Société

[ Famille des campagnes ] Prendre soin de l’accès aux services

En milieu rural, la question de l’accessibilité aux services de base est sensible

En milieu rural, la question de l’accessibilité aux services de base est sensible. Les restructurations diverses (banques, hôpitaux, poste) tendent vers des centralisations qui réclament une certaine vigilance. Notamment en ce qui concerne les soins de santé.

Lorsqu’on travaille sur un dossier (comme celui sur la mobilité à la campagne dont fait partie cet article), on tente de récolter un maximum de témoignages de terrain. On avance ainsi de parents en expert·es pour centrer le propos, cerner les vrais enjeux. Chaque rencontre devient ainsi une opportunité d’aller chercher de nouveaux éléments pour alimenter la réflexion et la rédaction.
Début d’année, nous avons interrogé Alix Garin pour son roman graphique Impénétrable. Elle y parle d’un trouble sexuel qui a nécessité de nombreux rendez-vous médicaux. Urbaine, elle vient avec une réflexion, qui fait écho aux préoccupations rurales.
« Je n’avais pas de voiture, je ne pouvais compter sur personne à ce moment-là. J’étais contente de pouvoir faire cinq kilomètres de vélo pour aller à la clinique. Si j’avais dû faire quinze kilomètres de bus, peut-être que ça aurait pris d’autres proportions et j’aurais laissé tomber. Je ne serais pas allée deux fois par semaine chez le kiné. Tout ça, ce sont des éléments qui rentrent en ligne de compte. Ce sont des obstacles qui peuvent se dresser entre les personnes et leur qualité de vie. »

Des soins de santé restructurés

On retrouve Christine à Libramont. Maman et sage-femme, le soin, ça lui parle forcément. Elle évoque la restructuration hospitalière en province de Luxembourg. Un hôpital unique est prévu à Houdemont fort de cinq étages, 600 lits, 17 salles d’opération. Bref, du lourd. Avec un allègement des services rendus dans les autres de la province.
« En soit, cet hôpital peut avoir de bonnes retombées. Ce sera un grand centre, ça permettra d'utiliser peut-être plus de soins de pointe. Ce sera aussi peut-être plus attractif pour contrer la pénurie de médecins. Mais ça voudra dire aussi qu'il faudra l'infrastructure nécessaire pour que les personnes puissent s'y rendre. »
Par rapport à ces déplacements, un exemple. Prenons la commune de Gouvy, en province de Luxembourg. Elle est à 71 kilomètres de voiture d’Houdemont, soit 48 minutes. En transports en commun, comptez 2h25 de trajet et 4h pour une expédition à vélo. Conscient·es de la problématique, les concepteurs et conceptrices de cette refonte ont imaginé le concept de « proxi cliniques » qui renforcent le maillage. Celles-ci sont censées couvrir jusqu’à 70% des besoins médicaux qui ne nécessitent pas une hospitalisation. Elles seront implantées à Arlon, Bastogne, Libramont, Vielsalm, Virton. Cela permettrait à Gouvy d’avoir une ressource (Vielsalm) à 16 minutes en voiture et 9 minutes en train.

Une problématique de plus en plus évoquée

Malgré ces dispositifs de proximité, l’accès rapide aux soins de santé suscite craintes et questionnements. Anne-Marie De Moor de la Fondation rurale de Wallonie (FRW) confirme. « C’est une problématique qui était peu, voire jamais évoquée il y a quelques années, mais qui commence à être fréquemment citée par les habitants. Même au sein d’une petite commune, il est important de permettre à toute la population (enfants, jeunes, aînés, travailleurs, PMR, handicapés, précarisés…) d’avoir accès à une large panoplie de services, afin que le plus grand nombre trouve sa place dans les meilleures conditions possibles et que l’on conserve la mixité de la population ».
Dans les conseils dispensés par la FRW figure donc en bonne place le besoin de pérenniser l’ensemble des services de base, « et cela afin de les adapter encore mieux aux besoins locaux, voire les développer. Certaines communes sont confrontées à l’absence ou l’éloignement de certains services médicaux (pharmacie, services de secours, spécialistes). On trouve dès lors des projets de maisons médicales dans les programmes communaux de développement rural visant à pallier la raréfaction et la pénurie de certains praticiens dans les zones rurales ainsi qu’à améliorer l’accès aux soins de santé ».
Cet accès aux services, essentiel pour les familles, n’est pas toujours facile à mettre en place. Mais il s’impose en élément clé dans la réflexion autour de la mobilité et de l’environnement sécurisant à pérenniser pour les parents.

À lire, l'article du dossier : « Mobilité : crèches à roulettes »