Car, n’oubliez pas : « Même si les gestes que vous prodiguez sont au début maladroits et que la sage-femme semble plus habile que vous, votre enfant a d’abord besoin de vos mains de maman et de papa. C’est vous qui le maternerez dès le retour à la maison. C’est vous qui devinerez le mieux ce qu’il attend de vous. »

« J’ai déjà trouvé une sage-femme pour après, s’enthousiasme Souad. On a eu un premier chouette contact avant l’accouchement, par mail. Elle s’est montrée très dispo. Ça m’a rassurée… » Comme cette maman en témoigne, pour que vous vous sentiez cool après, de retour à la maison, c’est bien de l’avoir préparé, cet après, et de savoir déjà sur qui (parmi les proches et parmi les professionnels) vous pourrez compter. « Ayez, dès à présent, sous la main, votre "trousse de sécurité", c’est précieux, dit en écho Reine Vander Linden. Vous savez à quelle sage-femme vous ferez appel en cas de difficultés, vous avez choisi le pédiatre qui va suivre votre bébé… » Dans ces conditions, ce n’est peut-être pas si mal de se retrouver dans ses meubles quelques jours seulement après l’accouchement !

Papa claustro
« J’ai passé trois nuits à l’hôpital. Il y a eu notre première nuit à trois à la maternité, le papa, le bébé et moi. La deuxième nuit, le papa est rentré à la maison pour la ranger. C’était mieux. Il est un peu claustro, il devenait fou dans cette minuscule chambre de maternité, il ne demandait pas mieux que de rentrer. Moi, je ne voulais pas le forcer à rester, je voulais juste qu’il soit bien… et qu’il soit en forme pour la suite ! »
Solange

Quel défilé !
« Le plus embêtant, cela a été la fin de mon séjour en maternité. Plein de personnes ont défilé dans ma chambre pour me donner des infos, je n’en pouvais plus… Le pédiatre, la sage-femme, le kiné, la dame de l’ONE… sans oublier le photographe ! Le gynéco n’était pas prévenu qu’on sortait, il devait arriver en urgence. Finalement, on ne l’a pas attendu et on est partis comme des voleurs ! Quel flux d’infos à digérer jusqu’à la sortie ! C’était trop ! J’oubliais des choses. On n’arrêtait pas de me dire : "Mais, madame, on vous l’a déjà dit…" J’étais soûlée par toutes ces infos… »
Coralie

Quel concentré d’émotions, de sensations, un accouchement ! Pour la maman, pour le papa. « Prenez le temps de le raconter entre vous, propose Reine Vander Linden. Chacun à partir de ce qu’il a vu, perçu, ressenti. Parce que ce n’est pas la même chose de le vivre comme acteur et comme accompagnant, comme femme et comme homme... » Ce débriefing bienvenu « permet d’éviter d’éventuels décalages par la suite – cela peut être le cas quand l’un a trouvé l’accouchement merveilleux et que l’autre l’a jugé traumatisant ». À faire ici, à la maternité, et maintenant, quand tout est vif, « parce qu’après, on ne le fait plus ».

• À la recherche d’une sage-femme à domicile ? Adressez-vous à votre maternité ou rendez-vous sur le site de l’Union professionnelle des sages-femmes belges.
• Édité par l’ONE (Office de la Naissance et de l’Enfance), le Carnet de santé 0-18 ans est un document officiel de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Il comprend des données élémentaires liées à la santé et à l’évolution de l’enfant, et sert de lien entre vous, les parents, et les professionnels qui assurent le suivi de son développement, de sa naissance à ses 18 ans. De plus, il contient les autocollants permettant l’accès gratuit aux vaccins recommandés en Fédération Wallonie-Bruxelles. Il est distribué dans les maternités et via les administrations subrégionales de l’ONE.