Développement de l'enfant

Réhumaniser l’école

Réhumaniser l'école

Depuis le covid, les pédopsychiatres ont remarqué que la symptomatologie du mal-être adolescent s’était déplacée. Si, avant, les ados se scarifiaient à la maison, maintenant, cela se manifeste de plus en plus à l’école. Tentative de compréhension du phénomène avec Sophie Maes.

Selon Sophie Maes, pédopsychiatre et chef d’Unité pour adolescents du centre hospitalier le Domaine-ULB, l’école manque d’humanité, de lien.« Le côté stressant, stigmatisant, disqualifiant de l’école ne leur est plus tolérable. Cela l’était peu auparavant, cela ne l’est plus du tout ». Et à celles et ceux qui osent brandir la résilience comme solution miracle ou motif pour ne rien changer, Sophie Maes répond avec agacement : « Les ados sont moins équipés pour subir les facteurs de stress. Comme tout le monde, ils ont une capacité à récupérer un équilibre psychique satisfaisant. Mais pour autant que le trauma s’arrête ! C’est un principe essentiel. Boris Cyrulnik insistait sur d’autres aspects nécessaire à la résilience : le besoin de se reconstruire dans le lien à l’autre et la nécessité d’avoir le temps de se reconstruire. Or, aucune condition de résilience n’a été mise en place pour permettre aux jeunes de reprendre l’école dans de bonnes conditions ».

« Aucune condition de résilience n’a été mise en place pour permettre aux jeunes de reprendre l’école dans de bonnes conditions »
Sophie Maes

pédopsychiatre et chef d’Unité pour adolescents du Centre hospitalier le Domaine-ULB

Raison pour laquelle Sophie Maes plaide en faveur d’une refonte de l’esprit de l’enseignement.

  • Adopter une approche plus bienveillante. « En commençant par mieux former les professeur·es aux relations humaines et en psychologie. Il s’agit de pouvoir apprendre dans un climat chaleureux pour ne pas perdre confiance en soi face à une matière qu’on ne maîtrise pas. Malheureusement, les profs sont soumis·es à un tel stress qu’ils/elles se déshumanisent, se robotisent. À force d’être obligé de faire dans la rentabilité (augmentation du temps de travail, de la rapidité, du nombre d’enfants pas classe), on perd en qualité humaine. Les profs n’ont plus le temps de s’intéresser à leurs élèves ».
  • Soutenir le vivre ensemble. « Les outils de prévention existent et sont efficaces. Il faut soutenir le vivre ensemble, le collectif, le partage d’expériences communes. Pouvoir penser ensemble, réfléchir, s’ouvrir à l’altérité. Apprendre une pensée qui se nuance est un enjeu sociétal. Cela permet de sortir du dogmatisme, du radicalisme. C’est soutenir une pensée compatible avec la démocratie. C’est sortir d’une société individualiste. C’est soutenir la règle collective qui garantit une liberté identique à chacun. Cela signifie sacrifier une partie de sa liberté individuelle pour le bien de la communauté. Cet apprentissage ne peut pas se faire en famille. Ce n’est pas en famille qu’on apprend une culture différente ou une manière de penser distincte. C’est à l’école que devraient être enseigné Les Lumières, mais ce sont des valeurs qui se perdent. Car pour les intégrer, cela nécessite une expérience de vie qui vient les soutenir »
  • Permettre la pensée collective. « Pour le moment, tout est individualisé, il n’y a pas de dynamique collective à l’école. Ce ne sont que des individus mis ensemble. Mais la pensée collective de l’enseignement vertical (ndlr : des élèves d’âge différents dans une même classe) a fait ses preuves dans les pays nordiques. Il développe énormément de compétences dans les habilités sociales, la confiance en soi, la capacité d’expression… ».
  • Créer des outils innovants pour l’éducation. « Au lieu de se concentrer uniquement sur l’enseignement obligatoire, il faut créer des outils qui encouragent l’engagement des élèves. Organiser plus de sorties scolaires pour renforcer les liens sociaux. Pourquoi pas en collaboration avec des mouvements citoyens, comme la plateforme citoyenne ? Leur permettre de s’impliquer. C’est source d’espoir. Cela devrait leur permettre de sortir d’un sentiment d’isolement et d’impuissance. Leur permettre de participer à une société où ils peuvent se retrouver ». 

LE POINT DE DÉPART

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Suite à l’isolement « sans consentement » des mesures sanitaires, la reprise de l’école en mode militaire et la perspective d’un avenir morose, de nombreux jeunes perdent le goût de vivre. Comment les soutenir et leur rendre le sourire ?

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